Connexion
Éco-Emploi : Quelles sont les spécificités du coaching territorial ?
Gautier Brygo : Le coaching territorial est un nouveau métier dans le mode du coaching. Il y a le coaching individuel, le coaching sportif, le coaching d’entreprise… aujourd’hui, il existe le coaching territorial. Assez proche du coaching d’entreprise, ce dernier propose de mettre à disposition des territoires un coach professionnel. L’une de ses principales complexités par rapport au coaching d’entreprise c’est l’absence de hiérarchie et d’une réelle «délégation de pouvoir» dans les territoires. Le Maroc est avant-gardiste avec cet outil puisqu’il n’existe aujourd’hui pas d’équivalent de cette ampleur connu dans le monde.
Quelle est votre évaluation du projet du coaching territorial au Maroc ?
Il n’est pas encore possible de proposer une évaluation puisque le Programme a démarré il y a quelques mois. Ceci dit, 28 coachs juniors sont en formation durant toute l’année 2015 dans la région de l’Oriental dans un parcours certifiant en cours d’accréditation par les plus hautes instances du coaching au niveau international. Seize collectivités locales
notamment Oujda, Nador, Figuig, Driouch, Berkane, Jerada, Touissit, Ahfir, Sidi Lahcen, Debdou, Taourirt, Machraa Hamadi, Ain Beni Mathar, Bouarfa, Bouanane, sont engagées dans la mise en œuvre de cette nouvelle expertise dans leurs propres territoires au cours des deux prochaines années. Le programme de formation est coordonné depuis le Centre d’excellence en coaching territorial positionné dans l’Académie africaine des collectivités locales de l’Organisation panafricaine (CGLU), dont le Siège se trouve à Rabat. Actuellement, 5 coachs professionnels marocains travaillent depuis plusieurs mois sur la conception des modules de formations, l’accréditation et la supervision des apprentis coachs. Depuis mars 2015, les coachs territoriaux en formation font leurs premières interventions en simultané dans les 16 collectivités locales de l’Oriental sous la supervision des formateurs et en lien avec le bureau de coordination. C’est plus de 1.500 acteurs locaux directement concernés par ce programme.
Est-il facile de coacher un acteur local ?
Premièrement, nous avons constaté sans surprise que le coaching était réservé encore aujourd’hui à une minorité et que les acteurs locaux n’avaient pas ou très peu accès à ces outils. Les coûts d’intervention du coaching sont aujourd’hui un frein pour les acteurs locaux. Je peux difficilement évaluer le coaching d’un acteur local par rapport à un manager dans une entreprise par exemple. Ceci dit, nous pouvons constater que la demande est croissante au niveau local et c’est dans cette perspective que nous avons voulu proposer l’outil coaching territorial. La principale difficulté réside dans les objectifs des uns et des autres.
Dans l’entreprise, nous recherchons la performance des employés dans le but d’augmenter, entre autres, les profils, le rendement alors que dans les territoires, nous cherchons la performance dans les acteurs pour améliorer les services qui sont proposés aux populations souvent vulnérables. La différence fondamentale avec l’entreprise réside dans une absence de cohérence relationnelle et structurelle entre les acteurs d’un territoire pour une même thématique par exemple. C’est en cela que le coaching territorial est un métier à part entière qui nécessite une formation approfondie et une connaissance précise de la complexité des rôles des acteurs locaux dans les territoires. Au final, il est plus difficile de coacher un acteur local, car l’atteinte de son objectif dépend souvent de plusieurs autres acteurs qui sont eux-mêmes non structurés hiérarchiquement et n’ont parfois aucun lien entre eux, mais sont essentiels pour l’atteinte résultat final qui est de répondre aux besoins de la population.
Quel est l’impact de ce projet sur la création d’emploi au Maroc ?
Le coaching est reconnu dans le monde entier.
C’est une expertise recherchée et donc souvent bien rémunérée. Bien avancé au Maroc, ce métier offre de réelles opportunités de travail pour toutes les personnes qui s’intéressent au développement humain.
Le coaching territorial est un métier d’avenir, il y a plus de 1.500 communes au Maroc, des régions, des provinces et surtout des dizaines de milliers d’associations qu’il faut coacher pour l’avenir… donc oui, il existe une opportunité, mais il faut que les pouvoirs publics accordent le budget nécessaire pour permettre aux acteurs de faire appel au coach.
