Menu
Search
Mercredi 24 Avril 2024
S'abonner
close
Mercredi 24 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Projet de loi sur les partis politiques

Le Pays de Galles craint l'asphyxie financière

Le Pays de Galles craint l'asphyxie financière
«Les financements européens sont vitaux pour l'économie galloise.

«Le Pays de Galles est dans une mauvaise posture, on reçoit beaucoup d'argent de l'UE.» La décision britannique de quitter l'Union européenne (UE), Anna Preece n'en revient toujours pas.
Le Pays de Galles, comme l'Angleterre, a voté en faveur du Brexit lors du référendum du 23 juin, quand les deux autres nations du Royaume, l’Écosse et l'Irlande du Nord, ont eux affirmé leur volonté de rester. Or le Pays de Galles, l'une des régions les plus pauvres du pays, dépend fortement des subventions européennes, notamment dans l'agriculture et la rénovation urbaine.

Dans les rues de Newport, une petite ville sur la côte sud-est galloise, près de la frontière avec l'Angleterre, Anna Preece, employée d'une association caritative, ne cache pas sa colère, à la fois contre sa nation, mais contre tout le Royaume-Uni. Au total, 52,5% des Gallois ont voté pour le Brexit, une proportion «assez choquante», selon elle, «en particulier dans les zones rurales». À Newport, les quais, d'où partaient les bateaux autrefois remplis du charbon des mines des vallées galloises, ont laissé place à de beaux appartements. Dans la ville, le «leave» a convaincu 56% des électeurs. Des résultats comparables à ceux de Neath Port Talbot, la ville qui accueille l'aciérie, aujourd'hui menacée, du géant indien Tata. Le record au Pays de Galles revient au comté de Blaenau Gwent, où se trouve l'ancienne ville sidérurgique de Ebbw Vale, avec 62% de Brexiters. «Les Gallois ont sans nul doute voté contre leur propre intérêt économique», explique le chercheur en sciences politiques Brian Klaas, de la London School of Economics (LSE). «La petite ville d'Ebbw Vale aurait probablement été ruinée sans les aides de l'UE», ajoute-t-il. «Les financements européens sont vitaux pour l'économie galloise, et il y a peu d'immigration. Mais les électeurs, eux, ont malgré tout voté contre l'immigration et contre la poursuite du soutien financier de Bruxelles».

«Ça ne va rien changer»

Selon une étude réalisée avant le référendum par l'Université de Cardiff, le Pays de Galles a reçu 245 millions de livres (293 millions d'euros) de plus en subventions qu'elle n'a versées au budget de l'UE en 2014. Chaque Gallois a touché donc autour de 79 livres.
Alors que le financement du nouveau métro qui desservira Cardiff et ses environs, parmi lesquels Newport est aujourd'hui incertain, Tracy Stokeswhiting, 53 ans, dénonce un discours «alarmiste». Selon elle, cela ne changera rien pour elle, ni pour le magasin de vêtements qu'elle tient.«Les fournisseurs européens ne vont pas arrêter d'envoyer leurs produits au Royaume-Uni», dit-elle, expliquant s'approvisionner majoritairement en France et en Italie.

Immigration

Angelo Clifford a voté «leave» pour montrer à l'«Europe que nous avions besoin de réduire le flux d'immigrés».
Pour l'ingénieur de 62 ans, la disparition des subventions sera compensée par les fonds nationaux qui ne seront plus envoyés à Bruxelles.
«L'argent que nous allons économiser va aller aux infrastructures et aussi au NHS», le système de santé public britannique, dit-il. Réduire l'immigration et ré-allouer les sommes versées à Bruxelles au NHS, le système de santé public britannique, figuraient parmi les principaux arguments de campagne des pro-Brexit. Un système de santé dont la création au lendemain de la Seconde Guerre mondiale revient en très grande partie au ministre travailliste gallois Aneurin Bevan, la figure historique la plus appréciée de cette région qui reste très attachée à ses liens avec le reste du Royaume. Contrairement à l'Écosse dont le gouvernement souhaite un nouveau référendum d'indépendance depuis le Brexit dont il ne voulait pas, les velléités indépendantistes du Pays de Galles restent très marginales.

Lisez nos e-Papers