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Les frais montent encore, les parents au pied du mur

La rentrée scolaire est toujours synonyme de dépenses et lorsqu’on a des enfants scolarisés dans des écoles privées, la situation devient plus difficile, d'autant plus que les frais exigés par ces établissements ne cessent d’augmenter chaque année.

Les frais montent encore, les parents au pied du mur
De plus en plus de parents se tournent vers les établissements privés, dans l’espoir d’assurer à leurs enfants un enseignement de qualité.

Des infrastructures délabrées et insuffisantes pour accueillir le nombre croissant des élèves, surpeuplement des classes, des enseignants en sous-effectif… l’état de l’école marocaine, principalement dans le secteur public, ne cesse de se dégrader. D’après le dernier rapport de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le Maroc a été classé 73e sur les 76 pays étudiés, ce qui le place en dernière position parmi les pays arabes, y compris ceux qui connaissent des situations de crise. Face à cet état de fait, de plus en plus de parents se tournent vers les établissements privés, dans l’espoir d’assurer à leur progéniture un enseignement de qualité. «Aujourd’hui, nous n’avons plus le choix. Tous les parents, essentiellement dans les grandes villes, ne peuvent plus courir le risque d’inscrire leurs enfants dans des écoles publiques. Les établissements privés sont devenus l’unique option pour que les enfants puissent bénéficier d’un enseignement adéquat. Mais il faut encore trouver la bonne école, car on remarque qu’il y a de plus en plus d’établissements qui fonctionnent comme de grandes usines et qui ne pensent qu’à gagner plus d’argent», confie Sara 30 ans, mère de famille.

Conscientes de cette situation, les écoles privées ne cessent d’augmenter les tarifs chaque année, mettant ainsi les parents dans une situation très critique. «Nous sommes désespérés. Cette situation devient insupportable et nous ne savons pas comment mettre un terme à cette aberration. Les directeurs des établissements privés savent très bien que nous ne pouvons plus inscrire nos enfants dans les écoles publiques et abusent de la situation», fustige Mohamed, père de 2 enfants. Et de poursuivre : «À la rentrée, j’ai été obligé de payer les frais de scolarité et d’assurance ainsi que les mois de septembre et de juin, même si pendant ces mois, il y a plus de jours de vacances que de jours d’école. Sans compter les frais de transport, de la garde et de la cantine. Pour mes deux enfants, je dois débourser mensuellement un montant de 6.000 DH. C’est trop !» Bouazza Kherrati, président de la Fédération marocaine des droits du consommateur (FMDC), affirme que le secteur de l’enseignement privé est en plein foisonnement, en raison de la fertilité du terrain national, en l'absence de loi-cadre pour le circonscrire dans le domaine du «service public».

«La défaillance voulue de l’enseignement public oblige les parents de la classe moyenne à recourir aux services du secteur privé. Ce secteur s’est implanté et s’est développé comme un cancer dans la société marocaine, en l'absence de cahier des charges fixant les modalités pour chaque niveau d’enseignement. Et les seuls résultats palpables depuis une dizaine d’années sont le pullulement de ces institutions, partout dans les villes marocaines, ignorant le monde rural, l’augmentation des prix de plus de 40%, l’arnaque sur les frais des assurances des élèves et le recours aux enseignants du secteur public, les mêmes auxquels on reproche la défaillance du système éducatif public au Maroc», souligne Kherrati. «Dans cette jungle, les parents sont le plus souvent piégés. Les frais d’inscriptions augmentent au fur et mesure que l’enfant avance d’une classe à l’autre. Les liens d’amitié créés au sein de l’établissement scolaire, la proximité et la réputation forgent la soumission des parents. De nombreux parents se plaignent du chantage exercé par certains administrateurs de ces écoles : “payez ou bien allez inscrire vos enfants ailleurs”». Tel était le langage des gens chargés d’éduquer nos enfants», déplore le président de la FMDC, indiquant que cette situation n’est que le résultat de la démission du ministère de tutelle qui se trouve devant un lobby influent et fort et qui ne pense qu’à faire plus de recettes. En effet, le ministère de l’Éducation nationale assure qu’en vertu des dispositions de la loi 06-00 régissant l’enseignement scolaire privé et les textes pris pour son application, les frais de scolarité et leurs augmentations annuelles ne sont pas soumis au contrôle du ministère. Ce dernier exerce seulement un contrôle administratif et un contrôle pédagogique.

Que faire ?

Face à cette situation qui ne cesse d’empirer chaque année, le mouvement de défense du consommateur a décidé de réagir par des propositions qui pourraient aider à la résolution des problèmes. «Les parents sont pris entre le marteau et l’enclume. Il est grand temps d’agir en lançant un débat national sérieux sur la question de l'enseignement privé et en sensibilisant la population, victime consentante et livrée à elle-même. Il faudrait aussi penser à la création d’une Agence nationale de contrôle et de régulation de l’enseignement privé, à l’instar de la HACA ou de l’ANRT, et faire appel à l’ACAPS (Agence de contrôle des assurances er de la prévoyance sociale) pour élucider cette arnaque des assurances scolaires, dont les prix varient entre 1.000 et 2.500 DH par an, selon les déclarations de certains parents», propose Bouazza Kherrati.

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