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Les universités maghrébines veulent redorer le blason du français

Les responsables des départements du français des universités maghrébines se sont retrouvés le temps d’une journée à Casablanca pour débattre des problèmes qu’ils rencontrent dans l’enseignement du français. L’état des lieux n’est pas reluisant et les défis sont multiples.

Les universités maghrébines veulent redorer le blason du français

Si l’idiome constitue toujours un capital immatériel indissociable d’un peuple ou d’un État, les langues demeurent l’un des facteurs essentiels d’intégration de ce peuple à d’autres communautés ou d'accéder à d'autres formes du savoir. Au Maroc, où l’arabe et l’amazigh sont les langues officielles, le français reste omniprésent dans le quotidien des citoyens. Cependant, malgré le fait qu’elle soit considérée comme la deuxième langue administrative du pays et qu'elle soit très présente dans le monde des affaires, la langue de Molière souffrirait d’un certain «désamour» au Maroc, mais aussi au Maghreb.

Pour cerner ce problème et donner une cure de jouvence à la langue française, le bureau Maghreb de l’Agence universitaire de la francophonie (AUF) a organisé, lundi 19 octobre à Casablanca, une réunion du réseau maghrébin des départements de français des établissements membres de l'Agence. Près de cinquante responsables de départements et de filières de langue et littérature françaises d'universités et grandes écoles du Maroc, d'Algérie et de Tunisie ont répondu à l'appel de l’AUF. Sous le thème «Le français en action au service de la connaissance», cette première réunion du genre a permis aux participants d’échanger sur les principales contraintes qu’ils rencontrent dans l’enseignement du et en français dans le supérieur. «Aujourd’hui, il y a similitude des contraintes et des problèmes dans l’enseignement du français dans les 3 pays. Nous devons mutualiser nos efforts dans le cadre d’une intégration intermaghrébine et nouer des partenariats pour résoudre ces problèmes», souligne Samir Marzouki, enseignant-chercheur et écrivain tunisien.

Les participants maghrébins sont unanimes concernant les contraintes auxquelles ils font face. Certains parlent de «désamour» des étudiants pour les filières de littérature française et d’autres fustigent le manque de ressources humaines et le manque de compétences des vacataires. «Nous manquons cruellement de professeurs. Le département de français se vide et les recrutements se font rares. Même quand ils sont recrutés, les professeurs ne disposent pas d’un très bon niveau et ne sont pas motivés. De même, certains étudiants ne comprennent pas les cours. Ceci sans parler des tensions qui existent au sein de la faculté entre les départements du français et celui de l’arabe et des études islamiques», regrette pour sa part le responsable du département de français de la Faculté des lettres et des sciences humaines de Aïn Chock à Casablanca. Quoi qu’il en soit, la directrice du bureau Maghreb de l’AUF, Cristina Robalo-Cordeiro, qui présidait la réunion, n'a pas caché son optimisme. Pour elle, le principal défi est de mutualiser les efforts de tous les départements de français des trois pays du Maghreb et d'établir un plan d’action afin de redorer le blason du français. Parmi les propositions de l’AUF figurent la création d’une plateforme qui comprendrait une cartographie avec les contacts, les références, le nombre d’étudiants, d’enseignants, des filières, et le dressement de l’état des lieux de la situation du français par pays. «Nos actions cibleront également les écoles doctorales. Nous allons aussi appuyer des travaux de recherches. Par ailleurs, je vais proposer l’organisation d’un colloque annuel où on devra se réunir autour d’une thématique précise», nous déclare Mme Cordeiro. 


Déclaration de Cristina Robalo-Cordeiro, directrice du bureau Maghreb de l’AUF

«Face à l’anglais, le français a encore de l’avenir»

«Le français garde une place privilégiée au Maghreb dans l’enseignement, le tourisme, le commerce et l’administration, entre autres. Toutefois, on se rend compte qu’il est de plus en plus concurrencé par d’autres langues comme l’anglais. Chaque langue à sa place et nous sommes pour la diversité des langues, des cultures et contre l’hégémonie de la pensée unique. Les Marocains doivent apprendre l’anglais, que ce soit pour les publications scientifiques ou pour le développement des universités. L’anglais est devenu une langue incontournable. Cependant, je pense que le français a une tradition culturelle au Maroc qu’il ne faut pas perdre. Face à l’anglais, le français a encore de l’avenir.»

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