Les vieux démons du football marocain ont resurgi samedi lors du match Raja de Casablanca-Chabab Al Hoceïma où deux supporters ont trouvé la mort après les affrontements qui ont éclaté entre deux groupes de supporters du Raja. Un nouveau drame qui survient alors que les autorités venaient à peine d’annoncer, début février, une batterie de mesures urgentes pour lutter contre la violence dans les stades. Des mesures qui ont montré leurs limites et leur inefficacité, puisque depuis la reprise du championnat, après la trêve hivernale, le football national a été secoué par plusieurs incidents graves. Le dernier en date est celui de samedi qui a fait deux morts et 54 blessés au complexe Mohammed V.
Qu’est-ce que cela veut dire ? Que nous sommes face à un problème complexe, qui ne sera pas résolu par les réunions entre les différents départements ministériels et par des annonces phares, mais par une approche globale. Et il ne suffit pas de mettre en avant une approche purement sécuritaire, parce que jusqu’à présent elle n’a pas donné les résultats escomptés. La violence dans les stades a même augmenté. Il ne se passe pratiquement pas un week-end sans qu'on entende parler d’incidents liés au football.
On ne le dira jamais assez, il faudra ouvrir un dialogue national sur ce fléau. Il faut faire évoluer les mentalités afin d’enrayer la culture de la haine. Comment voulez-vous que les supporters soient exemplaires, sur et en dehors des terrains, alors que certains dirigeants attisent la haine par leurs déclarations provocatrices ? Le comportement des entraîneurs critiquant souvent les décisions arbitrales crée un sentiment d’injustice chez les supporters qui recourent à la violence pour exprimer leur ras-le-bol. De même, les gestes irresponsables de joueurs qui font des bras d’honneur aux supporters incitent à la violence. Les manchettes sensationnelles des journaux ont aussi une part de responsabilité. Idem pour les arbitres, qui multiplient les erreurs ou les forces de l’ordre qui n'utilisent que la répression. Comment peut-on demander aux supporters d’être exemplaires si les responsables du football ne le sont pas ? Il faut ouvrir un dialogue national sur ce problème, qui est devenu une affaire de sécurité publique, parce qu’il menace la sécurité des citoyens et des biens publics et privés.