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Pauvres exportations marocaines !

Entre 2010 et 2015, les exportations marocaines ont bondi de 60% en volume, faisant mieux que les principaux pays développés et émergents. Néanmoins, en valeur, elles n’ont augmenté que d’environ 27%. Euler Hermes appelle le pays à soigner sa valeur ajoutée en innovant notamment. Un défi qui s'impose de longue date au pays.

Pauvres exportations marocaines !
Selon l'assureur-crédit Euler Hermès, 1,8 milliard d’euros de nouveaux débouchés sont à capter en 2017 par les exportateurs marocains, 3 fois plus qu'en 2016.

En volume, le rythme de croissance des exportations marocaines est exceptionnel à l'échelle mondiale, mais à quel prix ? Entre 2010 et 2015, les ventes à l’étranger du Maroc ont bondi de 60%, faisant mieux que les principaux pays développés et émergents. Néanmoins, en valeur, elles ont progressé deux fois moins vite, soit environ 27%. «Les exportations marocaines sont dynamiques, mais peinent à générer de la valeur», explique Ludovic Subran. Le chef économiste d’Euler Hermes s’exprimait le 30 novembre lors d’une rencontre à Casablanca à la veille de la quatrième édition de l’Observatoire international du commerce, tenue le 1er décembre. Ce n’est ni l’effet du taux de change ni de l’évolution des cours des matières exportées. Selon Ludovic Subran, le problème réside essentiellement dans un manque de compétitivité hors prix, avec des produits de faible valeur ajoutée, ainsi qu’une timide présence dans les chaines de valeur industrielles.

L’analyse d’Euler Hermes montre que les exportations de la Chine, par exemple, se sont améliorées de 25% en volume durant la même période avec un gain de 45% en valeur.
Pour Ludovic Subran, les exportateurs marocains doivent notamment investir dans l'aval afin de mieux valoriser leurs productions. Un énorme travail s'impose ainsi sur le volet innovation. Le développement des services après-vente est également recommandé. Le Maroc doit aussi continuer de s’attaquer au skills gap (compétences y compris entrepreneuriales) et miser davantage sur les secteurs à forte productivité.

Le chef économiste d’Euler Hermes estime, par ailleurs, que la stratégie d’ouverture commerciale du Maroc a été ralentie par la grande récession mondiale de 2008. Le taux de cette ouverture a baissé à 30% en 2015, contre 35% il y a 7 ans. L’ouverture financière, nécessaire pour accompagner la dynamique commerciale, reste également timide à moins de 2% en 2015. «Le Maroc prend son temps pour s’ouvrir et risque ainsi de devoir lutter davantage pour sa montée en gamme», avertit l’expert. Selon lui, les exportateurs marocains devraient se frotter les mains pour 2017. L'assureur-crédit Euler Hermes estime qu'ils peuvent saisir de nouvelles opportunités à l’export (demandes supplémentaires adressées au Maroc) évaluées à 1,8 milliard d’euros (15,3 milliards de DH), soit 3 fois plus que 2016.

Plus de la moitié de ces opportunités se trouvent en Espagne (604 millions d’euros) et en France (403 millions), l’Afrique n’étant encore qu’un petit marché, note l'assureur-crédit. De même, 70% des opportunités sont concentrées dans 3 secteurs : l’agroalimentaire
(474 millions), le textile (411 millions) et la chimie (371 millions, la pharmacie et les engrais phosphatés inclus). Par ailleurs, pour les experts d’Euler Hermes, le Maroc est une exception dans une région marquée par le risque politique. Le pays fait montre d’une bonne résilience face à une conjoncture internationale difficile et figure parmi 3 pays d’Afrique classés à faible risque.

Cependant, le risque d’impayés restera fort au Maroc, avec une hausse de 8% des défaillances touchant en 2016 et 2017 quelque 7.000 entreprises, en raison notamment de la forte croissance du nombre de sociétés et du ralentissement de l'immobilier. Euler Hermes prévoit, enfin, pour le Maroc une croissance du PIB de 4,5% l'année
prochaine. 

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