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L'Asie redoute les incertitudes liées à un «Brexit»

Par Hiroshi Hiyama,avec les bureaux de l'AFP en Asie.

Le triomphe des conservateurs aux élections britanniques, et avec lui l'assurance d'un référendum sur l'UE, a tiré la sonnette d'alarme en Asie, où les économistes redoutent l'éventualité d'un «Brexit» (British Exit), la sortie du Royaume-Uni de l'Europe, sans vouloir y croire.

L'Asie redoute les incertitudes liées à un «Brexit»

Le Premier ministre britannique David Cameron a promis d'organiser un scrutin sur le sujet à la fin 2017. Mais il pourrait être tenté de l'avancer à 2016 afin d'abréger l'incertitude, la bête noire des marchés. «Si la Grande-Bretagne sort de l'UE, les investisseurs vont y réfléchir à deux fois», avertit Kazuyo Yamazaki, économiste de l'Institut de recherche Daiwa à Tokyo.
À lui seul, le Japon revendique des investissements directs de plus de 7 milliards d'euros par an en terre britannique, soit le tiers des placements totaux de l'archipel sur le Vieux Continent. Quelque 900 firmes japonaises opèrent outre-Manche, dans le secteur de l'électronique ou encore ferroviaire (à l'image du conglomérat Hitachi), séduites par un pays à l'économie dynamique, vu traditionnellement comme une porte d'entrée des marchés européens.

Risque politique ?

Bien implantés également, les constructeurs automobiles, comme Nissan, qui produit ses modèles Qashqai, Note, Juke et la tout électrique Leaf à Sunderland (nord de l'Angleterre). Interrogé, Nissan s'est refusé à tout commentaire. Seiji Sugiura, un analyste du secteur automobile au Centre de recherche Tokai à Tokyo, évoque un «risque politique» en cas de «frictions» entre Londres et le reste de l'Europe.
Nul doute qu'un «Brexit» découragerait les nouveaux projets, même si, pour l'heure, les groupes automobiles nippons n'ont pas de plans d'extension outre-Manche. «L'Europe de l'Ouest attire depuis longtemps des investissements, notamment japonais. Mais l'on voit déjà une vague d'investissements en Europe de l'Est qui offre une main-d’œuvre bon marché et des incitations fiscales», relève Mme Yamazaki. Si les conséquences d'un «Brexit» sont encore difficiles à évaluer, «la simple incertitude quant à l'impact potentiel d'une sortie du Royaume-Uni de l'UE va certainement déstabiliser les investisseurs», met en garde Bernard Aw, analyste chez IG Markets à Singapour.

Improbable scénario

Beaucoup d'experts ne croient cependant pas à cette hypothèse en raison des enjeux économiques, et plus encore financiers, pour la Grande-Bretagne, en particulier pour la City de Londres, très favorable au projet européen. «En quittant l'UE, le poids et l'influence de la City disparaîtraient. Ce serait extrêmement négatif pour l'économie», souligne Takeshi Makita, économiste à l'Institut de recherche du Japon. «Certes, le Brexit est un problème, mais la probabilité d'un tel scénario est aujourd'hui extrêmement faible», avance-t-il.

Le Premier ministre britannique David Cameron a promis d'organiser un scrutin sur le sujet à la fin 2017. Mais il pourrait être tenté de l'avancer à 2016 afin d'abréger l'incertitude, la bête noire des marchés. «Si la Grande-Bretagne sort de l'UE, les investisseurs vont y réfléchir à deux fois», avertit Kazuyo Yamazaki, économiste de l'Institut de recherche Daiwa à Tokyo.
À lui seul, le Japon revendique des investissements directs de plus de 7 milliards d'euros par an en terre britannique, soit le tiers des placements totaux de l'archipel sur le Vieux Continent. Quelque 900 firmes japonaises opèrent outre-Manche, dans le secteur de l'électronique ou encore ferroviaire (à l'image du conglomérat Hitachi), séduites par un pays à l'économie dynamique, vu traditionnellement comme une porte d'entrée des marchés européens.

