Malgré la batterie de mesures mise en place par les pouvoirs publics en faveur des investisseurs marocains résidant à l'étranger (MRE), il semble qu'il reste beaucoup à faire. Bien qu’ils veuillent revenir et investir dans leur pays d’origine, les Marocains du monde sont découragés en raison de nombre de difficultés et de freins. En fait, les MRE continuent de se plaindre des obstacles «classiques», notamment la lourdeur administrative, la réticence des banques, l’insuffisance d’accompagnement et la fiscalité.
Sur le chapitre des investissements des MRE, les choses ne semblent pas avoir beaucoup changé. D’ailleurs, Mounia Haoudi Marzak, directrice de la communication et de la mobilisation des compétences du ministère des MRE, a présenté les résultats d’une enquête web sur l’investissement MRE qui révèle que 90% des investissements sont financés sur la base d’apports personnels. Le crédit bancaire reste faible. À peine 15% des investisseurs y ont recours. La structure des investissements est également caractérisée par la primauté accordée au savoir-faire de l’investisseur. Abstraction faite de l’immobilier, les MRE investissent dans les domaines de leur formation, de leurs compétences et expériences professionnelles. En somme, les investissements des MRE restent trop faibles par rapport aux attentes et à la vision tracée et qui met la diaspora au cœur de la dynamique de développement du pays.
Mme Marzak s’est basée également dans son exposé sur l’enquête menée, en 2009, par la Fondation Hassan II pour les MRE. Une enquête qui montre que les choses n’ont que très peu évolué depuis cette date. Ainsi, quand on regarde les chiffres, on constate que les liens économiques entre la diaspora et la mère patrie ne sont pas assez solides. Selon les données de la Fondation Hassan II pour les MRE, «les investissements des MRE au Maroc ne représentent que 10% du montant des transferts». La consommation se taille la part du lion avec 70% du total des transferts. Alors que les 20% restants sont destinés à l’épargne. L’immobilier reste le terrain de prédilection des MRE. Ce secteur accapare 70% des 10% dédiés à l’investissement opéré par les MRE. Le tourisme et l’industrie occupent la deuxième place avec 20%. L’investissement productif, créateur de richesse et de valeur ajoutée, figure en bas du classement. «Seuls 2% du total des transferts des MRE sont destinés à l’investissement productif». Un taux trop faible par rapport aux attentes.
À la faiblesse des investissements MRE au Maroc, s’ajoute la viabilité des projets initiés. Selon la Fondation Hassan II, «30% des projets MRE font faillite au bout des deux premières années de la création». Et pour causes, la faible expérience en matière de gestion de projet et l’insuffisance de l’accompagnement et de l’orientation, a souligné la responsable du ministère des MRE. Cependant, il faut préciser que seuls 10% des projets font l’objet d’une étude de faisabilité. Le mode de financement n’est pas en reste. Malgré les mesures mises en place par l’État, les MRE préfèrent recourir à leurs fonds propres.