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Que retenir de la rencontre du G7 ?

Bouchra Rahmouni Benhida
Professeur à l’Université Hassan Ier, elle est aussi visiting professor aux USA, en France et au Liban. Ses travaux de recherche lui ont permis d’intervenir dans des forums mondiaux et des special topics dans des institutions prestigieuses à Hong Kong, en France, au Liban, aux Emirats arabes unis et en Suisse. Elle compte à son actif plusieurs ouvrages?: «L’Afrique des nouvelles convoitises», Editions Ellipses, Paris, octobre 2011, « Femme et entrepreneur, c’est possible», Editions Pearson, Paris, novembre 2012, « Géopolitique de la Méditerranée?», Editions PUF, avril 2013, «Le basculement du monde : poids et diversité des nouveaux émergents», éditions l’Harmattan, novembre 2013 et de « Géopolitique de la condition féminine », Editions PUF, février 2014. Elle a dirigé, l’ouvrage «Maroc stratégique : Ruptures et permanence d’un Royaume», éditions Descartes, Paris, 2013.

Que retenir de la rencontre du G7 ?

Les dirigeants des 7 plus grandes puissances du monde se sont réunis, du dimanche 7 juin au lundi 8 juin en Bavière, afin de discuter des sujets sensibles pour la planète. Le dossier ukrainien, le climat ou encore la place des femmes dans l’économie… Le G7 a pris de nombreuses décisions. Mais pour quels effets ?

Réunis cette semaine, les dirigeants du G7 devaient analyser plusieurs sujets brûlants pour la planète. En tête de liste, le cas ukrainien et les sanctions à adopter contre la Russie, la question du terrorisme et du soutien aux pays directement touchés comme la Tunisie et le Nigéria et, bien sûr, celle du climat et des réductions des émissions de gaz à effet de serre pour atteindre les objectifs fixés au plan international.

De nombreux accords

Sur chacun des points posés, les dirigeants du G7 se sont mis d’accord sur des mesures communes à adopter. Dans le cas de l’Ukraine, ils ont ainsi décidé de poursuivre les sanctions contre la Russie jusqu’à ce que cette dernière honore ses engagements.
Ils ont également décidé de renforcer leur coordination sur le dossier de la lutte contre le terrorisme, de donner leur accord pour la création d’un fonds mondial pour les accidents de travail, d’aider les pays en développement à faire face aux épidémies de type Ebola ou encore de renforcer la place des femmes dans l’économie.
Mais la décision qui a le plus retenu l’attention est certainement celle sur le climat puisque les 7 pays se sont engagés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 40 à 70% d’ici la fin 2050 par rapport à 2010 et de transformer leurs secteurs énergétiques dans ce sens.

Une décision majeure

Pour tous les observateurs, c’est certainement la décision sur le climat qui est la plus importante et la plus marquante de ce sommet. Et pour cause, le Japon et l’Australie, dont les économies dépendent presque exclusivement du charbon, se sont également engagés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, alors qu’ils y étaient jusqu’à présent opposés. Certes, l’accord n’indique pas de chiffres bien définis et se contente de rester dans la fourchette haute, mais c’est tout de même une avancée de taille dans la lutte contre le changement climatique.
Rappelons ici que la conférence de Paris sur le climat, la COP 21 (21e Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, CCNUCC), qui se déroulera en décembre prochain, doit permettre au monde de trouver un nouvel accord pour remplacer celui de Kyoto.


Il s’agit de convaincre les différents pays d’opérer des réductions de leur production de gaz à effet de serre afin d’atteindre les objectifs du réchauffement nul d’ici 2050. Sur ce dossier, trois groupes – à savoir celui des pays développés, celui des pays émergents et celui des pays vulnérables – sont en présence. Les premiers, qui ont bâti leurs économies sur un mode de pollution tous azimuts, sont aujourd’hui plus ou moins favorables à une rationalisation, tandis que les seconds, qui sont en pleine croissance, considèrent une telle restriction comme un frein à leur développement. Quant aux troisièmes, ils subissent directement les effets du réchauffement climatique et estiment qu’il est de la responsabilité des pays développés de remédier à la situation.

Stratégiquement, cet accord est une victoire de la France, de l’Allemagne et des États-Unis qui ont su convaincre l’Australie et le Japon de signer l’accord et d’amorcer la réforme de leurs économies. Géopolitiquement, cette déclaration va certainement changer la politique énergétique mondiale en obligeant de nombreux pays à opérer des réorientations vers les énergies renouvelables notamment et plus largement à des économies moins productrices de carbone. Certes, de nombreux points restent en suspens, car les États unis notamment sont devenus le premier producteur mondial d'hydrocarbures grâce au pétrole de schiste et la Chine reste jusqu’à présent réticente à ce type d’accords, mais à 6 mois de la conférence sur le climat à Paris, cette annonce a toutes les chances de faire beaucoup de bruit.

