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«Les pays arabes doivent désormais accorder la priorité à la coopération économique»

Selon Salaheddine Mezouar, ministre des Affaires étrangères et de la coopération, la prééminence des questions politiques aux dépens du volet économique n’a pas servi le projet de l’intégration arabe. Le chef de la diplomatie marocaine, qui participe au Koweït au sommet de la Ligue arabe, souligne qu’il est temps de changer de cap.

«Les pays arabes doivent désormais accorder  la priorité à la coopération économique»
Salaheddine Mezouar.

Le Matin : Quelles sont les résolutions adoptées lors de la réunion préparatoire du sommet arabe, tenue par les ministres des Affaires étrangères ?
Salaheddine Mezouar : La réunion du conseil des ministres des Affaires étrangères arabes a été consacrée à plusieurs projets de résolution qui seront soumis au Sommet. Ces projets sont liés aux priorités de la conjoncture actuelle. Le premier projet est relatif aux négociations entre Palestiniens et Israéliens sous l’égide des États-Unis. Dans le cadre de ce projet, l’objectif de la mise en place d’un État palestinien indépendant sur la base des frontières de 1967, avec Al-Quods-Est comme capitale, a été clairement mis en avant. À travers cette résolution, nous exprimons notre refus des tentatives de judaïsation de la ville d’Al-Qods et réitérons notre soutien ferme au Président palestinien Mahmoud Abbas. S’agissant de la Syrie, l’accent a été mis sur l’importance de mettre fin au calvaire que vit le peuple de ce pays, tout en réitérant notre attachement à la solution politique sur la base des résolutions de Genève I. La réforme de la Ligue arabe a aussi été évoquée, et je pense qu’il y a aujourd’hui une prise de conscience collective que les turbulences que traverse le monde arabe actuellement imposent à l’organisation panarabe de se hisser à un niveau qui lui permettrait d’avoir les mécanismes susceptibles d’accompagner ces changements. Et le Maroc, qui présidera la 141e session de la Ligue arabe, œuvrera dans le sens du développement des mécanismes de cette organisation. Par ailleurs, le volet des droits de l’Homme fait désormais partie de l’ordre du jour de l’action arabe commune. À ce niveau, il y a un projet d’une cour arabe des droits de l’Homme, et le projet sera soumis au sommet pour un accord de principe et aussi pour poursuivre l’étude de ce projet et de ses structures. S’agissant de la lutte contre la violence et le terrorisme, nous avons mis l’accent sur le refus de la violence et du terrorisme sous toutes leurs formes en appelant au développement d’un mécanisme commun pour lutter contre le fléau. Ce qui conforte les recommandations de la dernière réunion des ministres de l’Intérieur arabes tenue à Marrakech. Dans ce sens, une proposition libanaise a été adoptée pour soutenir l’armée de ce pays et le développement de ses capacités à protéger la stabilité et l’unité du Liban. Il a été convenu également d’accorder au Maroc l’organisation du Forum arabe commun relatif aux énergies renouvelables en 2015.

Jusque-là, la dimension politique dominait les travaux des sommets arabes. Mais on constate que cette donne change au profit des aspects économiques. Quel rôle peut jouer le Maroc dans ce changement de cap ?
Le Maroc a toujours souligné que la prééminence des questions politiques n’était pas une chose logique. D’autant que la réalité impose d’œuvrer dans le sens du renforcement des capacités des institutions régionales à s’intégrer sur le plan économique. Je crois que le Maroc, qui a fait ses preuves et possède un modèle en matière de renforcement de l’intégration économique, peut mettre son expérience au service des pays arabes. Et en tant que président de la 141e édition de la réunion de la Ligue arabe, le Maroc mettra l’accent sur la nécessité d’agir de manière commune et concertée pour renforcer l’intégration économique. Le changement du paradigme de pensée n’est pas chose aisée. Or c’est de cela qu’il s’agit. Les pays arabes doivent revoir leur manière de penser et d’approcher leurs problèmes.

Ne pensez-vous pas que cette mission sera extrêmement difficile ?
Je pense que ce qui est positif c’est la capacité des pays arabes à contenir leurs différends dans le cadre des institutions et de la Ligue arabe.
On trouve constamment des consensus qui nous permettent d’agir sur le terrain. C’est des consensus purement politiques qui nous évitent d’aggraver la situation en ce qui concerne certaines affaires sensibles. Mais je pense que le volet relatif au développement économique, à l’intégration économique, aux investissements, au développement humain et aux droits de l’Homme reste le meilleur modèle pour les sociétés arabes afin de gérer leurs différends dans un cadre démocratique. C’est ce genre de questions qui se pose aujourd’hui aux pays arabes et qui déterminera l’avenir des relations interarabes.

La Ligue arabe est restée otage des problèmes politiques. Ne devrait-on pas s'inspirer des expériences réussies sur le plan international et qui ont permis de séparer le politique de tout ce qui est économique et social ?
Le meilleur exemple reste l’Union européenne qui a pu mettre de côté tous les différends politiques. Cet exemple doit être pris en considération si on veut développer les mécanismes d’une action arabe efficace.
Le véritable problème des pays arabe aujourd’hui reste la prédominance de tout ce qui est politique.

Que pouvez-vous nous dire sur l’organisation du sommet arabe au Maroc en 2016 ?
Effectivement, notre pays va accueillir le sommet arabe le 27 mars 2016 et, comme vous savez, les sommets sont organisés dans les pays arabes par ordre alphabétique.
L’Égypte accueillera la prochaine édition, car le Liban a choisi d’abandonner son tour et par conséquent le Maroc accueillera l’édition suivante.
Le Royaume profitera de sa présidence de la 141e édition des travaux de la Ligue arabe pour mettre en avant les valeurs et les fondements qui sous-tendent ses relations avec les pays arabes. 

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