Au lendemain de la publication de l’entretien accordé par James Rawley, coordinateur des opérations humanitaires de l'ONU dans l'enclave palestinienne, à l'AFP, dans lequel il a déclaré que «sans levée du blocus, les espoirs de paix sont faibles, l’ONU a mis sur pied une commission internationale pour enquêter les crimes de guerre commis par Israël à Gaza». Cette commission sera présidée par William Schabas, un universitaire enseignant le droit international à Londres.
Les dirigeants palestiniens et la Ligue arabe ont accusé Israël de «crime de guerre». L'opération a aussi suscité de vives tensions entre Israël et l'ONU. Dans un communiqué, le Hamas, qui a remporté les législatives de 2006 à Gaza, a salué «la décision de former une commission d'enquête internationale sur les crimes de guerre à Gaza», l'appelant «à entamer au plus vite ses travaux». La commission d'enquête doit rendre ses conclusions en mars 2015 au Conseil des droits de l'Homme.
L’annonce de cette enquête intervient alors qu’Israël et le Hamas respectaient scrupuleusement, jusqu’à hier mardi, un cessez-le-feu, laissant 72 heures à leurs négociateurs pour tenter de mettre un terme durable à une guerre qui a fait près de 2.000 morts palestiniens à Gaza, pour la plupart des civils et des enfants. Mais quelles sont les chances de voir les résultats du travail de cette commission aboutir à une quelconque sanction contre l’État hébreu alors que même les traditionnels alliés d’Israël, avec à leur tête les USA et les pays de l’UE, ont parlé de «crimes» contre la population civile palestinienne ?
Boycott d’Israël
Israël avait boycotté une précédente commission d'enquête nommée par le Conseil des droits de l'Homme présidée par le juge sud-africain Richard Goldstone après l'opération «Plomb durci» de l'armée israélienne dans la bande de Gaza durant l'hiver 2008-2009. Le rapport accusait Israël de «crimes de guerre», voire de «crimes contre l'humanité», lors de cette offensive qui avait coûté la vie à 1.440 Palestiniens et 13 Israéliens. Aucune mesure coercitive n’avait alors été prise contre les auteurs de ces «crimes». Comme à son habitude, Israël a d’ores et déjà rejeté l’idée de créer une commission de l’ONU : «Les conclusions anti-israéliennes du rapport de cette commission sont écrites d'avance, il ne manque plus que les signatures», a déclaré à l'AFP le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Yigal Palmor, en visant en premier lieu le président de la commission désigné par le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, William Schabas.
En attendant, et au deuxième jour de la trêve, les Gazaouis ont continué à retourner chez eux pour se réinstaller dans les maisons que les bombes ou les ordres israéliens les avaient forcés à quitter, ou pour récupérer ce qui pouvait l'être dans les ruines. La levée du blocus, et c'est là une exigence primordiale des Palestiniens, qui asphyxie l'économie d'un territoire exigu sur lequel s'entassent 1,8 million de personnes coincées entre Israël, l’Égypte et la Méditerranée.
Les négociateurs israéliens et palestiniens ont repris mardi au Caire des négociations indirectes «épuisantes» avec la médiation de l'Égypte, au deuxième jour d'un cessez-le-feu de 72 heures dans la bande de Gaza, a-t-on appris auprès de la délégation palestinienne. Les deux groupes ont quitté leurs résidence et hôtel respectifs pour le quartier général des services de renseignements égyptiens, qui mènent la médiation pour tenter de parvenir à une trêve permanente des combats dans ce nouvel épisode sanglant d'un conflit israélo-palestinien qui dure depuis plus de 65 ans, a constaté un journaliste de l'AFP. «Les négociations sont difficiles et épuisantes», a expliqué au Caire un membre de la délégation palestinienne avant de se rendre au QG des renseignements. Selon la délégation palestinienne, les Israéliens avaient demandé dès lundi une prolongation du cessez-le-feu de trois jours entré en vigueur dans la nuit et qui expire mercredi à minuit, mais Palestiniens et Égyptiens veulent conclure un accord avant l'expiration de l'actuelle trêve.