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Conquête de l’espace : La Chine sur la bonne voie

La Chine a réussi, la semaine dernière le lancement de son deuxième laboratoire spatial, baptisé Tiangong 2. Il succède au module Tiangong 1, qui doit retomber sur terre l’an prochain. Il est aussi question du déploiement d’une station spatiale habitée Tiangong 3 vers 2022, au moment où la Station spatiale internationale (ISS) aura cessé de fonctionner. Parallèlement à son programme de station orbitale habitée, Pékin s’est fixé un double objectif : envoyer un homme sur la Lune et déployer un véhicule téléguidé sur mars.

Conquête de l’espace : La Chine sur la bonne voie
La lecture que font les Chinois de l’histoire implique que depuis le XVIe siècle le hard et le soft power sont étroitement liés à la créativité technologique, à l’innovation politique et à la position majeure dans la conquête de l’espace. bPh. AFP

Depuis 2002, les conceptions de l’ère Hu Jintao renouvellent le concept de centralité de l’Empire du Milieu. Pour les Chinois, l’histoire révèle que depuis le XVe siècle, seuls les États qui optèrent pour une stratégie de puissance adaptée à leurs particularités et à l’évolution de leur époque ont pu saisir l’opportunité que leur offrait leur environnement : acquisition d’un savoir et/ou d’une technique, mainmise sur une ressource, invention de procédés de fabrication et aptitude à élaborer un modèle politique rationalisé et compétitif pour tirer profit de la révolution industrielle du XIXe siècle. La lecture que font les Chinois de l’histoire implique que depuis le XVIe siècle le hard et le soft power sont étroitement liés à la créativité technologique, à l’innovation politique et à la position majeure dans la conquête de l’espace. Être une grande puissance, c’est développer une puissance globale. La quasi-absence de l’Europe dans l’espace militaire, alors qu’elle est au premier rang dans le domaine civil, peut être considérée comme un fait révélateur d’un certain désintérêt à être une puissance. Les conclusions tirées de cette lecture de l’histoire ne sont pas restées lettre morte, puisque la Chine souhaite, par ses missions spatiales, avancer sûrement dans sa conquête de l’espace.

Inspiré du statut de l’Antarctique, le traité de 1967 précise les contours juridiques de l’espace extra-atmosphérique connu par le terme simple de «Espace». Ce dernier constitue un «héritage commun de l’humanité» placé sous la responsabilité de l’ONU. Toutefois, la militarisation de l’espace reste possible, car si l’appropriation des planètes par les États est interdite, les usages militaires ne le sont pas. Après que l’enjeu de prestige qui était de mise depuis les années 60, c’est la militarisation qui constitue l'enjeu du futur depuis le début des années 80. Au début des années 2000, avec l’apparition des émergents, une chose est sûre, les programmes spatiaux sont devenus des preuves de l’instabilité géopolitique, les attributs spatiaux sont des symboles de la multipolarité des États, en plus d’être des gages de modernité et de réussite technologique. Ils constituent un moyen utilisé par les pays émergents pour jeter les jalons d’un nouvel ordre international.
Jusqu’à présent, c’est l’utilisation de l’espace pour observer, localiser et communiquer qui a le vent en poupe, grâce à des retombées civiles à moindre coût dont les résultats sont fascinants, comme les programmes GPS-Navstar. Depuis que la Chine a affiché sa volonté d'aller sur la Lune, les programmes d’exploration de l’espace, qui étaient au point mort, ont été relancés dans plusieurs régions du monde. Les acteurs sont de plus en plus nombreux dans le domaine de la conquête de l’espace, la maîtrise de l’espace extra-atmosphérique est devenue un enjeu politique, économique et militaire.

Dans un tel contexte et pour préserver le lead, les États-Unis avaient déjà affirmé leur volonté de devenir le «régulateur du Cosmos», début 2013 à Vienne, lors de la réunion du Comité pour l’utilisation pacifique de l’Espace extra-atmosphérique (CUPEEA). Seule l’Agence spatiale européenne avait soutenu la position de Washington, tous les autres membres s’y étaient opposés. Les rapports de force existent donc bel et bien entre les grands acteurs de la géopolitique spatiale : États-Unis, Russie, Europe, Chine et Inde qui recourent tous à des programmes et des stratégies propres à leurs particularités et identifient les segments de rivalité et de coopération entre eux. Les grands enjeux du spatial contemporain, dus à ce renouveau de la politique spatiale en ce millénaire, sont tels que trois grandes questions sont à l’ordre du jour : assiste-t-on à un retour de la course politique à l’espace ? La militarisation de l’espace est-elle probable ? La Chine va-t-elle à terme le dominer entièrement ? 

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