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«Le Comité d'Al-Qods œuvre à préserver le statut juridique de la ville sainte et son identité authentique»

La 20e session du Comité Al-Qods se tiendra les 17 et 18 janvier à Marrakech, sous la présidence effective de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Dans un entretien accordé au «Matin», le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Salaheddine Mezouar, estime que cette réunion de la plus haute importance intervient dans une conjoncture internationale délicate, qui demande plus de cohésion, de solidarité et de partenariat. Le responsable gouvernemental fait le point sur les actions du Comité d’Al-Qods et de l’Agence Bayt Mal Al-Qods. Il rappelle le rôle important et majeur dans la défense de la Ville sainte et dans le soutien à la résistance de sa population que joue le Maroc, sous la conduite de S.M. le Roi Mohammed VI.

«Le Comité d'Al-Qods œuvre à préserver le statut juridique de la ville sainte et son identité authentique»
Salaheddine Mezouar, ministre des Affaires étrangères et de la coopération

Le Matin : Quelles sont vos attentes de la 20e session du Comité Al-Qods, qui se tiendra les 17 et 18 janvier, sous la présidence effective de Sa Majesté le Roi Mohammed VI ?
Salaheddine Mezouar : La tenue de la 20e session du Comité Al-Qods, sous la Présidence effective de Sa Majesté le Roi, intervient dans une conjoncture internationale délicate, qui nécessite plus de cohésion, de solidarité et de partenariat afin de relever les défis majeurs et sans précédent auxquels est confrontée la Ville sainte d'Al-Qods, à divers niveaux. Cette session devra nous inciter à agir avec une ferme détermination, pour que les Maqdissis soient rétablis dans leurs droits, tant que nous demeurons convaincus de la justesse de la cause d’Al-Qods Acharif, attachés à la nécessité d’appliquer les résolutions de la légalité internationale et déterminés à convaincre la communauté internationale qu’il ne peut y avoir de paix qu’après le recouvrement par les Palestiniens de leurs droits nationaux légitimes.
Elle sera l’occasion de réitérer, ainsi, le soutien à la préservation des droits palestiniens, mais, également, de souligner l’importance du combat et de l’action sur le terrain, dans la Ville sainte d'Al-Qods, par la création des synergies et l’examen des moyens de mobiliser des ressources pour la mise en place de projets, à travers Bayt Mal Al-Qods, et pour la lutte contre toutes les formes d’altération et de dénaturation du caractère et du cachet authentiques de la Ville sainte. La tenue de cette session constitue, également, un message fort à la communauté internationale pour l'inciter à assumer ses responsabilités, en vue d'amener Israël à mettre un terme à ses activités de colonisation illégale, à cesser de poursuivre ses actes provocateurs et à interagir, positivement, avec la nouvelle dynamique des négociations en cours.

Quelle évaluation faites-vous des actions du Comité Al-Qods ?
Le Comité d'Al-Qods n’a cessé, sous l’égide de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, d'exhorter la communauté internationale à prendre toutes ses responsabilités afin de préserver le statut juridique de la ville d’Al-Qods et son identité historique séculaire, en tant que terre de coexistence entre les religions célestes et leurs civilisations. Il s'agit, en effet, de défendre son identité civilisationnelle et ses symboles religieux sacrés, contre les actes d'agression qui les menacent. Dans toutes les instances et rencontres régionales et internationales, Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Président du Comité Al-Qods, s’est engagé, à tous les niveaux, à mettre un terme définitif à l'occupation et à œuvrer en faveur d'un règlement pacifique, juste, durable et global du conflit arabo-israélien ; règlement qui passe par l'instauration d'un État palestinien indépendant, avec pour capitale Al-Qods Acharif, dans le cadre des résolutions de la légalité internationale.
Les efforts soutenus déployés, au niveau international, par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, ont, toujours, été salués par toutes les Conférences au Sommet arabes et islamiques, ainsi que par les premiers concernés, en l’occurrence le peuple palestinien, ses dirigeants et leurs instances officielles et populaires. Ainsi, la présidence palestinienne a réaffirmé, à maintes reprises, le rôle important et majeur dans la défense de la Ville sainte et dans le soutien à la résistance de sa population que joue le Royaume du Maroc, sous la conduite de S.M. le Roi Mohammed VI.
Parallèlement, le Comité Al-Qods a opté pour une approche pragmatique en vertu de laquelle l'Agence Baït Mal Al-Qods se charge, sous la supervision de Sa Majesté le Roi, de la mise en œuvre de projets concrets en matière de logement, de santé, d'enseignement et d'autres prestations sociales en faveur de nos frères, les habitants d'Al-Qods. L’Agence Bayt Mal Al-Qods, instrument opérationnel du Comité Al-Qods, a réussi, durant les dernières années, à réaliser les objectifs principaux de son plan stratégique pour la période 2007-2012, en focalisant les efforts, suivant les directives de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Président du Comité Al-Qods, sur des projets et des programmes ayant un impact direct et concret sur la vie des Maqdissis dans les domaines sociaux prioritaires. Elle a ainsi réalisé d'importantes actions, portant sur 127 projets en rapport avec les secteurs de l'enseignement, de la santé, de l'habitat, des affaires de la femme et de l'enfance, de la jeunesse et des sports, ainsi que d'autres programmes sociaux et d'assistance.

