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Les eurosceptiques crient victoire après le «non» néerlandais sur l'Ukraine

Le «non» néerlandais à un accord entre l'UE et l'Ukraine est un nouveau camouflet pour l'unité européenne alors que les eurosceptiques saluent une «motion de défiance» envers Bruxelles, quelques mois avant le vote des Britanniques sur un éventuel «Brexit».

Malgré un faible taux de participation à cette consultation populaire, à peine au-delà du seuil nécessaire à sa validation, son résultat place le gouvernement néerlandais devant un dilemme sur la marche à suivre, estiment les analystes. Plus de 60% des électeurs s'étant rendus aux urnes ont rejeté cet accord d'association qui vise à renforcer le dialogue politique ainsi que les échanges politiques et commerciaux entre l'UE et Kiev. Mais, de l'avis même de ses organisateurs, ce vote répond à une animosité plus générale envers Bruxelles. Il a d'ailleurs été salué comme une «victoire éclatante» par les mouvements eurosceptiques, notamment par le député néerlandais Geert Wilders : «Il s'agit d'une nouvelle motion de défiance du peuple contre les élites de Bruxelles et de La Haye». L'UE fait déjà face à des divisions profondes sur la manière de gérer la crise migratoire, la plus importante sur le continent depuis la Seconde Guerre mondiale, mais aussi les problèmes financiers de plusieurs pays membres, dont la Grèce.

La présidente du parti français d'extrême droite, le Front national, Marine Le Pen, a qualifié la victoire du non de «triomphe des forces patriotes», ajoutant sur Twitter soutenir «de toutes (ses) forces» la sortie de l'UE de la Grande-Bretagne. Pour le Britannique Matthew Elliott, directeur du mouvement «Vote Leave» en faveur du Brexit, «les citoyens à travers l'Europe en ont marre de donner plus d'argent et plus de pouvoir à des bureaucrates sans visages». «Le public britannique n'est pas différent», a-t-il ajouté, évoquant le référendum du 23 juin en Grande-Bretagne sur une éventuelle sortie de l'Union européenne. Le Premier ministre britannique David Cameron a néanmoins espéré que le «non» néerlandais «n'affectera pas» le vote de juin, car il s'agit, selon lui, «d'une question très différente». Il est néanmoins «important que les institutions européennes et le gouvernement néerlandais écoutent attentivement ce que disent les électeurs, pour essayer de comprendre et de travailler» sur ce résultat, a ajouté M. Cameron.

Situation épineuse

«Les Néerlandais vont désormais insister de plus en plus sur le respect des règles et demander plus de pouvoir décisionnel au niveau national», estime aussi Marco Wagner, analyste chez Commerzbank. La balle est désormais dans le camp du gouvernement néerlandais : Donald Tusk, le président du Conseil européen, a affirmé avoir besoin d'entendre les conclusions tirées par le Premier ministre Mark Rutte, ainsi que «ses intentions». Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, «triste» du résultat, attend également la décision de La Haye sur «la marche à suivre». Les résultats définitifs sont attendus mardi, mais Mark Rutte a d'ores et déjà annoncé que si le vote était validé, l'accord d'association ne pourrait être ratifié «tel quel». «Une chose à la fois», a-t-il répété : «Nous allons examiner les résultats, en parler au Parlement et avec nos partenaires européens, et cela va prendre plusieurs semaines».

Selon la Commission européenne, l'accord serait appliqué «provisoirement», même si «en pratique» il n'est pas ratifié. Pour le Président ukrainien Petro Porochenko, le «non» néerlandais, salué par la Russie, n'est «pas un obstacle sur le chemin de l'Ukraine vers l'Europe». Son prédécesseur avait été évincé du pouvoir en 2013 pour y avoir renoncé au dernier moment, sous la pression de Moscou. Mark Rutte, dont le pays assure la présidence tournante de l'UE, est dans «une situation épineuse», estime Claes de Vreese, professeur à l'Université d'Amsterdam. «Pour avancer, M. Rutte va devoir comprendre rapidement quels sont les griefs les plus importants de ceux qui ont voté non et décider ce qu'il peut faire à ce sujet», ajoute-t-il.Avec un taux de participation de seulement 32%, ce vote ne peut toutefois être considéré comme représentatif de l'ensemble de l'électorat néerlandais. Selon les analystes, La Haye dispose de plusieurs options, de la plus symbolique, comme l'addition d'une phrase dans le texte, à la plus radicale : la renégociation de l'ensemble de l'accord. Et à un an des élections législatives néerlandaises, le gouvernement devra être prudent et ne pas de nouveau alimenter les sentiments anti-Bruxelles, assurent-ils. 


