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Des actions concrètes et de grands engagements en faveur du climat

«L’urgence des défis impose de commencer à parler de choses concrètes, afin que cette COP soit celle de l’inflexion et de l’action», a déclaré, le 18 novembre à Marrakech, le président de la COP 22, Salaheddine Mezouar. L’une de ces actions concrètes est l’annonce faite par les 197 gouvernements d’avancer de deux ans la mise en œuvre de l’Accord de Paris, à 2018 au lieu de 2020, comme initialement convenu. Le secrétariat exécutif de la CCNUCC a annoncé la mobilisation de «plusieurs milliards de dollars» pour les technologies propres et le renforcement des capacités.

Des actions concrètes et de grands engagements en faveur du climat
Le Maroc a fait du soutien aux pays les plus vulnérables aux changements climatiques, notamment les insulaires, un des axes principaux de sa feuille de route lors de la COP 22.

La COP 22 s’est terminée, comme il se devait, par la lecture, par Salaheddine Mezouar, de la proclamation de Marrakech : «Nous appelons à un engagement politique des plus fermes afin de lutter contre les changements climatiques, c’est une priorité urgente». Cet engagement, pris aussi bien par les États que les ONG et le secteur privé, s’est soldé par l’avancement de deux années de la mise en œuvre de l’Accord de Paris (2018 au lieu de 2020), la mobilisation de «plusieurs milliards de dollars» selon la Convention-Cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et le transfert des compétences. L’Accord de Paris, entré officiellement en vigueur le 4 novembre 2016 après que le seuil des 55 pays responsables de 55% des émissions de gaz a effet de serre a été dépassé, s’est vu renforcé à Marrakech par la création de la «Under 2 Coalition» (en dessous des 2°C en référence à l’Accord de Paris), un groupe de 165 de gouvernements qui se sont engagés à réduire leurs émissions d'au moins 80% d'ici 2020.

Cette annonce prend toute son importance lorsque l’on sait que le produit intérieur brut (PIB) de ces pays est de 26.000 milliards de dollars, soit un tiers de l'économie mondiale, et «couvre une population d'environ un milliard de personnes vivant en Amérique du Nord, en Europe, en Amérique latine, en Afrique et en Asie», note la CCNUCC qui précise que la COP 22 a également accueilli la première réunion du principal organe de direction de l'Accord de Paris, suite à sa prompte entrée en vigueur. Cette coalition, qui a vu le jour à Marrakech, s’est fixé trois objectifs à court et moyen terme : s’orienter vers une économie sobre en carbone, mettre en place des politiques qui favorisent le partage des connaissances et la coopération entre les signataires, évaluer leurs émissions avec précision et suivre les progrès par rapport à leurs objectifs, en les alignant sur le système de la CCNUCC : «Nous devons nous attaquer aux causes sous-jacentes du risque de catastrophe et de la vulnérabilité climatique. Cela nécessite de limiter au maximum l'augmentation du réchauffement à 1,5°C et d'atteindre la neutralité nette carbone d'ici 2050 au plus tard», déclarent les membres de la «Under 2 Coalition».

Le Maroc a fait du soutien aux pays les plus vulnérables aux changements climatiques, notamment les insulaires, un des axes principaux de sa feuille de route lors de la COP 22. Pour ces pays, Marrakech a été l’occasion de faire entendre leurs voix. Le «Climate Vulnerable Forum», un groupe de plus de 40 nations vulnérables, a publié une déclaration qui renforce l'appel à limiter la hausse de la température mondiale aussi près que possible de 1,5°C. Ces pays estiment que jusqu’à présent les dangers du changement climatique sont minimisés. «Nous nous efforçons d'atteindre une production nationale d'énergie renouvelable à 100% le plus rapidement possible, tout en œuvrant à mettre un terme au déficit énergétique et à protéger la sécurité alimentaire et l'approvisionnement en eau, en tenant compte des circonstances de chaque pays» ont-ils souligné. La COP 22 a également vu naître la «2050 Pathways» qui réunit, en plus de 22 États, 15 grandes villes, 17 régions et 196 entreprises qui s’engagent dans une économie sans émission de carbone : «Aucun pays n’a toutes les réponses. Nous savons où nous devons aller. Tous ensemble, nous détenons la sagesse. Nous avons beaucoup à partager, mais aussi beaucoup à apprendre», a déclaré Jonathan Pershing, envoyé spécial pour les changements climatiques des États-Unis.

Les 100 milliards confirmés, l’adaptation mieux financée

La déclaration finale de la COP 22 réaffirme l’engagement des pays développés à verser 100 milliards de dollars par an pour aider les pays en développement à accéder aux technologies bas carbone et à adapter leurs économies aux changements climatiques. Mais les financements manquent encore. Les pays développés ont deux ans pour trouver des lignes budgétaires pérennes. La France a confirmé vouloir augmenter ses financements annuels pour le climat de 3 à 5 milliards d’euros en 2020 et tripler ses engagements en faveur de l’adaptation des pays du Sud pour atteindre un milliard d’euros par an en 2020. Le financement de l’adaptation d’une manière générale a bénéficié d’une enveloppe de 9 milliards de dollars. À Marrakech, les pays développés se sont engagés à la doubler. Cette décision mérite d'être soulignée : jusqu’à la COP 22 de Marrakech, les projets portant sur l’atténuation des impacts des changements climatiques se taillaient la part du lion au détriment de ceux de l’adaptation qui ne bénéficiaient que de 15% de la finance-climat.

Par ailleurs, la Banque mondiale va porter de 18 à 30% la part de ses prêts en appui à l’action climatique et renforcer fortement celle des financements en faveur de mesures d’adaptation (28% actuellement), comme la promotion de pratiques agricoles climato-intelligentes moins gourmandes en eau, la protection des sols ou encore la mise en place de filets sociaux pour aider ceux qui perdent leur emploi à la suite de phénomènes météorologiques extrêmes. Enfin, la COP 22 a été l’occasion pour Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib, de présenter la feuille de route de la finance-climat du Maroc qui se traduit par de nouveaux produits et mécanismes financiers pour accompagner l'objectif de réduction de 42% des émissions de gaz à effet de serre et celui de porter à 52% la part des énergies renouvelables dans la production électrique à l’horizon 2030. Les investissements nécessaires sont de 50 milliards de DH, dont 35% seront assurés par des ressources externes. Cette feuille de route s’articule autour de 5 axes principaux et regroupe le secteur bancaire, celui des assurances et le marché des capitaux. 

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