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La France veut jouer sa carte de «hub» vers l'Afrique

La France veut jouer sa carte de «hub» vers l'Afrique
Des ministres français et le président du Medef, Pierre Gattaz, lors du forum franco-africain à Paris, le 6 février 2015.bPh. AFP

Misant sur son positionnement idéal, au carrefour entre l'Europe et l'Afrique, et sur ses relations privilégiées avec un grand nombre de pays africains, la France cherche à s'imposer comme une plateforme vers ce continent auprès des grandes entreprises étrangères. «Pour beaucoup de grands groupes internationaux, ça a du sens d'avoir la France et la région parisienne comme “hub” pour leurs activités africaines», déclare à l'AFP Alain Bentéjac, président du Comité national des conseillers du commerce extérieur de la France (CNCCEF). Fedex, Toyota, Rio Tinto... La liste des grandes entreprises étrangères qui choisissent de piloter depuis l'Hexagone leurs activités en Afrique ne cesse de s'allonger.

Ainsi, depuis septembre 2015, la filiale parisienne du géant japonais de l'aéronautique et de l'énergie Mitsubishi Heavy Industries (MHI) est en charge de la stratégie et du soutien commercial pour la région Europe-Moyen-Orient-Afrique. «Nous pensons que l'Afrique a un excellent potentiel», indique à l'AFP Kengo Tatsukawa, porte-parole du groupe nippon, faisant valoir l'accès privilégié qu'offre la France vers ce marché. «Par ailleurs, compte tenu de la force traditionnelle des entreprises françaises en Afrique, nous voyons des opportunités pour des partenariats avec ces entreprises pour nos projets africains», ajoute-t-il.

En 2015, plus de 40.000 entreprises françaises ont exporté vers des pays africains, soit un tiers des entreprises exportatrices, et les ventes françaises vers le continent ont augmenté de 4%. Par ailleurs, «beaucoup d'entreprises françaises implantées depuis longtemps en Afrique accroissent leurs investissements dans le continent», à l'image de Danone, souligne Lionel Zinsou, coprésident de la fondation Africa France et ex-Premier ministre béninois.

«Connaissance des marchés»

Mais «contrairement à ce que pensent beaucoup d'observateurs, la France travaille maintenant avec toute l'Afrique, et pas simplement avec les économies francophones et les pays de son ancien empire», remarque-t-il. La France concentre ainsi une partie de ses efforts sur les grandes économies du continent, autrement dit le Nigeria, l'Afrique du Sud et l'Égypte. «Il y a vingt ans, c'était beaucoup plus polarisé», note M. Zinsou. Une évolution qui n'a pas échappé aux grands groupes internationaux. «Des pays européens, nous sommes celui qui exporte le plus vers les pays africains, donc nous avons la connaissance des marchés. Une entreprise étrangère, une fois qu'elle est en France, tire profit de cette connaissance», renchérit Muriel Pénicaud, directrice générale de Business France, l'agence publique chargée de promouvoir l'attractivité de la France auprès des investisseurs internationaux. Et lorsqu'une entreprise investit en France pour réexporter ensuite, «on y gagne deux fois», se félicite-t-elle. Sans compter les effets induits par l'implantation sur le sol français de filiales employant des cadres qualifiés et bien rémunérés.

Mais l'Hexagone peut aussi compter sur d'autres atouts pour attirer les entreprises étrangères ayant des visées sur l'Afrique. «Nous avons de très bonnes infrastructures logistiques, notamment au niveau portuaire et aéroportuaire, pour réexporter», souligne Mme Pénicaud. Paris figure comme le principal hub aérien vers le continent, avec des vols directs vers 30 États africains. Raison pour laquelle la société de messagerie Fedex a choisi Roissy-Charles de Gaulle pour toutes ses activités Europe-Afrique-Moyen-Orient.

Par ailleurs, l'Hexagone est «la première destination choisie par les étudiants africains», qu'ils soient francophones ou anglophones, indique Mme Pénicaud. En 2014-2015, sur 298.902 étudiants, 126.968 étaient africains, selon Campus France. De fait, «il y a beaucoup de cadres, techniciens, ingénieurs, qui peuvent travailler dans des équipes biculturelles», observe-t-elle. Pour Business France, l'un des enjeux est aussi de commencer à attirer les entreprises africaines en France.

«Il y a des classes moyennes supérieures importantes en Afrique, il y a de grands conglomérats, de grandes entreprises familiales qui ont surtout investi dans leur propre pays, mais commencent aussi à regarder en dehors», indique Mme Pénicaud. «Pour développer les échanges, la réciprocité est importante», souligne-t-elle.

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