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Quand les enjeux environnementaux se transforment en opportunités

Pour définir le caractère plus ou moins «vert» d’une activité, deux approches sont envisageables : l’une par les impacts, l’autre par la finalité. Selon Fouad Elkohen, directeur général Elexpert, «les activités de l’économie verte se définissent à partir de la production des biens et services verts. Plus précisément, elles se composent d’activités qui produisent des biens ou services ayant pour finalité la protection de l’environnement ou la gestion des ressources naturelles». Le point.

Quand les enjeux environnementaux se transforment en opportunités
Les entreprises marocaines doivent se positionner rapidement sur les marchés de l’efficacité énergétique, des énergies renouvelables et de l’environnement afin de développer une expertise qu’elles pourront exporter vers d’autres pays par la suite.

Éco-Conseil : L'économie verte, c'est un effet de mode ou une réelle opportunité ?
Fouad Elkohen : Pour définir le caractère plus ou moins «vert» d’une activité, deux approches sont envisageables : l’une par les impacts, l’autre par la finalité. En fonction de son impact sur l’environnement, une activité est qualifiée de «verte» si elle est moins polluante et moins consommatrice de ressources. Il s’agit donc d’une notion relative, faisant référence à une activité équivalente qui exerce une pression plus grande sur l’environnement. Selon la seconde approche, une activité sera dite «verte» si elle consiste à produire des biens ou services dont la finalité est la protection de l’environnement. Néanmoins, une activité dont la finalité est environnementale peut avoir un effet induit négatif sur l’environnement. C’est le cas par exemple de la production de modules photovoltaïques, dont l’activité industrielle de base est assez polluante (extraction et traitement des matières premières).

Les activités de l’économie verte se définissent à partir de la production des biens et services verts. Plus précisément, elles se composent d’activités qui produisent des biens ou services ayant pour finalité la protection de l’environnement ou la gestion des ressources naturelles, qu’on appelle éco-activités (traitement des eaux usées, des déchets et de la pollution de l’air, maîtrise de l’énergie, récupération, énergies renouvelables, etc.), et d’activités périphériques produisant des biens et services favorables à la protection de l’environnement ou à la gestion des ressources naturelles (production et distribution d’eau, gestion des espaces verts, travaux d’isolation, d’étanchéité, fabrication des biens adaptés : chaudières à condensation, lampes LED ou fluo-compactes...). Il s’agit donc pour la plupart d’activités traditionnelles répondant à des besoins essentiels qui existent depuis longtemps et qui préexistaient à la définition du périmètre «éco-activités» et aux préoccupations récentes liées à l’épuisement des ressources naturelles et à la protection de l’environnement. Dès lors, on ne peut plus parler d’effet de mode, mais plutôt de la promotion d’activités traditionnelles, grâce à une prise de conscience générale, facilitée par les changements climatiques récents, que le simple citoyen commence à ressentir dans sa vie quotidienne (été très chaud, hiver doux, sécheresse, raréfaction
de certaines ressources naturelles, etc.).

Quels sont les principaux obstacles auxquels se heurtent les entrepreneurs dans ce domaine ?
Tout d’abord, le manque d’intérêt du citoyen lambda pour les questions liées à la protection de l’environnement. Hormis une certaine élite, ayant souvent vécu dans des pays occidentaux, la plupart des citoyens ne sont pas sensibles à cette thématique. Cela n’encourage donc pas vraiment l’investissement dans de telles activités. Ensuite, le manque de financement des projets dits «verts». Beaucoup d’entrepreneurs que je côtoie, et principalement les industriels, ont envisagé à un moment ou à un autre de lancer des projets dans ce domaine. La plupart se sont heurtés à la question du financement, mais aussi aux délais de retour sur investissement, qui sont souvent assez longs, vu le manque d’incitations fiscales. Ceux qui ont concrétisé leurs projets le font en général pour soigner l’image de leur entreprise (action de communication) ou, plus rarement, par conviction personnelle. Cela dit, l’importance donnée par les plus hautes autorités du pays au développement des activités «vertes» et la médiatisation des actions menées dans ce domaine à travers le pays commencent à donner leurs fruits. On assiste de plus en plus à l’émergence de petites startups spécialisées dans des domaines liés à l’environnement par exemple.

Comment soutenir les activités vertes ?
L’organisation de la COP 22 par le Maroc représente à cet égard une formidable occasion pour mettre la question de l’environnement au centre des débats et susciter une prise de conscience générale sur notre propre impact sur l’environnement. Le gouvernement est invité par la même occasion à mettre en place des mécanismes d’accompagnement des entreprises travaillant dans les métiers verts et même celles ayant des activités dites «verdissantes», c'est-à-dire celles dont l’activité n’a pas de finalité environnementale, mais qui, dans leur pratique professionnelle, peuvent apporter des briques de compétence prenant en compte la dimension environnementale, des métiers tels que ceux d'architecte, d'électricien, de cadre du transport, d’agriculture, de la pêche, etc. 

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