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Le mobile banking promis à une grande chevauchée

Les investisseurs qui s’intéressent au marché africain doivent le savoir : le manque d’infrastructures télécoms et le taux d’électrification encore trop faible profitent à un canal qui va révolutionner l’Afrique 2.0 : le mobile banking.

Le mobile banking promis à une grande chevauchée
Vue du panel de la conférence Afrique 2.0 organisée par CFC à Casablanca le 19 mai. Ph. Saouri

Le digital est promis à de belles perspectives de développement en Afrique. Des opportunités d’investissements en or pour les opérateurs mondiaux. «Le taux de pénétration d’Internet dans le continent affiche une progression moyenne de 24% par an entre 2009 et 2013. C’est un indicateur très important à prendre en considération», affirme Mohamed Dembélé qui dirige le développement du conseil dans les télécoms du cabinet PwC, lors d’une conférence-débat organisée le 19 mai à Casablanca par Casablanca Finance City (CFC) sur le thème «Afrique 2.0, opportunités et défi de la digitalisation du continent».

Dembélé signale par ailleurs que si les technologies télécoms se développent très lentement dans le continent, c’est que les infrastructures de base sont deux fois plus chères qu’en Europe et en Amérique. «Si l’on prend le cas de la téléphonie fixe par exemple, l’on constate qu’elle a du mal à se développer dans plusieurs régions de l’Afrique à cause justement des lourds investissements que demande le développement des infrastructures de base», explique-t-il.

Pour Dembélé, qui gère les marchés du groupe PwC en Afrique francophone à partir de Casablanca, la digitalisation du continent est aujourd’hui confrontée à un défi de taille à savoir le taux d’électrification qui est actuellement d’à peine 30%. «C’est une problématique très importante, car l’on imagine mal le déploiement des nouvelles technologies dans une région faiblement électrifiée. Aussi, il faut savoir que seulement 32 fibres optiques lient le continent à l’Europe», développe Dembélé.

Pour lui, l’Afrique 2.0 c’est la 5G puisque du fait du manque d’infrastructures nécessaires pour Internet sur PC, c’est le mobile qui devrait prendre le relai et connaîtrait du coup un développement très important. «C’est déjà le cas avec le mobile banking qui progresse à une vitesse grand V dans plusieurs pays du continent», détaille l’expert. Notons qu’avec 650 millions d’abonnés en 2013, l’Afrique reste la région la plus dynamique du monde côté croissance du mobile. Et ce n’est pas tout. L’Afrique est aussi le premier continent pour ce qui est du volume de paiements mobiles.

Denis Lannel, un agro-économiste, qui était également de la partie, insiste beaucoup sur la dimension culturelle de l’Afrique pour pouvoir rentabiliser les investissements. «Le continent abrite quelque 2.000 ethnies avec bien entendu un certain nombre de points communs entre l’ensemble de ces composantes. C’est une donne qu’il faut absolument retenir par les investisseurs en nouvelles technologies qui s’intéressent au continent», explique-t-il. Concrètement, Lannel cite 4 points communs entre les différentes composantes ethniques : la notion du temps qui n’est pas la même que dans les autres continents, la joie de vivre des populations, l’adaptabilité et la communication qui est essentiellement orale en Afrique.

Spécificités socioculturelles

L’expert estime que pour réussir le pari de l’Afrique 2.0, il faut miser sur les réseaux eu égard au fait que le continent compte à la base des communautés et des systèmes tribaux. «Le relationnel est également un point important à prendre en compte dans tout projet d’investissement. Très souvent, le rapport qu’on développe avec un partenaire local est la clé pour l’aboutissement du projet d’investissement», soutient Lannel. Un point de vue que partage Bastien Moreau, directeur général de Jumia Maroc, spécialisée dans l’e-commerce. Moreau estime que pour investir dans le e-commerce en Afrique, il faut adapter le modèle aux spécificités socioculturelles des clients potentiels. «Les modèles qui fonctionnent en Europe ou encore aux États-Unis et en Chine ne peuvent pas réussir en Afrique.

Ainsi, pour le payement des achats par exemple, il serait impossible de proposer les paiements en ligne par carte bancaire, si l’on sait que le taux de bancarisation est encore trop faible», fait remarquer le patron de Jumia Maroc. Pour lui, l’accès des populations africaines ne passera pas par ordinateurs, mais par smartphones du fait de l’absence d’infrastructures pour l’Internet fixe. «Le mobile sera donc la solution efficace pour réussir les défis liés aux marchés de la distribution en Afrique», précise Moreau. Le mobile banking a donc de beaux jours devant lui dans le continent.

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