Notons que l’aide que souhaite mobiliser le G7, à savoir 100 milliards de dollars d’ici 2020, en faveur des initiatives sur le climat est également une bonne nouvelle, notamment pour les pays en développement. Ces derniers sont en effet relativement démunis face au changement climatique et n’ont bien souvent pas les moyens de recourir de façon massive aux énergies renouvelables. Reste à savoir comment vont se structurer les groupes d’intérêts dans les prochains mois et si la conférence de Paris sera réellement porteuse d’un accord réaliste et surtout réalisable à court terme. 


Définition du G7

Le G7, ou groupe des 7, est un groupe de discussion et de partenariat économique qui rassemble 7 des plus grandes puissances économiques mondiales à savoir : les États-Unis, le Japon, l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni, l’Italie et le Canada. Le groupe qui a été créé en 1975, et qui s’est depuis élargi à la Russie pour devenir le G8, se réunit annuellement pour discuter des problématiques mondiales.
Perçu comme un club de pays riches peu soucieux des thématiques des plus vulnérables, le G8 est régulièrement pris à partie par les organisations altermondialistes qui n’hésitent pas à perturber chaque réunion annuelle. L’on se souvient notamment du sommet de Gênes où Carlo Giuliani a perdu la vie dans des circonstances troubles, du sommet d’Evian ou encore de la nuit des matraques à l’école Diaz de Gênes.

Définition de la géostratégie

La géostratégie est l'étude de la fabrication des espaces par la guerre. Elle implique la géographie de chaque État et sa situation historique et politique en regard de ses voisins, examinées par le biais d'études stratégiques. Son étude relève de la géopolitique, bien que son point de vue se réduise aux aspects militaires et leurs conséquences sur l'enjeu des ressources naturelles, fréquemment objet de conflits d'intérêts. La politique d’un pays se base, entre autres choses, sur sa géostratégie et les dirigeants doivent constamment la réévaluer pour s’assurer que les intérêts intérieurs et extérieurs sont constamment protégés et défendus.

La question climatique et la COP 21

La 21e Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), ou COP 21, qui va se tenir du 30 novembre au 11 décembre 2015 sur le site de Paris-Le Bourget, va rassembler près de 40.000 participants – délégués représentant chaque pays, observateurs, membres de la société civile. L’enjeu est de taille : il s’agit d’aboutir, pour la première fois, à un accord universel et contraignant permettant de lutter efficacement contre le dérèglement climatique et d’impulser/d’accélérer la transition vers des sociétés et des économies résilientes et sobres en carbone. Pour cela, le futur accord devra traiter, de façon équilibrée, de l’atténuation – c’est-à-dire des efforts de baisse des émissions de gaz à effet de serre permettant de contenir le réchauffement global à 2 degrés – et de l’adaptation des sociétés aux dérèglements climatiques déjà existants. Ces efforts devront prendre en compte les besoins et capacités de chaque pays. Enfin, l’accord doit entrer en vigueur à partir de 2020 et devra être durable pour permettre une transformation à long terme.

Le poids géopolitique du G7

Le G7 comprend actuellement 12,5% de la population mondiale et produit 49% du PIB mondial. À première vue, on pourrait penser que le poids géopolitique de cette organisation est assez considérable et il l’était il y a encore 5 ans. Seulement, les choses ont beaucoup évolué depuis lors et le poids su G7 sur la scène géopolitique mondiale s’est réduit. En cause, la réduction de la puissance des groupes qui le composent face à la montée des pays émergents et notamment des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique d Sud) qui parlent d’une seule et même voix. De même, la Russie, qui s’est retirée du groupe, devient peu à peu un acteur puissant de la scène politique internationale. Et comme nous avons pu le voir dans le dossier ukrainien, elle n’hésite pas à défendre ses intérêts. De même, la nouvelle configuration multipolaire du monde réduit l’espace d’expression de ce groupe de puissance et sa puissance géopolitique par la même occasion.


Le livre de la semaine

«Les grands théoriciens de la géopolitique»

Cet ouvrage retrace l’histoire de la géopolitique de la fin du XIXe siècle jusqu’à nos jours. L’auteur utilise le prisme des différentes théories qui ont émaillé cette jeune discipline en commençant par sa naissance en Allemagne sous la direction du géographe Friedriech Ratzel, en évoquant la pensée anglo-saxonne, avec des auteurs comme Halford Mackinder et Alfred Mahan, et la pensée française avec des auteurs comme Jacques Ancel. La particularité de ce livre est de livrer la pensée géopolitique dans tous ses aspects et à travers toutes les cultures qui l’ont façonnée.
Il constitue pour les étudiants, les professeurs ou tout simplement les amateurs de la discipline une méthode d’initiation et d’approfondissement plus qu’adaptée. 

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