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«Je veux devenir une star en disputant la Coupe du monde avec mon pays»

Buteur historique de Granada et attaquant aguerri en Liga, Youssef El Arabi a récidivé lundi en signant son 14e but de la saison en championnat espagnol. Une performance qui lui permet d’égaler le record du mythique Larbi Ben Barek. Joint par «Le Matin», l’international marocain nous a livré ses impressions au moment où son club livre la bataille pour le maintien. Plein d’humilité et de réalisme, le fer de lance des Lions de l’Atlas ne cache pas son rêve de disputer la Coupe du monde avec l’équipe nationale. À 29 ans, El Arabi n’exclut pas de changer d’air à la fin de la saison avec pour ambition de disputer la Ligue des champions.

«Je veux devenir une star en disputant la Coupe  du monde avec mon pays»

Le Matin : Avec le but inscrit à Balaidos face au Celta Vigo lundi, vous avez atteint 14 buts en Liga cette saison, votre meilleur score depuis votre arrivée à Granada en 2012. Que ressentez-vous après avoir atteint ce chiffre ?
Youssef El Arabi : C’est une performance qui fait plaisir. Mon objectif en tant qu’attaquant est de marquer des buts, mais le plus important est que les buts soient décisifs afin d’assurer le maintien du club en première division. Lundi, on a perdu face au Celta Vigo (1-2), mais il nous reste trois matchs à disputer et on devra au moins en gagner deux pour assurer le maintien.
Nous savons que ce sera délicat et qu’il nous faudra rester concentrés jusqu’à la fin.

La lutte pour le maintien bat son plein et cela relègue au second plan une autre performance, le fait que vous ayez égalé le record du mythique Larbi Ben Barek. Que ressentez-vous à l’idée d’atteindre un chiffre qui a traversé l’histoire, en devenant le meilleur buteur marocain en Espagne ?
Je suis vraiment content dans la mesure où tout le monde connait le légendaire Larbi Ben Barek. On grandit avec ce genre de noms marocains qui ont fait l’histoire.
De mon côté, je suis à la fois très content et très fier d’entrer dans l’histoire de mon pays en étant le meilleur buteur marocain en Liga, en espérant continuer.

Ce n’est pas le seul record pour vous cette saison, puisque vous avez délogé Enrique Porta, le meilleur buteur de l’histoire de Granada. Cela vous donne-t-il une motivation en plus, d’inscrire votre nom dans l’histoire d’un club ?
Certainement. Cela motive encore plus quand on voit qu’on marque et qu’on devient meilleur buteur ou buteur historique. En tant que joueur professionnel, mes ambitions sont illimitées et maintenant que j’ai atteint ce genre de réalisations,
j’en veux toujours plus. Je suis content de mes performances, mais je n’oublie pas non plus que je dois beaucoup à mes coéquipiers. Être un bon attaquant ne suffit pas. Le travail de groupe est toujours payant et sans mes collègues je n’aurais jamais atteint ces statistiques.

Vous avez entamé la saison avec un but à Tanger, face à l’IRT en match amical. Gardez-vous un souvenir spécial de cette soirée ?
C’est sûr que c’est toujours plaisant de marquer à la maison (rires). En plus, face à une belle équipe de Tanger et un public formidable qui m’encourageait, même si je jouais en face. C’est un souvenir spécial et qui me rappelle beaucoup mes réalisations en équipe nationale.

Justement, avec l’équipe nationale, vous semblez en période de renouveau, après quelques matchs sans réussite, où vous avez même essuyé quelques sifflets de la part des supporters. Comment avez-vous vécu cette période où vous étiez fortement critiqué ?
On connaît très bien les supporters marocains qui sont de fins connaisseurs et donc exigeants. Quand on est un attaquant et qu’on ne marque pas, on est forcément l’objet des critiques. Tous les attaquants passent par une période creuse. Des fois, malgré l’effort fourni, le résultat ne suit pas forcément, mais ça fait partie du football. Dans ce cas, je reste tranquille et je continue de travailler sans beaucoup trop y penser. En sélection, j’ai connu des hauts et des bas, mais maintenant, grâce à Dieu, je vis une période faste et j’en suis très content.

Vous pensez que la venue d’Hervé Renard vous a donné plus de motivation ?
Non, pas du tout. J’ai toujours été très motivé de répondre aux couleurs de l’équipe nationale. Même quand Badou Ezaki était sélectionneur, je venais pour honorer mes convocations et représenter mon pays. C’est vrai qu’avec un système de jeu porté vers l’avant, on se crée plus d’occasions et on atteint plus les buts adverses, mais la motivation n’a jamais été un handicap. Au contraire, elle a toujours été là de mon côté. Je suis actuellement à 15 buts en 33 sélections, dont 24 en tant que titulaire. Pour moi, c’est une bonne chose.

