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Un Royaume uni qui se tourne vers le développement

Cet anniversaire de la Marche verte restera sans doute dans l’histoire contemporaine du Royaume. Non seulement du fait de l’importance de l’évènement, qui est l’un des actes fondateurs de l’histoire du Maroc moderne, mais principalement en raison du discours royal qui a impulsé une dynamique nouvelle et donné une nouvelle dimension au Royaume du Maroc.

Un Royaume uni qui se tourne  vers le développement

Le discours de Sa Majesté marquera sans doute un tournant dans la politique intérieure du Maroc. Le Souverain a tenu à exprimer une vision à long terme du développement de son Royaume en y incluant toutes ses régions et en rappelant son unité. Un geste unanimement salué à l’intérieur comme à l’extérieur du Royaume.

Les provinces du Sud, acteur majeur du développement

Aucune autre occasion ne pouvait pas être meilleure que la Marche verte pour exprimer cette vision structurante. Les provinces du Sud appartiennent au Maroc et sont reconnues comme telles depuis la naissance du Royaume. Mais le discours royal leur permet de prendre une nouvelle dimension puisqu'elles jouent désormais un rôle d'acteur majeur dans le développement du pays. Et les projets ne manquent pas pour faire des provinces du Sud un acteur majeur du développement du Royaume. Ainsi, le renforcement du réseau routier de la région, à travers la réalisation d'une voie express aux normes internationales entre Tiznit, Laâyoune et Dakhla, la construction d'une ligne ferroviaire de Tanger à Lagouira, pour relier le Maroc au reste de l'Afrique, la construction du grand port atlantique de Dakhla, la réalisation d'importants projets d'énergie solaire et éolienne dans le Sud, et la connexion de la ville de Dakhla au réseau électrique national, la mise en œuvre du grand projet de dessalement de l'eau de mer à Dakhla, ou encore la mise en place d'unités et de zones industrielles à Laâyoune, Marsa et Boujdour, sont autant de projets que le Souverain souhaite réaliser afin de faire des provinces du Sud de véritables acteurs du développement du Royaume tout entier. Il faut y voir la volonté royale de promouvoir un certain équilibre dans le développement de l'ensemble des régions du territoire, mais également un message clair et fort adressé par le Souverain aux sujets du Sud pour leur rappeler qu'ils ne sont pas oubliés et qu'ils ont un rôle majeur à jouer dans le développement de leur pays. Faut-il pour autant y voir un message ou des enjeux géopolitiques particuliers ?

Quelle lecture géopolitique faut-il faire du discours de Sa Majesté ?

À l'heure où les dissensions sur le Sahara sont loin d'être dépassées, que de nouvelles options politiques sont privilégiées et que le Maroc construit sa stratégie, d'aucuns pourraient analyser ce discours comme un coup stratégique et une volonté d'accumuler des points. Certes, Sa Majesté n'a pas manqué de réitérer les positions fondamentales du Royaume et de fustiger les ennemis dévoilés comme ceux cachés, mais la décision de développer les provinces du Sud ne doit pas forcément être analysée comme un coup stratégique.
Bien au contraire, elle entre dans le cadre d'une stratégie mûrement travaillée et développée au cours des 13 dernières années qui consiste à mettre à la disposition de chaque région les atouts pour se développer. Cela a été le cas dans les provinces du Nord qui ont vu en quelques années la ville de Tanger devenir un hub maritime de premier plan, cela a été le cas dans la région orientale où les projets poussent comme des champignons et cela sera également le cas dans les provinces du Sud grâce à l'enveloppe de 77 milliards de dirhams qui a été attribuée à cette mission.

Il y a donc derrière ce discours l'aboutissement d'une stratégie dite du bottum up qui consiste à étudier les régions de façon minutieuse pour faire ressortir leurs atouts et mettre en place des projets structurants dans ce sens. L'idée n'est donc pas de sortir un lapin de son chapeau pour impressionner les enfants, mais bien de se donner la main pour construire une stratégie coordonnée et équilibrée en faveur d'un développement global. Bien entendu, cette décision aura un impact non négligeable sur les actions déjà entreprises par le Maroc puisqu'elle leur donne plus de force et de crédibilité. L'on se souvient que le Maroc avait déjà engagé une solution politique en 2007 et qu'il avait fait des promesses qu'il a tenues. Ainsi, les provinces du Sud sont aujourd'hui devenues sûres et leurs populations accèdent à des conditions de vie décentes, comme l'avaient promis les autorités, tandis qu'à Tindouf, les populations restent dans les conditions les plus effroyables, alors même que des aides annuelles de 60 millions d'euros leur sont destinées. Et preuve supplémentaire, s'il en fallait encore, de l'importance que le Royaume accorde à ses provinces du Sud : le phosphate de Boucraa ne représente que 2% des réserves du phosphate du pays. Il ne s'agit donc pas ici de recherche de rente ou d'exploitation, mais bien de la volonté d'un Royaume de développer l'ensemble de ses régions de façon équilibrée et équitable pour parvenir à la richesse commune. 

Bouchra Rahmouni Benhida
Professeur à l’Université Hassan Ier, elle est aussi visiting professor aux USA, en France et au Liban. Ses travaux de recherche lui ont permis d’intervenir dans des forums mondiaux et des special topics dans des institutions prestigieuses à Hong Kong, en France, au Liban, aux Emirats arabes unis et en Suisse. Elle compte à son actif plusieurs ouvrages : «L’Afrique des nouvelles convoitises», Editions Ellipses, Paris, octobre 2011, « Femme et entrepreneur, c’est possible», Editions Pearson, Paris, novembre 2012, « Géopolitique de la Méditerranée », Editions PUF, avril 2013, «Le basculement du monde : poids et diversité des nouveaux émergents», éditions l’Harmattan, novembre 2013 et de « Géopolitique de la condition féminine », Editions PUF, février 2014. Elle a dirigé, l’ouvrage «Maroc stratégique : Ruptures et permanence d’un Royaume», éditions Descartes, Paris, 2013.

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