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L'Argentine retourne à Davos avec un visage pro-marchés

L'Argentine retourne à Davos avec un visage pro-marchés

Fâchée avec les institutions économiques internationales durant les années Kirchner, qui les considéraient co-responsables de la faillite du pays en 2001, l'Argentine retourne à Davos après 13 ans d'absence, avec un nouveau Président et un discours libéral.
Depuis l'arrivée au pouvoir le 10 décembre du président Mauricio Macri, candidat préféré des marchés, l'Argentine n'est plus le même pays pour les décideurs économiques. Le pays sud-américain a entamé sa mue, rompant avec les politiques protectionnistes.
Suppression du contrôle des changes, allègement de la fiscalité dans l'agriculture, l'industrie et pour les classes moyennes, libéralisation des importations et limitation des subventions des factures d'énergie aux plus démunis. «Nous voulons rappeler au monde que nous existons, renouer des relations d'amitié avec des pays dont l'Argentine s'est éloignée ces dernières années», dit le ministre argentin du Budget et des Finances, Alfonso Prat Gay, citant notamment l'Espagne, la France, l'Italie ou les États-Unis.
Dans la station de ski suisse, ajoute-t-il, le Président argentin rencontrera des présidents de grandes entreprises internationales «ayant un fort potentiel d'investissement» et qui pourraient profiter du passage à vide du Brésil.
Pour Matias Carugati, économiste en chef de l'institut argentin Management and Fit, le gouvernement de M. Macri est capable de relancer la troisième économie d'Amérique latine, au ralenti depuis plus de deux ans. Il bénéficie «de la crédibilité initiale de son gouvernement et de l'orientation de sa politique économique, même si le contexte économique international n'aide certainement pas», remarque-t-il. «C'est le début d'une politique économique destinée à résoudre les problèmes hérités de l'administration précédente».

Prévision de forte croissance
Le nouveau président, souligne-t-il, veut donner de l'Argentine une image de «pays prévisible et digne de confiance. Un pays qui laisse de côté les confrontations inutiles», afin d'attirer de nouveaux investissements étrangers. Les milieux économiques reprochaient aux Présidents Nestor et Cristina Kirchner, au pouvoir de 2003 à 2007, les mesures protectionnistes, les nationalisations, la rupture avec le Fonds monétaire international, la gestion de la dette et la détérioration des relations avec des partenaires commerciaux historiques.
Mercredi (dernier) à New York, les négociations ont officiellement repris entre Buenos Aires et les fonds «vautours» américains sur un résidu de dette et le gouvernement argentin fera une première proposition le 25 janvier. Un accord avec les fonds spéculatifs permettrait à l'Argentine de retourner sur les marchés de capitaux. L'Argentine, étranglée par la dette au début des années 2000, a remboursé la plupart de ses créanciers et affiche désormais un endettement faible.
Mais un compromis avec les fonds «vautours» ne se fera pas dans la précipitation. «Il est plus censé d'améliorer d'abord la situation économique locale avant d'envisager une solution définitive au litige», observe l'économiste Matias Carugati.

Un des grands défis de la nouvelle administration sera de juguler l'inflation, de plus de 20% depuis huit ans, et aggravée par la dévaluation de plus de 30% du peso, qui a suivi la suppression du contrôle des changes. Le nouveau gouvernement, avec de nombreux ministres issus du secteur privé, perçoit des signes de reprise et table sur une croissance annuelle de 0,5 à 1% en 2016, puis sur une croissance moyenne annuelle de 4,5% durant les trois années suivantes, selon les chiffres donnés par le ministre Alfonso Prat Gay.
Pour y parvenir, la politique du gouvernement «est de libérer les forces productives pour remettre l'économie en marche», souligne le ministre du Budget. Afin de rassurer les entreprises, qui apprécient la stabilité et la lisibilité politique avant d'investir, Mauricio Macri a convié à Davos un de ses adversaires lors de l'élection présidentielle d'octobre, le péroniste de centre-droit Sergio Massa, troisième du scrutin. En revanche, Daniel Scioli, battu de justesse par Macri au second tour, a décliné l'invitation.
En affichant ce front commun, l'objectif est de donner des gages aux marchés et aux investisseurs, qui avaient pris l'Argentine en grippe durant les années Kirchner. Alors que la précédente administration boudait Davos, M. Macri s'y rendra avec son Chef du gouvernement, Marcos Pena, sa ministre des Affaires étrangères, Susana Malcorra, et son ministre du Budget. 

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