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Pourquoi le Made in Morocco peine encore à percer à l’international ?

Malgré leur progression, les exportations marocaines demeurent peu compétitives et souffrent d’une certaine concentration. En 2012, 2,9% des produits à destination de 11,4% des marchés (20 pays) ont concentré 80% des exportations totales du Maroc.

Pourquoi le Made in Morocco peine encore  à percer à l’international ?
Le nombre de produits exportés a enregistré un taux d’accroissement global de 21% entre 1998 et 2012, passant de 2.429 produits à 2.948 produits.

Le Made in Morocco peine encore à percer sur de nouveaux marchés. Telle est l’une des principales conclusions de la dernière étude de la Direction des études et prévisions financières (DEPF), intitulée «Dynamique des exportations marocaines : marges intensives et extensives». Si le Maroc a entamé depuis plusieurs années une offensive sans précédent pour vendre ses produits à l’international, grâce notamment à Maroc Export, il n’en demeure pas moins qu’aujourd’hui les résultats d’une telle démarche restent contestables. «La comparaison à d'autres pays révèle qu’au Maroc, le marché des exportations demeure particulièrement difficile à pénétrer pour les nouveaux venus puisque seuls 44% des flux d’exportation persistent un an après leur première apparition, contre 60% pour la Turquie et la Roumanie et 59% pour le Mexique», note la DEPF dans son étude qui propose une analyse microéconomique de l’évolution et des déterminants des exportations marocaines au cours de la période 1998-2012.

Ainsi, le taux de survie des flux d’exportation vers de nouveaux marchés demeure relativement faible. La DEPF ne revient pas sur les raisons d’une telle situation, à imputer notamment à la faible compétitivité de la marque Maroc. De même, selon l’étude de la DEPF, en plus des produits et des marchés, le marché d’exportation marocain se caractérise par une concentration des entreprises exportatrices. Ceci est reflété par la part très faible des nouvelles entreprises dans les exportations totales (0,02%). «Cette part est jugée faible eu égard au niveau de croissance du pays», déclare la DEPF. D’ailleurs, pour l’année 2015, les exportateurs sont restés sur leur faim en feuilletant la note de cadrage pour la préparation de la loi de Finances 2015. Le Chef du gouvernement, restant vague sur les mesures à prendre pour promouvoir l’offre marocaine et pour percer de nouveaux marchés. Pas de mention non plus de la diversification des marchés, notamment ceux du BRIC, mais plutôt une consolidation, prônée par M. Benkirane, des relations avec les partenaires traditionnels et une ouverture sur les pays arabes, l’Afrique et les États-Unis.

Quoi qu’il en soit, la DEPF ne voit pas le verre à moitié vide. «Le nombre de produits exportés a enregistré un taux d’accroissement global de 21% entre ces deux dates, passant de 2.429 produits à 2.948 produits. De même, le nombre de marchés d’exportation a augmenté de 24% en passant de 141 à 175 marchés entre les deux dates», déclarent les analystes de la DEPF. De même, le nombre de transactions (flux produit-marché) s’est consolidé de près de 58% passant de 11.339 transactions en 1998 à 17.872 transactions en 2012, avec une valeur moyenne par opération passant de 6,1 millions de dirhams en 1998 à 10,3 millions de dirhams en 2012. La valeur moyenne par produit exporté est passée, elle, de 28 millions de dirhams en 1998 à près de 63 millions en 2012. Sur la même période, la valeur moyenne par marché desservi est passée d’environ 487 millions à près de 1,1 milliard de dirhams. Des chiffres qu’il faudra, toutefois, prendre avec des pincettes. «Les chiffres précédents sont, néanmoins, à nuancer par la forte concentration des produits et des marchés d’export marocains. Notons, par exemple, que 80% de la valeur des exportations globales en 1998 relève de seulement 3,5% des produits exportés et de 6,4% des marchés desservis (9 pays). En 2012, cette même proportion est réalisée moyennant l’exportation de 2,9% des produits à destination de 11,4% des marchés (20 pays)», précise l’étude. Ce qui témoigne d’un certain recul en termes de diversification des produits entre les deux dates contre une amélioration de la diversification des marchés.


Entretien avec l’économiste Najib Akesbi «Nous avons trop peu de produits pour trop de marchés»

Le Matin : La DEPF vient de publier une étude sur l’évolution des exportations marocaines. Ces dernières ont évolué d’une manière positive ces 14 dernières années, mais demeurent confrontées à plusieurs obstacles…
Najib Akesbi : Tout d’abord, il faut prendre en compte les composantes et l’évolution de la balance commerciale. Il ne faut pas analyser l’évolution des exportations sans parler de celle des importations. Sur ce volet, le Maroc souffre de problèmes structurels et de fond depuis longtemps. Le déficit de la balance commerciale représente 22 à 23% du PIB du pays. Et le déficit de cette balance ne date pas d’aujourd’hui, mais de 1974, lors du choc pétrolier. Le taux de couverture, lui, est au-dessous de 50%. Si les exportations évoluent positivement, c’est tant mieux, mais il ne faut pas oublier que cette évolution ne va pas de pair avec celle des importations qui a pris de l'ampleur, explosant le déficit de la balance commerciale.

Pourquoi sommes-nous arrivés à ce constat ?
La réponse coule de source. Le choix des politiques économiques nous pousse à importer excessivement plus que nous exportons. Dans le secteur agricole à titre d’exemple, mis à part nos importations alimentaires, nous ne pouvons pas exporter les tomates en l’occurrence sans être obligés d'importer du matériel agricole, des serres…
Et cette situation concerne presque tous les secteurs comme le tourisme et l’industrie. Autre exemple : il faut savoir que la valeur ajoutée locale industrielle est faible. Pour exporter par exemple 100 euros de la Logan produite à l’usine de Renault à Tanger, on doit importer 55 à 60% de pièces détachées.

Le Maroc dispose d’un nombre important d’accords de libre-échange. Pourquoi n’arrivons-nous pas à percer sur ces marchés ?
Écoutez, avant de s’ouvrir à l’international, il faut être préparé. Avant de signer un accord de libre-échange, il faut savoir quoi exporter et disposer d’une économie productive et compétitive. Chose que les économies du monde entier ont entreprise.
Ici, nous avons procédé de manière inverse. Nous avons ouvert notre marché à l’international et puis nous avons commencé à nous poser des questions sur l’offre marocaine.

Selon vous, cette offre est-elle diversifiée et compétitive ?
Non. L’offre marocaine est très limitée et non compétitive.
Il faut savoir que le tissu économique marocain dispose d’environ 5.000 exportateurs pour 25.000 importateurs. Même les produits que nous exportons sont de faible valeur ajoutée. Nous avons trop peu de produits pour trop de marchés.

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