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Colombie : La stabilité, grand garant du développement

La Colombie est considérée comme le troisième plus important pays hispanophone au monde et troisième pays latino-américain par la population. Ce pays aurait pu devenir la troisième puissance économique du sous-continent. Pour l’instant, son produit intérieur brut le classe en quatrième position, assez loin derrière l’Argentine.

La Colombie dispose d’atouts importants. Tout d’abord, comme c’est le seul pays à disposer d’une double façade maritime, sur l’Océan Pacifique et la mer des Caraïbes, cette situation géographique en fait un espace de transition entre le bloc continental de l’Amérique du Sud, l’espace isthmique de l’Amérique centrale et le monde caraïbe. La Colombie connait une grande variété des apports démographiques, avec une forte minorité noire. Une situation qui peut être expliquée par sa situation géographique et par son histoire aussi. Durant l’empire espagnol, la Colombie était un élément essentiel du dispositif impérial, au point de justifier la création du vice-royaume de la Nouvelle Grenade. Ensuite, La Colombie possède des ressources minières importantes. Elle produit 60% des émeraudes du monde et elle est exportatrice d’une source d’énergie rare sur le continent, le Charbon (13% des exportations du pays). Elle exporte aussi le pétrole (32% des exportations du pays), le nickel, l’or et les phosphates, le café quant à lui ne représente que 5% des exportations.

Dans un environnement géopolitique très particulier, la Colombie est considérée comme le point d’appui le plus fiable des États-Unis dans le sous-continent. Depuis l’élection d’Alvaro Uribe, la Colombie est devenue un des partenaires essentiels des États-Unis qui sont son premier client et son premier fournisseur. Cette proximité avec le pays de l’Oncle Sam lui vaut de violentes réactions en Amérique latine. Comme ce fut le cas à la suite de la signature entre les deux pays d’un accord de défense en octobre 2009. Ce dernier accordait des facilités d’accès au voisin du nord à sept bases militaires colombiennes. Souffrant d’un certain isolement au niveau régional, la Colombie a procédé au développement de son intégration au sein de l’Amérique andine, à l’association au Mercosur (Marché commun du Sud) en 2004, au développement de ses relations avec l’Amérique Centrale, les Caraïbes et le Mexique et à manifester un intérêt pour la zone Asie-Pacifique.

La Colombie doit faire face au problème sécuritaire. Le manque ou l’absence du contrôle de l’État, combiné au narcotrafic (la Colombie est le premier pays producteur mondial de cocaïne), aux guérillas menées par les Farcs et aux contre-guérillas de droite, entretient un climat de guerre civile et de violence. L’enjeu est tellement grand et malgré les protestations de l’ancien Président colombien, Alvaro Uribe, qui n’admettait pas que l’accord permette aux rebelles de se faire élire au Congrès et de ne pas purger la moindre peine de prison, et malgré le fait qu’une partie de la population jugeait cet accord trop clément avec la guérilla, le 26 septembre dernier, le Président colombien, Juan Manuel Santos, et le commandant en chef des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), Rodrigo Londoño, plus connu sous le nom de guerre de «Timochenko», ont signé l’accord de paix, mettant ainsi un terme à la plus longue guerre civile en Amérique latine qui a duré cinquante-deux ans.
Plusieurs pays ont pris acte de cet accord et leurs réactions ne se sont pas fait attendre. 
L’Union européenne a procédé au retrait du mouvement marxiste de sa liste des organisations terroristes. Et les États-Unis, alliés traditionnels de la Colombie, à travers son secrétaire d’État américain, John Kerry, ont déclaré qu'ils verseraient l’an prochain 390 millions de dollars à la Colombie en guise de soutien au processus de paix. La Colombie, à travers cet accord de paix signé avec les rebelles des Farc, voulait mettre fin à un demi-siècle de guérilla qui a ensanglanté le pays faisant près de 300.000 morts et des millions de déplacés et qui l’a empêché de se développer.

Sauf que la joie a été de courte durée, puisque début octobre, le non l’a emporté au referendum organisé à l’occasion de la signature de l’accord de paix. Plusieurs observateurs s’accordent sur le fait que la crainte du «castro-chavisme», «l’idéologie du genre» et la mobilisation de l’église sont les principales raisons de la victoire du non. Il n’est pas facile que ce type d’accord fasse l’unanimité à l'issue d’une guerre civile particulièrement meurtrière, puisque plusieurs problématiques doivent être résolues en amont, à savoir la réintégration des guérilleros, le processus de la réconciliation et l’adhésion de tous au projet d’une Colombie unie dont les enjeux sont énormes.
À travers cet accord de paix, la Colombie cherchait à mettre en place un équilibre très délicat, mais qui allait
lui permettre de mieux se projeter dans l’avenir.

Une fois la stabilité et la sécurité instaurées, la Colombie, avec tous les atouts cités précédemment, pourrait prétendre se hisser au top trois des puissances sud-américaines et figurer parmi les futurs émergents, aussi bien sur les scènes géopolitique que géo-économique de la région. 


Guérilla ou guerre asymétrique

Le terme guérilla désignait à l’origine les opérations menées, à partir de 1808, par des forces irrégulières de patriotes et de bandits contre les troupes de Napoléon occupant l’Espagne. Comme méthode de guerre, elle s’est beaucoup répandue depuis le début du XXe siècle dans plusieurs régions. Elle est devenue le principal mode opératoire de la guerre asymétrique opérée par des mercenaires, des nationalistes et des terroristes et peut relever parfois du mode d’action politique, comme c'est le cas du Sentier lumineux au Pérou ou des Farc. La guérilla compense la faiblesse militaire par la concentration des opérations dans le temps et l’espace, et s’attaque principalement, plutôt qu'aux forces organisées, à leurs réseaux de communication et de logistique, ainsi qu’à la population civile.

Les Farc : origines et mode opératoire

Les Farc sont un mouvement de guérilla marxiste, fondé en 1964, notamment par Manuel Marulanda, chef historique décédé en 2008. Ses origines remontent au mouvement paysan des années 1930 pour obtenir une réforme agraire. Les troubles violents que la Colombie a connus après la Seconde Guerre mondiale, la stratégie du Parti communiste de prôner la lutte pour le pouvoir sous toutes ses formes et les conditions géographiques du pays avec de vastes régions très isolées ont permis à la guérilla de se maintenir. Les ressources des guérilléros proviennent du vol de bétail, des rapts contre rançon et du trafic de drogue. On avance que ce dernier assure 20 à 50% de leurs revenus. La Colombie accuse des États voisins, l’Équateur et le Venezuela, de leur apporter leur soutien. Certains vont jusqu’à dire que le mouvement a acquis une dimension internationale à travers d’éventuels liens avec l’IRA (Irlande) et l’ETA (Pays basque espagnol). Malgré les différentes formes de répression dont a fait l’objet la guérilla, cette dernière s’est maintenue. En dépit de plusieurs tentatives, il n’a pas été possible jusqu’à présent d’intégrer les Farc dans le processus démocratique.

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