Risque politique ?

Bien implantés également, les constructeurs automobiles, comme Nissan, qui produit ses modèles Qashqai, Note, Juke et la tout électrique Leaf à Sunderland (nord de l'Angleterre). Interrogé, Nissan s'est refusé à tout commentaire. Seiji Sugiura, un analyste du secteur automobile au Centre de recherche Tokai à Tokyo, évoque un «risque politique» en cas de «frictions» entre Londres et le reste de l'Europe.
Nul doute qu'un «Brexit» découragerait les nouveaux projets, même si, pour l'heure, les groupes automobiles nippons n'ont pas de plans d'extension outre-Manche. «L'Europe de l'Ouest attire depuis longtemps des investissements, notamment japonais. Mais l'on voit déjà une vague d'investissements en Europe de l'Est qui offre une main-d’œuvre bon marché et des incitations fiscales», relève Mme Yamazaki. Si les conséquences d'un «Brexit» sont encore difficiles à évaluer, «la simple incertitude quant à l'impact potentiel d'une sortie du Royaume-Uni de l'UE va certainement déstabiliser les investisseurs», met en garde Bernard Aw, analyste chez IG Markets à Singapour.

Improbable scénario

Beaucoup d'experts ne croient cependant pas à cette hypothèse en raison des enjeux économiques, et plus encore financiers, pour la Grande-Bretagne, en particulier pour la City de Londres, très favorable au projet européen. «En quittant l'UE, le poids et l'influence de la City disparaîtraient. Ce serait extrêmement négatif pour l'économie», souligne Takeshi Makita, économiste à l'Institut de recherche du Japon. «Certes, le Brexit est un problème, mais la probabilité d'un tel scénario est aujourd'hui extrêmement faible», avance-t-il.

«Si les négociations de Cameron avec Bruxelles se déroulent sans accrocs, le Royaume-Uni va probablement voter en faveur du maintien dans l'UE, ce qui va calmer les nerfs», renchérit Bernard Aw à Singapour.
L'issue du référendum reste néanmoins à la merci d'un électorat britannique volatil, sensible aux arguments eurosceptiques et remonté sur la question de l'immigration. C'est précisément cette imprévisibilité que craignent avant tout les milieux d'affaires. «S'il faut vraiment attendre fin 2017, cela signifie deux années d'incertitude, et l'incertitude est la dernière chose que souhaitent les investisseurs», rappelle Joerg Wuttke, président de la Chambre de commerce de l'UE en Chine. «Elle pourrait, s'inquiète-t-il, rendre les Chinois plus réticents à investir en Grande-Bretagne», l'une de leurs destinations favorites en Europe, avec une forte accélération ces dernières années. Selon des données du comité d'échanges économiques sino-britannique, la deuxième puissance mondiale y a injecté plus de 10 milliards d'euros l'an passé, un montant 14 fois supérieur à celui de 2008. Mais, paradoxalement, la sortie du Royaume-Uni pourrait s'avérer une «bonne nouvelle» pour Pékin, selon des analystes.

Le Dubaï de l'Europe

«L'impact sur les investissements chinois serait limité. Au contraire, il pourrait les favoriser, car la Grande-Bretagne ne serait plus obligée de suivre les règles de l'UE», argue Tao Jingzhou, avocat du cabinet de droit des affaires Dechert LLP China. M. Tao juge en outre «impossible que Francfort ou Paris détrônent la City de Londres comme place incontestée de la finance internationale» avec New York.
Brexit ou pas, aucun analyste n'envisage un déclin de la City. «Londres sera toujours spéciale en raison de la langue (l'anglais) et de son système financier. Il sera très difficile de la remplacer à moyen et long terme», observe le responsable de la Chambre de commerce européenne en Chine. «Mais il est possible que les gros investisseurs étrangers attendent 2017 pour savoir si les Anglais restent en Europe ou s'ils préfèrent devenir le Dubaï financier de l'Europe».

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