L'engagement du Maroc en faveur de la cause palestinienne ne se limite pas à l'action politique et diplomatique comme vous l’avez souligné. L’Agence Bayt Mal Al-Qods a réussi, durant les dernières années, à réaliser les objectifs principaux de son plan stratégique. Comment expliquez-vous la faible mobilisation des États en matière de ressources financières ?
Le Maroc a toujours agi sur le terrain à travers l’Agence Bayt Mal Al-Qods, qui ne cesse de mobiliser les ressources nécessaires et de réaliser des programmes au profit des Maqdissis, en guise de soutien à la résistance légitime aux manœuvres israéliennes visant le contrôle de la ville d’Al-Qods et la modification de son identité spirituelle et civilisationnelle. Bayt Mal Al-Qods mène un travail de proximité, sans précédent, au profit des habitants de la Ville sainte, répondant ainsi à leurs besoins les plus élémentaires, et ce dans plusieurs domaines sociaux prioritaires, notamment la santé, l’éducation, l’amélioration des conditions de la vie des jeunes et des femmes, la préservation du caractère arabo-musulman de la Ville sainte et la conservation de son patrimoine culturel.
Malgré les difficultés sur le terrain et le manque de ressources financières adéquates, Bayt Mal Al-Qods poursuit la réalisation de projets d'infrastructures dans tous les domaines touchant la vie quotidienne des Palestiniens de la Ville sainte. Dans son dernier rapport, présenté au 12e Sommet de l'Organisation de la coopération islamique (OCI), l'Agence Bayt Mal Al-Qods, avait fait état de la réalisation de projets d'une valeur de 28,94 millions de dollars entre 2008 et 2012 dans la Ville sainte, sachant que le Maroc est toujours le principal actionnaire, avec une participation à hauteur de 80% au budget de l’Agence. Ces investissements ont concerné aussi bien l'habitat et la restauration de monuments et bâtisses que l'achat de biens immobiliers, la santé, les œuvres sociales et les activités sportives et culturelles. Justement, la 20e session sera l’occasion de faire le bilan des réalisations dans le cadre du dernier plan stratégique de l’Agence et lancer le plan 2014-2018 et d’inviter les États membres à mobiliser davantage de ressources pour permettre à cette institution de poursuivre la mise en œuvre des projets vitaux pour la protection de la ville d’Al-Qods.

La cause palestinienne est la deuxième pour le Maroc après la cause nationale. Quels sont les efforts ayant été déployés en faveur de ce dossier par le Royaume lors de son mandat en tant que membre non permanent au Conseil de sécurité ?
Le Royaume ne cesse d’entreprendre des démarches auprès des États et des parties concernées par la cause palestinienne, ainsi qu’auprès des pays membres permanents du Conseil de sécurité, et de l’Union européenne, en vue de rappeler l’importance particulière d’Al-Qods pour l’ensemble du monde musulman et chrétien, et la nécessité de préserver le statut de la Ville sainte tel qu’il est universellement reconnu, sachant que la résolution de la question d’Al-Qods aura un impact positif sur la paix et la sécurité régionale et internationale.
Les initiatives diplomatiques du Souverain pour attirer l'attention de la communauté internationale sur la légitimité de la cause palestinienne et la situation dramatique de la Ville sainte et tirer la sonnette d'alarme, chaque fois que les circonstances l'exigent, ne se sont pas limitées aux multiples messages adressés aux dirigeants des pays membres du Conseil de sécurité, mais ont porté également sur des actions auprès du secrétaire général des Nations unies, des hauts responsables des Organisations régionales et internationales et ont fait l’objet des contacts réguliers et personnels avec les Chefs d'État et les parties concernées.
Sa Majesté le Roi, Président du Comité Al-Qods, n’a pas manqué de lancer des mises en garde contre les répercussions de la poursuite par Israël de ses plans de judaïsation de la Ville sainte sur le processus de paix, en appelant à la mise en place de stratégies globales, cohérentes et intégrées dans un cadre de complémentarité entre le monde arabe et islamique. L'appel pressant lancé par Sa Majesté le Roi aux membres permanents du Conseil de sécurité, pour faire pression sur Israël afin de l'amener à cesser toute pratique qui va à l'encontre des résolutions et chartes internationales, n'est qu'une illustration, parmi d'autres, des mises en garde du Souverain contre les plans d'expansion de la colonisation en tant que facteur supplémentaire de tension dans les territoires palestiniens occupés et de menace aux chances de paix dans la région. Durant son mandat au Conseil de sécurité, le Maroc a fait siennes les aspirations du peuple palestinien au sein de l’Organe exécutif de l’ONU. Il a pris ses engagements aux côtés des membres du Conseil en faveur de la paix dans la région du Moyen-Orient, une cause pour laquelle il s'est toujours mobilisé en défendant les vertus du dialogue, de la négociation et de la coexistence. En plus de la défense de notre première cause nationale, la question palestinienne et les dossiers africains ont figuré parmi les priorités du Maroc, depuis son entrée au Conseil de sécurité, et ce conformément aux Hautes Instructions royales.

