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Tahiri Rouane est fellah du caïdat d’Oulad Moussa. Comme tout paysan, son bon sens est désarmant : «L’année est toujours bonne pour celui qui veut travailler». Et pour pouvoir cultiver le blé tendre, l’orge, la betterave et l’oignon, il a acquis, ces trois dernières années, trois tracteurs, grâce notamment aux subventions de 40% accordées par le ministère de l’Agriculture et de la pêche maritime pour l’achat d’un tracteur dans le cadre du Plan Maroc vert. «En tout, j’ai reçu 18 millions de centimes d’aide de l’État et j’en ai déboursé 19 millions», témoigne celui dont le teint tanné par le soleil et les mains calleuses trahissent le métier.
Son compagnon, Idriss, fellah dans le Gharb-Beni Hssen, lui, est en négociations avec un exposant et affirme avoir bénéficié de 800.000 DH pour s’équiper en matériel agricole. «L’avantage au Salon est qu’au niveau de chaque stand, un espace est réservé aux commerciaux pour leur permettre d'expliquer patiemment aux candidats à l’achat les démarches administratives afin de pouvoir prétendre à la subvention», ajoute-t-il.
Saïd Hafid, directeur commercial du pôle agricole chez un exposant spécialisé dans l’importation de matériel agricole, explique de son côté : «Il faut l’accord préalable de la délégation régionale de l’agriculture du lieu de résidence du demandeur, ce qui demande 2 à 3 jours, puis celui-ci réserve un matériel, l’enregistre puis verse un acompte». Selon lui, l'avance représente entre 20 et 30% du prix du matériel acheté.
L’effet SIAM sur les ventes
Pour Youcef Jordi, commercial chez un fournisseur italien, la demande se fait surtout pour les nouveautés, alors qu’un autre fournisseur estime que c'est «une période particulière, car elle permet globalement de réaliser entre 30 et 35% du chiffre d’affaires de l’entreprise pendant le déroulement du Salon et durant les quelques semaines qui suivent». Selon Saïd Hafid, lors du Salon, s’il y a des ventes qui se concluent sur place, il y a surtout des réservations, «car ça demande toute une panoplie de documents liés au système de subvention. Les prix d’un tracteur deux roues motrices se situe autour de 200.000 et 220.000 DH, alors qu’un quatre roues motrices est cédé entre 400.000 et 420.000 DH». Ceci étant, l’effet du SIAM sur le chiffre d’affaires est différemment apprécié.
Aziz Harnoune, responsable des ventes d’un fournisseur chinois estime que «les agriculteurs viennent par délégation et par région pour une journée. Ils ne représentent donc pas l’ensemble des fellahs. De plus, cette année l’espace est trop grand et pour que ces fellahs arrivent jusqu’au pavillon du machinisme, il leur faut toute une journée». Aziz Harnoune souligne, d’autre part, que les conditions climatiques, selon qu’elles soient favorables ou non, influent sur l’intention des fellahs à acheter. Cet avis est partagé par un expert-conseiller en agriculture, Oussadène Mohamed, qui estime qu'«il n’y a pas que le SIAM, mais d’autres facteurs rentrent également en jeu, tels que les conditions climatiques, les autres foires régionales qui se déroulent dans différentes villes : Sefrou, Bouselham, Agadir…»
Au stand d’un exposant de Casablanca, spécialisé dans l’agrofourniture (matériel de traitement, travail du sol, petit outillage…), Mahdi Nabil, responsable commercial, estime que grâce au SIAM, le chiffre d’affaires de son entreprise s’apprécie de 2% à 3% à chaque édition. Un fournisseur anglais, présent au SIAM depuis la première édition, joue l’atout des promotions : «Nous faisons des promotions spéciales SIAM qui peuvent aller jusqu’à 43.000 DH de remise sur 242.000 DH». Enfin, et comme le dit si bien l’expert-conseiller en agriculture, Oussadène Mohamed : «Au SIAM, il vaut mieux être présent qu’absent».
