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Le revenu de base, un outil pour se «libérer» du travail

Le revenu de base, un outil pour se «libérer» du travail
Le Premier ministre Manuel Valls a évoqué la possibilité d'instaurer un «revenu universel garanti» fusionnant «la plupart» des minimas sociaux. Ph. AFP

Ses promoteurs parlent d'une «utopie au pas-à-pas», d'une démarche progressive visant à se «libérer» du travail et accroître l'autonomie des individus. L'idée du revenu de base, évoqué à nouveau ces derniers jours par le Premier ministre, Manuel Valls, occupe de plus en plus le terrain politique. Qu'est-ce que le revenu
de base ?
Il vise à assurer à tout individu, tout au long de sa vie, un revenu de subsistance (de 465 à 1.000 euros selon les projets), s'ajoutant à un éventuel salaire. Ce revenu serait versé indépendamment de la situation financière et familiale, contrairement au système actuel de prestations sociales.
Il pourrait soit s'ajouter à certaines allocations comme l'aide au logement, soit remplacer celles existantes. Le principe est de séparer emploi et revenu afin de libérer les individus du «chantage» à l'emploi pour assurer leur survie.
Qui le défend ? Sous quelles formes ?
L'idée du revenu de base est reprise par des courants de pensée très divers. Elle est portée à gauche (Benoît Hamon, PS) et à droite (Frédéric Lefebvre, LR) et par de nombreux chercheurs.
Pour les libéraux, le revenu de base doit rester faible, volontairement insuffisant.
Couplé à la suppression du salaire minimum et des prestations sociales, il doit permettre de flexibiliser le marché du travail.
Les partisans d'une vision «émancipatrice» voient au contraire dans le revenu de base un outil pour donner aux individus les moyens de se prendre en charge, l'objectif étant de redynamiser les activités non-marchandes, associatives, culturelles et citoyennes. Cette idée est défendue notamment par le Mouvement français pour un revenu de base (MFRB).
Une troisième voie, incarnée par le sociologue Bernard Friot, est celle du «salaire à vie», fondée sur une conception élargie du travail et l'idée que toute activité est créatrice de richesse.
Combien cela coûte-t-il ? Le coût irait d'un peu moins de 200 milliards d'euros par an pour un montant autour de 500 euros mensuels à près de 400 milliards (soit un cinquième du PIB annuel de la France) pour 1.000 euros.

Pour le financer, les partisans de l'approche libérale souhaitent une refonte de l'impôt sur le revenu qui ne serait plus progressif mais proportionnel dès le premier euro gagné, couplé à une suppression des aides sociales. Le revenu de base serait versé sous forme de crédit d'impôt.
L'approche «émancipatrice» envisage une hausse de l'impôt sur le revenu pour les plus hauts salaires, de nouvelles taxes sur le patrimoine ou les transactions financières, la suppression de niches fiscales, voire la création monétaire.
À travers le «réseau salariat», Bernard Friot propose de mutualiser les richesses produites par le pays dans une caisse chargée de redistribuer un salaire à vie à partir de 1.500 euros dès 18 ans. Les entreprises cotiseraient au prorata de leur valeur ajoutée.
A-t-il déjà été testé ? Seulement sous des formes partielles. L'Alaska reverse chaque année depuis 1976 les revenus du pétrole et du gaz à ses résidents de plus de cinq ans. En 2014, ce revenu s'élevait à près de 2.000 dollars par personne et par an (environ 1.800 euros au cours actuel). Au Brésil, entre 2008 et 2014, un programme intitulé Bolsa Familia a accordé une allocation aux familles les plus pauvres, conditionnée à la scolarisation des enfants.

Il a touché près de 11 millions de foyers, permis de sortir de la pauvreté un très grand nombre de personnes et d'améliorer le taux de scolarisation. La Finlande va faire une expérimentation afin de simplifier le système d'aide sociale : à partir du 1er janvier 2017, pendant deux ans, quelque 2.000 demandeurs d'emploi de 25 à 58 ans toucheront 560 euros par mois à la place des différentes aides auxquelles ils avaient droit.
En Suisse, les citoyens ont rejeté par référendum à près de 76% l'idée d'un revenu de base à 2.000 euros.
En France, un rapport du Conseil national du numérique s'est penché sur le sujet, de même que la Fondation Jean Jaurès qui a étudié l'idée sous une approche «sociale-démocrate», en envisageant plusieurs montants (400, 750, 1.000 euros) à travers la refonte du système d'aide sociale.
Manuel Valls a évoqué la possibilité d'instaurer un «revenu universel garanti» fusionnant «la plupart» des minimas sociaux.
Au Sénat, le groupe socialiste a impulsé la création d'une «Mission d'information sur l'intérêt et les formes possibles de mise en place d'un revenu de base en France» qui a entamé ses auditions.

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