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Au SIAL, les jeunes de la «foodtech» débordent d'idées, mais manquent de capitaux

Au SIAL, les jeunes de la «foodtech» débordent d'idées, mais manquent de capitaux
Le ministre de l'Agriculture Stephane Le Foll (à droite) sur le stand de la société «Ici et là», lancée notamment par Emmanuel Brehier (2e à partir de la gauche), au SIAL le 16 octobre 2016.

Steaks végétaux, jus de baobab ou étiquette intelligente : les pionniers de la «foodtech» à la française débordent d'idées, mais manquent souvent de capitaux. Emmanuel Brehier fait toutefois partie des chanceux. Il a lancé la société «Ici et là» en 2014 avec Benoit Plisson, en sortant de l'Isara de Lyon qui forme des ingénieurs agronomes. Pour les financements, «jusqu'ici tout va bien», dit-il à l'AFP dans les allées du salon de l'agroalimentaire SIAL à Villepinte, près de Paris. Leur idée : développer des alternatives à la viande à partir de légumineuses traditionnelles, lentilles, pois chiche, haricots. «On a décidé de se faire connaître avant d'aller voir des financeurs», dit M. Bréhier. Lauréats d'un concours européen d'innovation alimentaire, puis du concours mondial d'innovation lancé par Arnaud Montebourg, alors ministre du Redressement productif, qui leur a rapporté 110.000 euros, les «bouchers verts», le nom de leur marque, ont ensuite bénéficié d'un prêt d'honneur de 70.000 euros à taux zéro auprès d'Initiative France.

Du coup, lorsqu'ils ont frappé à la porte des banques, leurs steaks de lentilles ont été fort bien reçus et financés, car déjà adoubés par le milieu. Mais pour beaucoup de jeunes pousses françaises, l'aventure s'arrête là, faute de capitaux et de capital-risqueurs dans le secteur.
Aux États-Unis, la foodtech (entreprises agroalimentaires développant des technologies innovantes) «lève facilement 100.000 dollars sur le marché», note Christophe Breuillet, directeur d'Accelerize, un accélérateur du pôle de compétitivité Vitagora qui cherche à faire parrainer des start-up prometteuses ou des PME confirmées par de gros groupes agroalimentaires. Selon lui, «en France, beaucoup de très bonnes idées finissent mal, les start-up n'arrivent pas à développer leur chiffre d'affaires faute de capitaux et de ce que les Américains appellent le mindset», un état d'esprit bienveillant envers ces initiatives.

Micro-algues, puces à bactéries

Accelerize s'est fixé pour objectif de faire émerger d'ici 2020 au moins 5 «licornes» françaises, c'est-à-dire des champions reconnus au niveau international en agroalimentaire, sur les quelque 150 projets qu'il examine actuellement. «Des professionnels, anciens et actuels dirigeants du secteur, ont accepté de venir donner de leur temps», dit-il. Mais tout le monde y a intérêt. «Les grands groupes ont tous peur de se faire “ubériser” ou “disrupter”, le nouveau mot à la mode, et ont besoin des jeunes inventifs des start-up pour les aider à évoluer»,
ajoute-t-il. Parmi ses protégés, figure notamment Algama, fondée par trois amis qui travaillent sur les micro-algues riches en protéines et acides gras essentiels qui ont déjà su convaincre un des actionnaires de Facebook de les suivre. «Quand on va connaître le génome de chacun, on pourra faire de la nutrition personnalisée. Les consommateurs veulent des produits ciblés sur leur santé ou leurs croyances, comment est-ce que l'industrie et la grande distribution vont s'adapter ?», s'interroge M. Breuillet. Finalement conscients du problème, plusieurs groupes agroalimentaires se sont réunis pour monter leur propre fonds de capital-risque il y a deux ans : Cap Agro est chargé de sortir les start-up de la «vallée de la mort», selon l'expression de Xavier Beulin, président du premier syndicat agricole français, FNSEA, et du numéro un français des huiles Avril. Fondé par Avril avec le groupe sucrier Tereos, Bpifrance, Groupama, AG2R, Bel, Terrena, et Crédit Agricole, le fonds a «aidé 15 sociétés en deux ans», a dit à l'AFP Jean-Philippe Puig, président de son conseil de surveillance. Mais beaucoup de projets restent en friche : Cap Agro avait reçu 340 dossiers de demandes de financement. Parmi les heureux élus figure Cryolog qui a inventé une puce à base de bactéries pour les étiquettes des surgelés. Elle devient rouge lorsqu'il y a rupture de la chaine du froid.

Ou encore «Matahi», société fondée en 2013 par deux amis ingénieurs agronomes de Montpellier qui commercialise des jus de baobab, très énergétiques. Aujourd'hui, Cap Agro a investi la moitié de ses 57,5 millions d'euros initiaux et prépare un deuxième appel de fonds. Objectif : doubler la taille du fonds «dans 6 à 12 mois», selon M. Puig.

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