Avec Mehdi Benatia, Younès Belhanda et M’barek Boussoufa, vous faites partie des cadres de l’équipe nationale. Comment se passe l’intégration des jeunes joueurs talentueux, comme Sofiane Boufal ou Hakim Ziyech, sachant que certains viennent des Pays-Bas, d’autres de France ?
Je fais partie des 4 ou 5 joueurs qui sont en sélection depuis un bon moment et on doit être tous soudés, ce qui est le cas. J’ai un peu la particularité de parler arabe couramment. Du coup, je m’entends très bien avec l’ensemble des joueurs, qu’ils soient anciens ou nouveaux. C’est vrai qu’il y a une belle génération qui arrive, comme Ziyech et Boufal. On essaye de les mettre en confiance, comme les autres l’ont fait pour nous quand on est arrivés la première fois en sélection. Ce sont des joueurs importants pour nous et pour l’avenir de l’équipe nationale. À nous maintenant de travailler ensemble pour aller de l’avant.

Dans un récent entretien accordé à «FIFA.com», vous avez présenté deux critères pour définir une star de football : jouer la Ligue des champions et remporter des titres. Vous ne pensez pas qu’il est temps pour vous de franchir ce cap et rejoindre une équipe qui joue la Ligue des champions ?
Comme je l’ai dit, pour être une star, il faut jouer des compétitions de haut niveau comme la Ligue des champions. Pour moi, c’est un rêve de jouer la Ligue des champions. Je ne sais pas quand ou dans quelle équipe et dans quelles conditions, mais ça fait partie de mes ambitions. J’ai dit aussi que pour être une star, il faut disputer une Coupe du monde. C’est là que l’objectif est bien plus clair pour moi : atteindre la Coupe du monde avec l’équipe nationale.

Nous avons vu que lors des marchés de transferts précédents, vous avez été très sollicité par de beaucoup de clubs, mais vous avez préféré rester à Granada. Vous préférez honorer votre contrat ou un départ est-il toujours d’actualité ?
C’est vrai que j’ai eu beaucoup d’offres, surtout lors du mercato d’hiver. Cependant, il est difficile de changer de club en plein milieu de saison. À Granada, je m’entends très bien avec le président et avec les autres composantes du club, qui ont toujours été là pour moi. Maintenant, il me reste un an de contrat à honorer et en été, on verra s’il y a la possibilité d’évoluer dans un autre club. Chaque chose en son temps.

Si Granada ne se maintient pas en Liga, vous allez quand même rester ?
Non, je ne resterai pas. J’aime beaucoup le club et la ville, mais je dois me maintenir à un niveau compétitif. Je pense que dans ce genre de situations, il faut être sincère. Je ne peux pas me permettre de jouer en deuxième division.

Sans entrer dans la polémique, vous avez été malgré vous mêlé à une affaire de racisme. Que s’est-il passé avec le gardien de but de Levante jeudi dernier ?
Comme je l’ai dit aux médias espagnols, au moment de tirer mon pénalty (lors de la victoire de Granada 5-1, ndlr), Mariño s’est approché de moi et m’a insulté, en proférant une insulte raciste. Après, j’ai vu que de son côté il a tout nié. Donc allait être ma parole contre la sienne. De mon côté, je fais le geste de la mitraillette pour célébrer mes buts, les gens l’ont mal interprété, même si je le fais à chaque fois. De toute façon, je suis quelqu’un de tranquille, je ne vais pas proférer des accusations aussi graves si elles étaient infondées. Je ne vais pas non plus répéter cet épisode à chaque fois et j’espère que cette polémique en restera là.

Vous est-il déjà arrivé d’être confronté à ce genre d’insultes à caractère raciste ?
Non, jamais ! C’est la première fois. Aucun joueur ne peut nier que des insultes peuvent être lancées sur le terrain. Je le comprends et je mets ça sur le compte de la rivalité et des esprits qui s'échauffent dans un match, mais jamais ils ne sont de cette gravité. Maintenant, l’incident est clos de mon côté, je préfère me concentrer sur le reste de la saison avec mon équipe.

Vous êtes l’un des plus anciens joueurs marocains en Espagne. Quels rapports entretenez-vous avec les autres joueurs marocains ?
De très bons rapports. À Granada, il y a le jeune Nabil Jaâdi, qui évolue avec les Espoirs. Il y avait aussi Noureddine Naybet qui était à Malaga, avec lequel le suis toujours en contact. Il y a Hachim Mastour, auquel j’ai l’occasion de rendre visite de temps en temps pour demander de ses nouvelles. Cette semaine, Granada va accueillir Las Palmas et j’aurai l’occasion de voir Nabil El Zhar qui est un très bon ami. Des fois aussi, j’ai le plaisir de croiser Noureddine Naybet, qui est une légende ici en Espagne et qui a la gentillesse de venir demander de mes nouvelles. J’entretiens de très bons rapports avec tous les joueurs marocains et ça me fait plaisir de les voir de temps en temps.

Un petit mot pour les lecteurs du «Matin».
J’espère que tous les supporters marocains continueront à nous encourager comme ils le font toujours et surtout de suivre et d’encourager tous les joueurs de l’équipe nationale, qu’ils soient au Maroc ou à l’étranger. Avec la force et l’énergie qu’ils nous donnent, j’espère qu’on pourra atteindre nos objectifs et porter haut les couleurs du Maroc.

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