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Le Matin-Éco : Attijariwafa bank, Renault Maroc, Bpifrance et l’AMICA ont signé fin mai une convention de partenariat en faveur du secteur automobile. Quels en sont les objectifs ?
Hassan Bertal : Tout d’abord, je tiens à rappeler que ce partenariat inédit a été entériné dans un contexte où le Royaume du Maroc a mis en place un environnement propice au renforcement et à la modernisation du secteur automobile avec comme perspective de l’ériger en véritable locomotive industrielle à l’export. Ce secteur a bénéficié d’une vision qui donne, d‘ores et déjà, lieu à une dynamique exceptionnelle appuyée par des performances à l’export dépassant les 40 milliards de dirhams générés par des écosystèmes qui emploient, aujourd’hui, plus de 85.000 personnes. En plus, les ambitions affichées par le ministère de l’Industrie, aux côtés de l’AMICA, prévoient de bâtir des écosystèmes industriels intégrés et performants afin de porter le chiffre d’affaires du secteur automobile à l’export à 100 milliards de dirhams et de créer pas moins 90.000 nouveaux emplois.
Notre objectif, en associant les domaines d’expertises et les savoir-faire de tous ces partenaires, est de soutenir les entreprises œuvrant dans les écosystèmes automobiles, en vue de catalyser leur développement et d’améliorer leur compétitivité. Ce partenariat permettra de développer des synergies industrielles et financières à même de transformer l’ensemble des opportunités de ce secteur d’activité et surtout de renforcer la coopération franco-marocaine.
Quel est le rôle exact d'Attijariwafa bank dans ce partenariat ?
Fidèle à notre stratégie de soutien de l’économie de notre pays et en cohérence avec notre position de leader du secteur financier, le groupe Attijariwafa bank accompagne de manière volontariste tous les secteurs d’activité et en particulier ceux qui affichent une bonne dynamique et une vision ambitieuse. Pour répondre de manière concrète à votre question, je dirai que notre contribution dans la mise en œuvre de ce partenariat consistera principalement à mettre à la disposition des entreprises du secteur automobile des offres de financement dédiées et adaptées. Par ailleurs, notre rôle consistera, également, à garantir les crédits consentis aux opérateurs franco-marocains dans les deux pays. Enfin, le groupe Attijariwafa bank avec Bpifrance identifiera les opérateurs français et marocains souhaitant répondre conjointement aux appels d’offres du secteur, sous forme de joint-ventures, de prises de participation croisées ou de contrats de sous-traitance.
Au-delà du secteur automobile, le groupe affiche la volonté de contribuer au Plan d'accélération industrielle dans sa composante Ecosystèmes, au profit des TPME. Vous avez ainsi scellé l’année dernière des partenariats stratégiques avec 4 donneurs d’ordres : OCP, ONEE, Cosumar et Holcim. Quels sont les enjeux et où en est le processus ?
Attijariwafa bank a été la première banque à s’investir dans la relation entre les principaux donneurs d’ordres de notre économie avec les PME et TPE qui gravitent autour d’eux. En effet, nous jugeons important de contribuer de manière active et effective à l’émergence et au renforcement d’écosystèmes capables de constituer des moteurs économiques sectoriels ou régionaux. Je pense que c’est à travers ces écosystèmes, et en s’appuyant sur des locomotives solides, que l’on peut donner l’opportunité aux PME et TPE de se développer et de se moderniser. Par ces approches structurées, ces entreprises peuvent accéder de manière plus fluide aux marchés très importants générés par ces donneurs d’ordres. Au travers de ces conventions signées avec les plus importants d’entre eux, le groupe Attijariwafa bank a développé des mécanismes de financement qui offre la possibilité aux TPME de maximiser leurs chances d’accéder et de mener à bien l’exécution des marchés et aux donneurs d’ordres d’élargir et de perfectionner leurs panels de fournisseurs.
Cette approche a été consacrée en véritable priorité au niveau de notre organisation au point de dédier des ressources à chacune de ces conventions en vue d’en assurer la pleine réalisation à travers un dispositif d’animation quotidien. Nous travaillons d’arrache-pied avec nos partenaires pour donner corps à ces conventions, dont certaines commencent à porter leurs fruits. Des tournées régionales sont, d’ailleurs, en cours de programmation pour identifier les bénéficiaires potentiels dans toutes les régions du Royaume. Parallèlement à cette approche, nous déployons une démarche sectorielle structurée avec différentes fédérations et représentations professionnelles en vue d’apporter les solutions les plus adaptées aux attentes de chaque type d’entreprises. Je ne peux vous en révéler la teneur, aujourd’hui, mais sachez que lors des prochains jours des annonces importantes seront faites.
