Les partis politiques se penchent sur l’élaboration des propositions qu’ils comptent défendre dans le cadre des concertations en cours avec le ministère de l’Intérieur dans la perspective de la révision de l’arsenal juridique devant régir le scrutin des législatives du 7 octobre prochain. Ce scrutin législatif est le deuxième à se tenir après l'approbation référendaire de la nouvelle Constitution en juillet 2011 et le dixième du genre depuis l'indépendance du Maroc. Ainsi, comme il est de coutume, quelques mois avant le jour J, les formations politiques émettent leurs propositions pour que le scrutin se déroule dans de meilleures conditions et respecte les principes démocratiques.
Si par le passé, notamment lors du scrutin du 27 septembre 2002 ou du 7 septembre 2007, les formations politiques avaient appelé à revoir le scrutin de liste à la proportionnelle au plus fort reste, ce n’est plus une demande insistante. En effet, les formations politiques demandent juste que des mesures accompagnent ce système pour qu’il soit plus efficace. Toutefois, le Mouvement populaire (MP) reste la seule formation à avoir une position singulière sur ce sujet. Il souhaite que le système électoral marocain revienne au scrutin uninominal qui est, selon lui, à même de relever le taux de participation lors des prochaines élections. «Le système de liste tel qu’il est pratiqué au Maroc n’est pas la méthode la plus adaptée. L’uninominal reste toujours pour nous le mode de scrutin le plus conforme à la réalité marocaine», soutient le secrétaire général de ce parti, Mohand Laenser. Selon lui, c’est ce mode électoral qui permet au citoyen d’identifier qui le représentera au Parlement. «C’est un système que nous défendons par principe, sachant que maintenant, après trois scrutins de liste, il serait difficile de revenir en arrière. Donc, nous agissons pour, au moins, améliorer ce système de liste», nous dit-il.
Certes, les instances du MP n’ont pas encore entamé les discussions sur le mode de scrutin, mais le chef du parti estime qu’il faut procéder d’abord à la révision du découpage électoral, déséquilibré selon lui, pour qu’il soit unifié pour toute les circonscriptions. Il propose aussi d’inclure la plus forte moyenne à la place du plus fort reste. Le parti de Laenser défend également un seuil électoral de 3%, mais qui soit appliqué sur le plan national et non pas local. Selon Mohand Laenser, les partis de la majorité vont essayer d’avoir la même position dans ce sens. Du côté du Parti de la justice et du développement (PJD), l’idée est de maintenir l’actuel mode de scrutin tout en l’améliorant, souligne Slimane Amrani, vice-secrétaire général du parti. Il défend donc l'idée de le maintenir, ainsi que le seuil électoral de 6% sur le plan local. Le PJD appelle, par ailleurs, lui aussi, à unifier les circonscriptions électorales à travers la révision du découpage électoral. Pour sa part, l’Union socialiste des forces populaires (USFP), qui a rendu public le 10 février dernier son mémorandum, propose onze mesures pour améliorer le cadre réglementaire des prochaines élections. Elle aussi lie l’amélioration du mode de scrutin au découpage électoral.
L’USFP estime que «le mode de scrutin à la proportionnelle par liste, adopté jusqu’à présent, n’a pas permis d’atteindre les objectifs attendus. Car il a montré des failles et des vices qui exigent sa révision». C’est pourquoi elle insiste pour revoir, dans ce contexte, tout particulièrement le seuil électoral qui doit disparaitre. Elle propose également de revoir le découpage électoral, de prévoir la parité en alternant les deux sexes sur les listes des candidats et aussi en incluant la représentativité des MRE. Alors que les formations politiques se concertent pour formuler leurs propositions, la réaction du Parti authenticité et modernité reste singulière, dans la mesure où il adopte une attitude attentiste. «Nous attendons de voir ce que propose le gouvernement en matière électorale avant de décliner nos propositions», a déclaré au «Matin» Ilyas El Omari, secrétaire général du PAM. «C’est comme ça que les choses se passent en politique. Si le gouvernement qui nous a invités pour ces concertations, c’est qu’il considère qu’il y a un problème quelque part. Il doit d’abord nous le dire», estime M. El Omari.