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«La démarche RSO constitue un véritable instrument pour la territorialisation des entreprises et la pérennisation de leur activité»

«La démarche RSO constitue un véritable instrument pour la territorialisation des entreprises et la pérennisation de leur activité»
Le tissu économique (entreprises publiques, privées, PME) a un rôle d’implémentation ; il se doit d’anticiper ses incidences négatives, sociales comme environnementales et cibler la triple performance selon le concept du développement durable.

Éco-Emploi : Quel est l’état des lieux de la responsabilité sociétale des organisations au Maroc ?
Abdellah Mouttaqi : Les différentes auditions et analyses réalisées par le CESE dans le cadre de son auto-saisine sur la RSO ont révélé, avec satisfaction, le niveau de prise de conscience généralisé et constant par les différentes organisations, de la pertinence d’intégrer ce concept dans leur périmètre d’activité et leur politique de développement. Cette prise de conscience et sa déclinaison en plans d’action varient cependant d’un type d’organisation à un autre. Les meilleures avancées sont présentées par les entreprises privées en conformité avec le label RSE et la charte RSE portés par la CGEM ; ces avancées couvrent à la fois les volets de la planification stratégique, la gouvernance, le reporting - même s’il n’est pas toujours en conformité avec les normes internationales-, les outils dédiés à la gestion ainsi que l’importance accordée à l’implication des parties prenantes.
Les associations marocaines commencent aussi à formaliser leurs démarches de RSO en notant l’existence au Maroc d’un référentiel et d’un Label indépendant de Responsabilité sociale des associations.
Le secteur financier privé a pour sa part entrepris des actions encourageantes ; le Maroc est le premier pays de la région où se met en place la finance responsable. Cependant, des efforts restent nécessaires pour intégrer la responsabilité sociétale comme critère d’attribution des financements afin d’avoir un regard sur le degré de respect du concept RSO au sein des projets financés.

Quel est le rôle des différents acteurs pour le développement de la RSO ?
De l’avis du CESE, l’intégration de la RSO s’incarne dans la dimension quadripartite entre l’État, le tissu économique, les territoires et la société civile y compris bien entendu les centrales syndicales. En effet, dans le complexe de ces relations, les interactions croisées entre ces quatre catégories d’acteurs et leurs synergies sont un tout indissociable pour mener à l’efficience les démarches pour l’appropriation de l’approche RSO. Ainsi, le rôle de l’État est primordial en tant que promoteur et acteur de la RSO ; notamment sous l’angle de l’exemplarité et de la gouvernance du champ du développement durable ; la gouvernance est considérée à la fois comme préalable mais aussi comme catalyseur pour l’adoption des principes de la responsabilité sociétale. Le rôle de l’État comme acteur de la RSO passe, selon le CESE, par la mise en place d’une Charte de l’administration responsable, l’application des principes de la RSO à l’état employeur, l’instauration d’une politique d’achats publics responsables et l’inscription des établissements publics dans une démarche environnementale.

Le tissu économique (entreprises publiques, privées, PME) a un rôle d’implémentation ; il se doit d’anticiper ses incidences négatives, sociales comme environnementales et cibler la triple performance selon le concept du développement durable. L’atteinte de cette triple performance fait appel à la reconnaissance des parties prenantes, l’acceptabilité sociale et environnementale et le reporting extrafinancier. Le rôle dédié aux PME tient compte des spécificités de cette catégorie d’entreprises. En effet, les PME, plus liées au territoire et au travail en réseau, puisent leurs ressources humaines, sociales, ou d’information dans les milieux où elles interviennent ; elles représentent ainsi des accélérateurs de la RSE au niveau national comme territorial.

La société civile, forte de l’importance que lui a accordée la nouvelle Constitution de 2011, a un rôle de plaidoyer, de collaboration ou de dénonciation. Pour la réussite de leurs actions, les organisations de la société civile doivent être dotées de moyens humains et financiers et devraient opter pour la RSO comme cadre de leur développement. Les territoires, quant à eux, occupent une place privilégiée dans les stratégies de développement durable puisque c'est à l’échelle du «local» que s'expriment les impulsions visant un développement inclusif ainsi que les compromis entre les enjeux économiques sociaux et environnementaux. Avec la régionalisation avancée, l'intégration des enjeux du développement durable constitue un vivier d'opportunités adaptées aux spécificités de chaque territoire nécessitant l’adoption d’une approche participative et des mécanismes de concertation et co-construction selon une démarche d’innovation territoriale.

Le rapport souligne le double rôle de l’État en tant que promoteur et acteur de la RSO. Quel modèle opérationnel pour développer ce concept au Maroc ?
La vision du CESE pour l’opérationnalisation de ce concept au Maroc part du fait qu’aujourd’hui, la responsabilité sociétale n’est plus du seul ressort des entreprises privées, mais aussi celui de l’ensemble des organisations. En plus de sa qualité d’investisseur, l’État joue un rôle de promoteur de la gouvernance de la RSO et donc de catalyseur des pratiques responsables.Pour l’opérationnalisation de la démarche de responsabilité sociétale des organisations, le CESE recommande la création du Forum national du développement durable et de la Responsabilité sociétale des organisations. Cette instance consultative agira en tant que point focal national défini par les pouvoirs publics en concertation avec les parties prenantes qui la composent pour promouvoir les pratiques du développement durable et de la responsabilité sociétale, renforcer la concertation entre les parties prenantes en vue de favoriser la démocratie participative et la responsabilité sociétale, évaluer le niveau d’ancrage de cette approche et impulser l’investissement socialement responsable. En conformité avec les principes de gouvernance démocratique, la composition de cette instance reflèterait l’importance du maillage et des synergies nécessaires à sa réussite ; ses membres seraient ainsi représentatifs de divers groupes de parties prenantes représentant les pouvoirs publics, les acteurs économiques, les partenaires sociaux, la société civile et les experts et académiciens.

La RSO, démarche pourtant volontaire du côté du secteur privé, est considérée comme un préalable nécessaire à un développement pérenne. Quels avantages ?
Intégré dans une démarche cohérente et organisée en fonction des attentes des parties prenantes et des activités de l’organisation, le concept de la responsabilité sociétale constitue un ensemble de mécanismes de transition vers un développement durable. Cette démarche procure à l’organisation un avantage réputationnel et concurrentiel, une nouvelle exposition vis-à-vis des investisseurs et un meilleur accès aux capitaux, une gestion et une maitrise des risques, une protection contre les coûts des sanctions ainsi qu’une gestion efficiente de ses ressources, une motivation et une performance des collaborateurs, un développement de bonnes conditions d’acceptabilité sociale et enfin l’investissement de nouveaux champs d’innovation. Il s’agit en conclusion d’un véritable instrument pour la territorialisation des entreprises et la pérennisation de leur activité. 

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