Pourquoi le référendum aux Pays-Bas ?

Le 7 juillet 2015, le Sénat néerlandais a accepté de ratifier l'accord d'association UE-Ukraine. Mais une nouvelle loi portant sur un référendum consultatif qui est entrée en vigueur le 1er juillet 2015 oblige le gouvernement à revoir ses décisions politiques, si 300.000 personnes au moins en font la demande. Le collectif GeenPeil (Pas de sondage), emmené par le blog GeenStijl, a obtenu 427.939 demandes pour revenir sur la décision de ratification de l'accord UE-Ukraine en six semaines. C'est ce qui s'est passé. Pour GeenPeil, le référendum est une victoire pour la démocratie qui se tiendra quel que soit son résultat. Le gouvernement peut toujours décider de ratifier le traité, mais le résultat envoie un signe clair. Sur quoi porte réellement ce référendum ? L'accord d'association UE-Ukraine ne porte pas sur l'adhésion de l'Ukraine à l'UE, mais sur le libre-échange entre l'Union européenne et l'Ukraine, abordant entre autre les questions relatives à l'environnement, la qualité des produits et la sécurité alimentaire. L'accord prévoit également certaines clauses sur les droits de l'Homme et la démocratie. Selon de Volkskrant, l'UE a des accords similaires avec des pays comme la Serbie et le Montenegro. La raison pour laquelle GeenPeil a exigé le référendum semble ne pas être tellement liée au contenu de l'accord relatif au libre-échange ou aux droits de l'Homme…. GeenPeil a toujours considéré le référendum comme une victoire pour la démocratie et un appel aux élites politiques pour prendre en compte l'opinion publique en prenant les décisions.
(Source : cafebabel.fr)


Hollande et Merkel minimisent l'impact du «non» néerlandais

L'Union européenne appliquera «ce qui peut l'être» de l'accord d'association avec l'Ukraine, abstraction faite de la victoire du non au référendum «consultatif» néerlandais, a déclaré jeudi François Hollande, qui a réaffirmé son soutien à Kiev. La Chancelière allemande Angela Merkel, qui s'exprimait aux côtés du Président français à l'issue d'un Conseil des ministres franco-allemand à Metz (Moselle), s'est dit confiante en la capacité de l'UE à surmonter cette «difficulté». Au total, 64% des votants se sont dit opposés mercredi aux Pays-Bas à l'accord d'association entre l'Union européenne et l'Urkaine, selon des résultats provisoires. «Pour ce qui concerne l'Europe, elle va appliquer ce qui peut l'être de l'accord d'association, et pour nous, France-Allemagne (...), nous continuerons à soutenir l'Ukraine et à appliquer dans nos pays respectifs l'accord d'association», a réagi François Hollande lors d'une conférence de presse. «Les Néerlandais trouveront une réponse, il faut l'attendre. Ils vont l'élaborer avec les institutions européennes», a assuré pour sa part Angela Merkel. «Quant au reste, il est tout à fait souhaitable que l'évolution de l'Ukraine en direction de l'Union européenne pour respecter certaines normes prévues dans l'accord d'association soit poursuivie», a-t-elle poursuivi.
«De même que nous avons surmonté d'autres dossiers difficiles, il sera également possible de régler cette difficulté, mais là nous nous en remettons aux Néerlandais et aux institutions européennes», a dit la Chancelière allemande.

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