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Farnborough : Les géants Airbus et Boeing toujours dans une course aux commandes

Farnborough : Les géants Airbus et Boeing toujours dans une course aux commandes
Les observateurs s'attendent à une moindre moisson des commandes lors du salon aéronautique de Farnborough, qui s'est ouvert hier en Grande-Bretagne.

La baisse relative des commandes cette année chez Airbus et Boeing masque mal une compétition toujours aussi âpre entre les deux géants pour produire et livrer au plus vite et ainsi préserver, voire gagner, des parts de marché. «Nous sommes toujours dans une course soutenue à la prise de commandes entre Boeing et Airbus, avec des taux de discounts qui peuvent être importants par rapport aux prix catalogue», relève Stéphane Albernhe, managing partner au cabinet Archery Strategy Consulting. «Cela peut paraître paradoxal, alors que Boeing et Airbus ont des soucis avec leurs chaînes d'approvisionnement pour sécuriser les montées en cadence», poursuit-il.

Le géant américain a enregistré 276 commandes nettes depuis le début de l'année, contre 183 pour son rival européen. Les observateurs s'attendent à une moindre moisson des commandes lors du salon aéronautique de Farnborough, qui s'est ouvert hier en Grande-Bretagne.

Le rendez-vous biennal, qui se tient en alternance avec Le Bourget, avait battu, lors de sa dernière édition en 2014, son propre record, avec 201 milliards de dollars (181 milliards euros) de commandes fermes et en option. «Le consensus est qu'un nombre limité de nouvelles commandes est attendu» durant le salon, «conséquence de carnets de commandes pleins et les longs délais pour prendre livraison des avions», ont estimé les analystes de Kepler Chevreux à la veille du salon.

À eux deux, Airbus et Boeing représentent l'écrasante majorité des 13.400 avions en carnet de commandes dans l'aéronautique, soit 10 ans de travail au rythme actuel de production.

Retard de livraison

Pour préserver leurs positions voire gagner de nouveaux marchés, les deux géants ont donc annoncé l'an dernier des montées en cadence de production, notamment de leurs best-sellers A320 et 737, afin de réduire les délais d'attente de livraison, qui seront de sept à huit ans une fois ces rythmes de production atteints. «Il y a un élément sous-jacent qui est très puissant, poursuit Stéphane Albernhe. Le marché (du transport aérien) croît à un rythme de 4,5% par an, ce qui est énorme. Donc tant que ce rythme est maintenu, les compagnies aériennes vont continuer à se développer et de nouveaux entrants vont apparaître.»

Airbus prévoit d'augmenter la production des A320 de 42 appareils par mois aujourd'hui à 60 d'ici fin 2018, et Boeing de 42 exemplaires du 737 par mois à 57 en 2019. Mais malgré une préparation minutieuse, des problèmes de maturité des moteurs Pratt & Whitney destinés aux A320neo ont provoqué des retards de livraison chez Airbus.
L'avionneur a dû parquer des appareils prêts, mais sans réacteurs – des «planeurs», préfère en rire le directeur des opérations du groupe, Tom Williams – sur les tarmacs de Toulouse et Hambourg.
Selon le PDG Fabrice Brégier, environ 25 appareils étaient en attente de motorisation à la veille de Farnborough. Mais, a-t-il relativisé, cela représente seulement deux semaines de production.

En dépit de ce contretemps, Airbus maintient ses objectifs de livraisons cette année : 650 appareils, dont un peu moins d'une centaine d'A320neo. Il a déjà refait une partie de son retard, puisque 296 avions ont été livrés à la veille de Farnborough – dont neuf A320neo – contre 183 à fin avril.
«Ils ont ce problème de montée en cadence, reprend Stéphane Albernhe. C'est une grosse pression pour eux de la part de leurs clients qui peut devenir un irritant fort, donner lieu à des pénalités, voire même déstabiliser des relations établies de longue date.»

Qatar Airways, qui aurait dû être la première à réceptionner le nouvel A320neo cette d'année, a ainsi annulé la commande d'un appareil. Pour autant, les deux géants continuent à prendre des commandes sur la base de prix très remisés, avec des -30, -40, -50% pour les grands contrats alors que théoriquement, lorsqu'une industrie est sous-capacitaire, les prix ont tendance à augmenter", relève Stéphane Albernhe. «C'est là tout le paradoxe, en apparence : une grosse pression des compagnies aériennes, de gros risques sur la chaîne d'approvisionnement, et donc des montées en cadence pas garanties, et d'un autre côté, des prises de commandes avec parfois des conditions commerciales très avantageuses pour les compagnies aériennes.»

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