Quel regard portez-vous sur les derniers développements de la question palestinienne et du processus de négociation, ainsi que sur la situation sur le terrain ?
Le Maroc ne cesse de réitérer son engagement pour l’aboutissement du processus de paix et son soutien aux efforts de la communauté internationale en la matière, et ce dans le respect de la légalité internationale et de la feuille de route et de l'initiative arabe de paix, en tant que choix réaliste reflétant la volonté arabe commune, afin de parvenir à un règlement global et équitable qui garantit au peuple palestinien le droit d'édifier son État indépendant et viable avec Al-Qods Acharif pour capitale.
Lors de toutes les réunions internationales, le Royaume du Maroc réitère sa position constante et réaffirme son soutien au peuple palestinien dans ses efforts pour amener Israël à mettre un terme à la judaïsation d'Al-Qods, rappelant dans ce sens les attentes des peuples du monde arabe et islamique pour faire d'Al-Qods la capitale de l'État de Palestine.
Nous veillons à coordonner notre action avec les autres pays frères dans les différents forums et rencontres internationaux. Ainsi, la réunion extraordinaire du Conseil de la Ligue arabe au niveau des ministres des Affaires étrangères, qui s’est tenue au Caire fin décembre dernier, a été l’occasion d’exprimer le soutien indéfectible du Maroc à la cause palestinienne, tout en soulignant notre préoccupation quant à la question d’Al-Qods ainsi qu’au processus de judaïsation de la Ville sainte.
Nous avons, également, réitéré le soutien du Maroc au Président palestinien dans la conduite des négociations en cours avec Israël, notamment, en ce qui concerne les questions des frontières et le retour des réfugiés, tout en rappelant les constantes relatives aux négociations entre palestiniens et israéliens, notamment, les questions des frontières de 1967, des réfugiés, la mise en place d’un État palestinien indépendant, avec Al-Qods Est comme capitale et l’établissement de sa souveraineté sur son territoire.
En dépit des efforts internationaux pour relancer le processus de paix, et nonobstant la flexibilité de la partie palestinienne et sa réceptivité par rapport aux différentes initiatives, cette mobilisation se heurte toujours à la politique de colonisation, de judaïsation et de confiscation des terres et des biens. Cette réalité fait obstacle au succès des négociations reprises entre les parties palestinienne et israélienne sous l'égide des États-Unis. Dans ce cadre, le Maroc salue les efforts louables, qui sont déployés par l'administration américaine, et qui ont permis la reprise des négociations, tout en fixant une date-butoir pour atteindre des résultats tangibles propres à ranimer l'espoir de concrétisation d'une paix juste et globale, garantissant les droits légitimes du peuple palestinien.

Dans ce cadre, comment évaluez-vous la position de la communauté internationale vis-à-vis de la cause palestinienne ?
La Communauté internationale est, dans sa globalité, solidaire avec les Palestiniens et œuvre à la recherche d’une solution leur permettant de recouvrir leurs droits inaliénables et parachever, ainsi, leur indépendance. Le 31 octobre 2011, la Communauté internationale s’est prononcée en faveur de l'entrée de la Palestine à l'Unesco, en devenant ainsi le 195e membre. Cette reconnaissance du droit légitime du peuple palestinien à défendre son héritage, sa culture, son éducation et sa place dans le monde scientifique a constitué une nouvelle avancée vers sa reconnaissance en tant qu'État, un statut revendiqué auprès de l'ONU.
La Communauté internationale a été appelée, soixante-cinq ans après la résolution 181, qui a prévu l'établissement de deux États, et quarante-cinq ans après la résolution 242 appelant au retrait israélien des territoires occupés en 1967, à décider par un vote historique, le 29 novembre 2012, à l'Assemblée générale des Nations unies, d’accorder à la Palestine le statut d'État observateur. Je pense que la Communauté internationale est, désormais, consciente de la nécessité et de l’urgence d’instaurer une paix juste et globale afin que les Palestiniens puissent avoir leur propre État indépendant et souverain, dans les frontières d’avant 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale. D’ailleurs, l’Assemblée générale des Nations unies a décidé, le 26 novembre 2013, par une écrasante majorité, de proclamer 2014 «Année internationale de la solidarité avec le peuple palestinien», en exhortant les parties à prendre toutes les mesures possibles pour créer les conditions favorables au succès des négociations, qui ont repris le 29 juillet 2013 et à impulser l’élan nécessaire et à consolider la volonté politique de faire de la paix entre la Palestine et Israël une réalité.

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