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«Le Maroc est considéré comme un modèle de stabilité dans la région grâce aux réformes qu’il a engagées»

Dans un entretien accordé au journal «Le Matin», Magdy Martinez Soliman, administrateur-assistant du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), chargé des politiques et de l'appui aux programmes, dresse un état des lieux de la coopération engagée entre le Maroc et les différentes institutions des Nations unies. Le haut responsable onusien aborde également les défis ainsi que la finalité des nouveaux objectifs de développement durable et leurs retombées sur les populations du monde.

«Le Maroc est considéré comme un modèle de stabilité dans la région grâce aux réformes qu’il a engagées»
Magdy Martinez Soliman, administrateur-assistant du PNUD chargé des politiques et de l'appui aux programmes. Ph. Kartouch

Le Matin : Comment évaluez-vous la coopération entre les diverses agences, fonds et programmes des Nations unies et les autorités marocaines ?
Magdy Martinez Soliman : C’est une coopération multiple et fructueuse. Une vingtaine d’agences relevant des Nations unies sont installées à Rabat et œuvrent dans différents domaines, notamment le développement durable et la gouvernance. Aujourd’hui, le Maroc est appelé à relever de nouveaux défis relatifs au développement de son économie en tant que pays émergent. Il s’agit notamment de l’emploi, la globalisation de son économie, l’intégration de l’économie dans le commerce international… et les agences des Nations unies jouent dans ce sens un rôle important dans la mesure où elles accompagnent le Maroc dans l'identification des solutions pour résoudre ces problématiques.

L’adoption de modes de développement durable, le renforcement du système de gouvernance démocratique et le renforcement de la résilience constituent des axes prioritaires d’intervention du PNUD au Maroc. Quels sont les défis qui restent à relever à votre avis ?
Les défis les plus encadrés au Maroc sont la croissance économique et la gouvernance.
Le Maroc devra fournir davantage d’efforts en matière de résilience des communautés et renforcer sa capacité à résister aux chocs économiques, sociaux et climatiques. Le concept de résilience repose en effet sur la capacité à affronter les chocs et à rebondir de manière à résoudre les problèmes que posent ces chocs et d’aller de l’avant à un rythme accéléré.
C’est une construction difficile qui se base sur une solidité économique, une cohésion sociale et l’efficacité des institutions de gouvernance. Le renfoncement de ces trois volets est en effet susceptible de renforcer la résilience du Maroc au futur.

Le programme du PNUD en faveur de la gouvernance au Maroc a démarré à la fin des années 90. Quels sont, selon vous, les préalables pour asseoir une bonne gouvernance dans les différentes institutions ?
Lors de l’élaboration des objectifs de développement durable, nous avons posé cette question à 8 millions de citoyens. La majorité a souligné la nécessité de consolider les secteurs à caractère social, notamment l’éducation et la santé. Les mêmes citoyens ont relevé également l’importance de disposer d’un gouvernement honnête et responsable. Ce dernier constitue, selon eux, un préalable nécessaire pour la construction de la démocratie. En partant de ces conclusions, je peux vous dire que la transparence, l’intégrité et l’honnêteté du gouvernement sont fondamentales pour pouvoir relever les défis qui se posent aux sociétés. Et le Maroc fait bonne figure dans ce domaine. À ce titre, je tiens à féliciter le Royaume pour les réformes engagées dans ce sens et qui ont permis au pays d’être considéré comme un modèle de stabilité politique, économique et sociale dans une région marquée par l’instabilité.

La démarche de l’Initiative nationale pour le développement humain s’inscrit dans la droite ligne de celle du PNUD. À votre avis comment peut-on consolider cette initiative ?
Vous savez, nous travaillons en étroite collaboration avec l’Observatoire national de développement humain qui tente de mesurer les progrès du Maroc ainsi que les défis qui lui restent à relever et nous considérons que le Maroc est sur la bonne voie pour la consolidation de son développement humain.

Certes, les Objectifs millénaires de développement (OMD) ont contribué à améliorer la vie de beaucoup de gens. Toutefois, des millions de citoyens n’ont pas tiré parti des progrès des OMD. Quel regard portez-vous sur la mise en œuvre de cet agenda en Afrique ?
Votre constat est juste. Des millions de personnes n’ont pas profité directement de la mise en œuvre de ces objectifs, mais ils ont indirectement tiré parti de ce programme.
Je vous donne un exemple : la question de la scolarisation des filles n’était pas considérée comme une priorité par plusieurs pays d’Afrique. Avec la mise en œuvre de cet agenda, cette question ne se pose pratiquement plus. Les filles sont scolarisées sur un pied d’égalité avec les garçons. C’est un challenge que nous avons réussi. La réduction de la pauvreté était également un objectif qui avait permis à 800 millions de personnes de sortir de l’état de pauvreté, grâce à des plans de développement nationaux qui ont connu un franc succès. Certes, l’atteinte de ces objectifs reste mitigée, car elle varie d’un pays à l’autre. Il n’en demeure pas moins qu’une population importante a pu profiter de la mise en œuvre de ce programme. Et les objectifs de développement durable viennent justement pour assurer la continuité de ce chantier. Le défi qui se pose aujourd’hui est de consolider les acquis et garantir une certaine continuité des réalisations, parallèlement à la poursuite de la mise en œuvre des objectifs qui n’ont pas été atteints à 100%, notamment dans les secteurs de la santé et l’éducation.

Les Objectifs de développement durable (ODD) viendraient donc garantir une continuité par rapport aux réalisations enregistrées grâce aux OMD. Quels sont à votre avis les chantiers auxquels il faudra s’attaquer en priorité ?
Il est difficile d’indiquer quelle serait la priorité parmi les objectifs de 2017. Car ces objectifs s’inscrivent dans le cadre de six axes. Il s’agit notamment de la dignité, du développement social, de la prospérité, du développement durable et de la protection de l’environnement. Ces axes sont indissociables. Je vous donne un exemple : lorsqu’un pays mène une politique pour lutter contre la pauvreté, cette politique mène également à la réduction des inégalités et la garantie de meilleures conditions de vie aux populations. L’atteinte des différents objectifs va en fait de pair, car chaque objectif influence l’autre. Il n’existe pas de pays prioritaires. C’est un agenda universel et qui devra profiter à tous les pays.

Quel regard portez-vous sur le développement économique et social au Maroc ?
Le Maroc a enregistré un développement très important dans plusieurs domaines, notamment ceux économique et social. Toutefois, des défis restent encore à relever, notamment en matière d’amélioration de l’employabilité des jeunes et de lutte contre la pauvreté.

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