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Le chèque, un «dinosaure» pas encore prêt à s'éteindre

Le chèque, un «dinosaure» pas encore prêt  à s'éteindre

Coûteux pour les banques, obsolète, pas assez fiable : le chèque est voué à disparaître depuis des années, notamment sous l'impulsion des pouvoirs publics. Mais ses inconditionnels, comme les entreprises, le plébiscitent à l'inverse pour sa gratuité et ses facilités de trésorerie. Dernière attaque en date : le souhait du gouvernement de réduire la durée de sa validité d'un an à six mois, dans un pays qui lui reste attaché. Quatrième moyen de paiement en Europe, le chèque est une exception française. En 2013, près de 71% des chèques émis dans l'Union européenne l'ont été en France. Un Français utilise en moyenne près de 37 chèques par an, contre 11 pour un Anglais et moins de 1 (0,38) pour un Allemand, indiquait le ministère des Finances dans un rapport en 2015.

Toutefois, son utilisation décroît régulièrement, en moyenne de 4 à 5% par an. Selon les données de la Banque de France, en 1975, le chèque représentait 75% des paiements contre 12% en 2014.
Depuis 2010, les pouvoirs publics ont multiplié les initiatives afin de définir une stratégie pour, officiellement, «accompagner le développement de nouveaux moyens de paiement» et, selon un acteur bancaire souhaitant garder l'anonymat, «en finir avec le chèque qui coûte trop cher à tout le monde».
Et les mesures oeuvrant en ce sens ont fleuri ces trois dernières années : obligation de paiement des notaires par virement au-delà de 3.000 euros, plafonnement du paiement par chèque de créances publiques limité à 300 euros, généralisation progressive des paiements dématérialisés à destination du secteur public.
Toutefois, les attaques frontales contre le chèque ne semblent pas faire recette. Fin septembre, les députés ont rétabli, contre l'avis du gouvernement, la durée de validité du chèque à 12 mois alors que le projet de loi Sapin II prévoyait de la réduire à six mois à partir de juillet 2017. Car cette micro-lettre de créance, adoptée en France au XIXe siècle, oppose plusieurs camps. «C'est un dinosaure de la banque !», s'exclame auprès de l'AFP un analyste du secteur, rapportant que «les banquiers se demandent comment s'en débarrasser» vu son coût en termes de traitement.

«Il faut une incitation»

Selon un rapport commandé par Bercy et publié en 2012, la mise à disposition et l'utilisation gratuite des chèques coûtaient aux banques françaises environ 2,5 milliards d'euros alors que les cartes bancaires représentaient un revenu au moins équivalent (2,6 milliards). Même si «les particuliers ont de moins en moins de blocages envers les nouveaux moyens de paiements, le chèque est encore très utilisé par les professionnels, TPE, PME et indépendants», explique à l'AFP Reine-Claude Mader, présidente de l'association de consommateurs CLCV.
«Si on proposait des alternatives à un coût raisonnable, elles seraient adoptées, mais nous ne sommes pas prêts à abandonner l'usage du chèque dans les relations inter-entreprises parce qu'on touche à un point essentiel qui est la trésorerie», défend pour sa part Guilhem Darré, délégué général du Syndicat des indépendants. «Le chèque permet de gagner un peu de temps», ajoute-t-il, rappelant que 30% des TPE ont des difficultés de trésorerie.

Pour l'Union professionnelle artisanale, «le secteur bancaire n'a pas communiqué dans le sens de la dématérialisation, ni su mettre en place d'autres dispositifs faciles et peu coûteux», déplore son secrétaire général Pierre Burban. Les deux syndicats pointent le coût élevé de la location et de la mise à jour des terminaux de paiement mobile. «Il faut une incitation» au paiement dématérialisé, plaide M. Burban, qui constate aussi un problème de couverture du haut débit sur l'ensemble du territoire. Les camps opposés s'accordent sur un point : le chèque ne disparaîtra pas du jour au lendemain. D'ici là, l'amendement proposé par le gouvernement pour en réduire sa validité passera en nouvelle lecture ce 3 novembre
devant le Sénat. 

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