En quoi consiste l’offre spécifique aux écosystèmes qui vient d’être déployée ?
Le groupe Attijariwafa bank met à la disposition des opérateurs industriels œuvrant dans des écosystèmes une offre de financement et d’accompagnement adaptée aux réalités de chaque secteur et qui répond à l’ensemble de leurs besoins à des conditions particulièrement avantageuses. L’offre «Macharii Industrie» englobe des crédits d’investissement pour appuyer les projets de développement des entreprises – création, extension, transmission, efficacité énergétique…. Elle comprend aussi des crédits de fonctionnement pour les aider à faire face à leurs besoins d’exploitation – préfinancement des marchés et commandes en dirhams et devises, Forfaiting, Factoring et Confirming – ainsi que des crédits spéciaux : financement du crédit TVA – crédits relais aux subventions de l’État – fonds de soutien des TPME – Mezzanine export… Enfin, cette offre comprend, également, un dispositif d’accompagnement dédié en réponse aux attentes qui peuvent émaner des différentes composantes des écosystèmes : formations – séminaires spécialisés – offres en direction des salariés de l’écosystème – accompagnement à l’international…
Après avoir débloqué 14,8 milliards de DH comme nouveaux financements en faveur des TPME en 2014, Attijariwafa bank s’est engagée cette année à mobiliser 12 milliards de DH pour les PME et 5 milliards pour les TPE. Quel bilan à ce jour ?
Notre engagement historique auprès des PME et TPE que nous accompagnons depuis des décennies, nous avons décidé de le matérialiser par un engagement annuel chiffré. Ceci permet de donner de la visibilité non seulement aux marchés, mais sert également de levier mobilisateur à nos équipes qui œuvrent au quotidien sur le terrain auprès des TPME. Nous avons été au rendez-vous de nos engagements pour la première année pilote et avons, comme vous le mentionnez, décidé de passer un palier supérieur avec une enveloppe de 12 milliards de DH pour la PME et 20.000 nouveaux crédits à accorder aux TPE pour l’année 2015. Ce que je peux dire à cette étape, c’est que nous sommes dans le sillage de nos objectifs périodiques avec en perspective d’être largement au rendez-vous de nos engagements.
Grâce notamment au coup de pouce de Bank Al-Maghrib qui a réduit deux fois de suite son taux directeur en 2014, les banques ont annoncé des baisses du coût du crédit. Qu’en est-il pour Attijariwafa bank ?
Nous avons largement anticipé cette donne en transmettant cette baisse sur nos taux. Nous avons ajusté, lors des deux dernières années, nos conditions de taux afin de satisfaire nos clients et de renforcer notre leadership sur le marché. Ceci étant dit, nous constatons malheureusement que, malgré ces baisses, le niveau de demande de crédits demeure relativement bas. Toutefois, nous continuerons à jouer le rôle de premier financeur de l’économie marocaine en accompagnant de manière volontariste les entreprises aux meilleures conditions du marché.
Que proposez-vous pour le développement des entreprises marocaines en Afrique ?
Notre dispositif en Afrique, constitué de 13 filiales, nous permet d’offrir à nos clients d’importantes opportunités de développement sur le continent qu’il s’agisse d’implantations, d’activité d’import-export ou pour la réalisation d’un marché ponctuel. Nos services et équipes dédiés à cette activité aident les entreprises marocaines à identifier les débouchés dans chacun de nos marchés de présence, les mettent en relation et les accompagnent dans la concrétisation de leurs deals. Nous permettons, également, à nos clients de sécuriser leurs transactions avec les opérateurs du continent à travers des mécanismes et solutions éprouvés.
Je n’oublierai pas de préciser que nous avons organisé en février dernier la troisième édition du Forum international Afrique Développement qui est devenu aujourd’hui une plateforme et une référence internationale pour le renforcement des synergies entre les opérateurs économiques africains. En outre, le Maroc est en passe de devenir le premier hub sur le continent africain pour les entreprises européennes, en particulier françaises. Nous sommes partie prenante de ce mouvement, notamment par le biais de nos relations avec la France. Je donne l’exemple de notre collaboration avec Bpifrance qui a permis d’organiser les premières rencontres complètement digitales entre entreprises des deux côtés de la Méditerranée œuvrant dans le secteur automobile.
