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Cinq ans de crise et un bilan toujours plus lourd

Cinq ans de crise et un bilan toujours plus lourd
Au premier trimestre, le nombre d'ordinateurs écoulés, tous fabricants confondus, a encore plongé de 9,6%, passant sous la barre des 65 millions pour la première fois depuis 2007, selon le cabinet de recherche Gartner.

La crise du PC, désormais dans sa cinquième année, semble n'offrir aucun répit aux acteurs historiques de ce marché, forcés à une douloureuse adaptation. Les 12.000 suppressions d'emplois annoncés mardi par le géant américain des puces informatiques Intel en sont une nouvelle illustration. Son patron, Brian Krzanich, a justifié ces coupes, représentant 11% des effectifs mondiaux, par le besoin d'«accélérer» la transformation du groupe. «Nous évoluons pour passer d'une entreprise liée au PC à une entreprise qui fait fonctionner le Cloud (les services dématérialisés en ligne, Ndlr) et des milliards d'objets intelligents et connectés», a-t-il affirmé. 2016 s'annonce comme la cinquième année consécutive de recul des ventes mondiales de PC et l'ampleur du déclin est loin de s'atténuer. Au premier trimestre, le nombre d'ordinateurs écoulés, tous fabricants confondus, a encore plongé de 9,6%, passant sous la barre des 65 millions pour la première fois depuis 2007, évaluait la semaine dernière le cabinet de recherche Gartner.

Mutation chez Intel et Microsoft

«Les PC ne sont plus adoptés dans les nouveaux ménages comme avant, surtout sur les marchés émergents» où «les smartphones sont la priorité», résumait Gartner. Pour Patrick Moorhead, analyste chez Moor Insights & Strategy, les restructurations d'Intel «reflètent ce qui se passe de manière générale dans le secteur technologique» : après une époque dominée par le PC qui servait à accéder directement à internet, on est passé à l'utilisation d'applications mobiles sur smartphone et l'équilibre se déplace aujourd'hui vers les objets connectés et le Cloud. «D'autres entreprises comme Microsoft ont évolué dans la même direction ces dernières années», rappelle l'analyste. À l'heure de gloire du PC, Intel comme Microsoft y étaient presque incontournables, le premier avec ses puces et le second avec son système d'exploitation Windows. Les deux groupes se sont reposés sur leurs lauriers et n'ont pas vu arriver le virage du mobile. Intel a été supplanté sur les smartphones par des rivaux comme Qualcomm, tandis que Google et Apple ont bâti un quasi-duopole sur les systèmes d'exploitation mobiles avec Android et iOS. «Votre force est votre faiblesse, et votre faiblesse est votre force – quand vous gagnez de l'argent sur le PC, c'est difficile d'aller sur un autre créneau qu'on ne connaît pas», résume Roger Kay, analyste chez Endpoint Technologies Associates. Une nouvelle génération de patrons s'efforce néanmoins de ne pas reproduire l'erreur du mobile. Brian Krzanich mise depuis 2013 chez Intel sur les composants pour les objets connectés et les centres de données, dans lesquels la restructuration doit permettre d'encore plus investir. Satya Nadella, aux manettes de Microsoft depuis 2014, a annoncé la même année le plus gros plan social de l'histoire du groupe (18.000 suppressions d'emplois) et entériné un virage vers le Cloud, aujourd'hui un moteur des performances financières du groupe.

Avenir incertain pour les fabricants

C'est peut-être chez les grands fabricants d'ordinateurs que la transition s'avère la plus difficile. «L'inventeur» du PC, IBM, avait été le premier à lâcher cette activité, en la revendant dès 2005 au groupe chinois Lenovo. Son rival Hewlett Packard a fini par se scinder en deux l'an dernier, pour séparer ses activités de services aux entreprises de celles dans les PC et les imprimantes. Ces deux groupes semblent toutefois toujours coincés en plein milieu d'un processus de transformation qui dure déjà depuis des années et a coûté des dizaines de milliers d'emplois.
IBM en particulier, même s'il met beaucoup en avant ses progrès dans le Cloud et son système d'intelligence artificielle Watson, a fait état cette semaine d'un seizième trimestre consécutif de recul de son chiffre d'affaires.En Asie, Lenovo, aujourd'hui premier fabricant mondial d'ordinateurs, avait accusé sur les trois derniers mois de 2015 la première baisse de son chiffre d'affaires en six ans (-8%, et même -12% pour la division PC). Les trois groupes japonais Toshiba, Fujitsu et Vaio (ex-division de Sony cédée à un fonds d'investissement en 2014) discutent pour leur part d'un regroupement de leurs activités PC. Windows 10, la nouvelle version du système d'exploitation de Microsoft, représente peut-être un des derniers espoirs aujourd'hui, avec 270 millions d'activations en huit mois. Cela ne se matérialise pas encore dans des ventes d'ordinateurs, mais les analystes font valoir que les utilisateurs ne pourront pas retarder indéfiniment le remplacement de leurs appareils dont la sécurité et les performances sont dépassées. Gartner et un autre cabinet, IDC, prédisent que les entreprises en particulier devraient commencer à renouveler leur parc d'ordinateurs d'ici la fin de cette année.

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