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«Au FIFM, notre seul critère est le cinéma de qualité d'où qu'il vienne»

Du 4 au 12 décembre prochain, le Festival international du film de Marrakech (FIFM) fêtera son quinzième anniversaire avec un programme riche et varié et de nombreuses promesses et surprises. Le directeur du Centre cinématographique marocain (CCM) et vice-président du FIFM nous explique les tenants et les aboutissants de cette édition et nous parle de l’esprit et du cœur sensible de l’événement depuis sa création.

«Au FIFM, notre seul critère est le cinéma  de qualité d'où qu'il vienne»
Sarim El Haq Fassi Fihri.

Le Matin : Quelle est la particularité de la quinzième édition du Festival international du film de Marrakech ?
Sarim El Haq Fassi Fihri : Marrakech est un grand festival et je pèse mes mots, je ne dis pas cela parce que j'ai l'honneur d'en être le vice-président, mais parce que grâce à Marrakech et au Maroc nous arrivons à attirer les plus grands noms du cinéma mondial avec une véritable indépendance éditoriale : indépendance vis-à-vis du marché, car nous ne nous sentons liés à aucun studio ni à aucune cinématographie. Notre seul critère est le cinéma de qualité d'où qu'il vienne.
Cette année, notre sélection vient du Liban, du Kazakhstan, de la Corée du Sud, de l'Uruguay, du Danemark, de l'Inde, du Japon... pour ne citer que ceux-là. Voyez les invités, les jurés et les hommagés du Festival international du film de Marrakech depuis 2001 et vous comprendrez la place de ce festival dans le monde. De plus, Le FIFM est un découvreur de talents, plusieurs cinéastes sélectionnés à Marrakech se sont retrouvés nominés aux oscars, voire oscarisés. Je pense à Alexander Payne, oscarisé en 2005 et 2012, son film «Sideways» a obtenu l’Étoile d'Or de Marrakech en 2004. Je pense à Nuri Bilge Ceylan, Palme d'or à Cannes en 2014, et invité en 2011 pour animer une master class, Debra Garnik, dont le film «Down to the bone» est sélectionné à Marrakech en 2004, est nominée aux oscars en 2011 pour «Winter's bone».

Concrètement, quelles sont les retombées sur l’industrie du film au Maroc ?
Ce sont d'abord les échanges avec les professionnels marocains. De plus, Marrakech contribue à l'importance qui est donnée par les pouvoirs publics au cinéma national, mais également à la notoriété du Maroc, terre de tournages et de lumière pour le cinéma mondial.

Que pensez-vous de l’hommage que rend le Festival cette année au cinéma canadien ?
Le cinéma canadien, malgré l'influence d'Hollywood à sa porte, a su se forger une identité propre qui reflète le caractère multiculturel de la société canadienne.

Un mot sur le jury de cette édition ?
Un jury fort et diversifié. Au-delà de la personnalité de Francis Ford Coppola, les parcours professionnels des autres jurés sont eux aussi impressionnants. En dehors du président, il y a autant d'hommes que de femmes, autant de réalisateurs que de comédiens et encore une fois, à Marrakech, de grands pays de cinéma sont représentés : l'Inde, le Japon, l'Italie, le Danemark, l'Ukraine et la France avec Jean Pierre Jeunet qu'on ne présente plus. Quant à Amal Ayouch, elle y représente dignement le Maroc.

Le Festival du cinéma méditerranéen d'Alexandrie en Égypte vous a rendu un vibrant hommage. Quel sentiment vous procure cette reconnaissance ?
Venant d'un pays tel que l'Égypte j'en suis très fier, mais je considère que cet hommage, à travers ma personne, a été rendu au cinéma marocain et à ce qu'il représente en 2015 dans le monde arabe et méditerranéen.

Vous estimez que le bilan de l’année cinématographique 2015 est à la fois positif et prometteur. Dans quel sens ?
En ce qui concerne le cinéma marocain, il continue sur sa lancée et en 2015 nous avons eu 72 projets de longs métrages qui ont postulé pour l'avance sur recettes. Malheureusement, nous ne pouvons pas satisfaire tout le monde et le bilan de 2015 dépassera la vingtaine de films.
Malgré la baisse de la fréquentation des salles de cinéma, les deux premières places du box-office du 1er janvier au 30 septembre sont tenues par des films marocains. Le cinéma marocain est prometteur, car sur les 10 dernières années, 42% des films marocains soutenus sont des premières œuvres, c'est dire si la relève est assurée. En ce qui concerne la production étrangère, le Maroc a accueilli du 1er janvier au 30 septembre 2015 19 longs métrages, 15 séries TV, 89 émissions TV, 73 documentaires et 206 reportages. Au total 1.031 autorisations de tournage ont été délivrées, dont 464 à des producteurs étrangers.

S’agissant de la promotion de l'industrie cinématographique marocaine, quels sont les projets et programmes importants inscrits dans cette politique ?
La mesure majeure est contenue dans le projet de loi de Finances 2016 qui prévoit des incitations financières au profit des productions étrangères de fiction, à l'instar de la plupart des pays américains et européens et de l'Afrique du Sud. Cela permettra de doubler le nombre de productions étrangères que nous accueillons.

Qu'en est-il du projet de formation des ingénieurs de son en accord avec le ministère de l'Enseignement supérieur au titre de la saison 2016-2017 ?
Il s'agit d'un projet entre le ministère de l'Enseignement supérieur et l'Institut supérieur des métiers de l'audiovisuel et du cinéma (Ismac).

Le CCM et la Fondation de l'Institut supérieur des métiers de l'audiovisuel et du cinéma ont signé une convention de partenariat, pouvez-vous nous en parler ?
À compter de 2016, le CCM participera au financement de l'Ismac par une contribution annuelle d’un million de DH. En contrepartie, l'Ismac assurera des programmes de formation continue au profit des techniciens marocains. Dès que nous aurons arrêté les dates de ces programmes, des annonces aux techniciens marocains désireux de parfaire leur formation seront lancées.

Que constitue pour vous le FIFM et quel est son apport pour le Maroc ?
Le Festival international du film de Marrakech est le reflet des valeurs du Maroc : ouverture sur les autres cultures et tolérance, mais sans jamais oublier ou mettre de côté notre propre identité arabo-amazigho-judéo-musulmane. Le Maroc s'est nourri de son histoire amazighe, juive, arabe, africaine, andalouse et méditerranéenne. Le cinéma marocain aujourd'hui se nourrit, grâce au Festival international du film de Marrakech, de toutes les influences cinématographiques, qu'elles proviennent d'Asie, d'Europe de l'Est ou du Nord ou d'Amérique latine... Et en contrepartie, les invités étrangers du FIFM repartent de Marrakech avec dans leurs yeux une autre image du Maroc et du cinéma marocain : la nôtre. 

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