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Quand stabilité politique rime avec lisibilité pour les investisseurs

La taille d'un pays ne reflète en rien son devenir, un tel paradoxe n’est pas étranger à l’Afrique, puisque de grands pays africains très riches connaissent des situations très difficiles, alors que d’autres pays de plus petite taille et avec peu de ressources font preuve d’un grand dynamisme économique. Le Niger et Sao Tomé-et-Principe sont deux cas différents qui illustrent cette situation.

Quand stabilité politique rime avec lisibilité pour les investisseurs
Ph. AFP

Sao Tomé-et-Principe est une jeune démocratie qui fonctionne depuis près de 26 ans et qui vient en août dernier, encore une fois, d’élire démocratiquement son quatrième Président. État insulaire, deuxième État le plus petit d’Afrique, sans ressources minières, le pays a néanmoins fait de notables progrès en matière de développement humain, avec un taux de scolarisation supérieur à 97%, une couverture d’électricité de plus de 60%, un taux de pénétration d’Internet en croissance exponentielle, un taux de paludisme parmi les plus faibles en Afrique et des avancées reconnues en matière de gouvernance et de climat des affaires.

En Afrique, on commence à sentir un changement dans la pratique. Sao Tomé et-Principe est un pays qui n'a pas connu la guerre, mais le fait est qu’il n’a pas connu d’avancées économiques à cause d'une autre sorte d'instabilité : l’instabilité politique. Depuis 1990, Sao Tomé-et-Principe est devenu une démocratie pluriparitaire, 18 gouvernements se sont succédé et aucun d’entre eux n'a tenu les 4 ans de son mandat. Les mandats du Président Menezes (2001-2011) marquent une période instable : les gouvernements sont éphémères et le pays avait connu deux putschs avortés, en 2003 puis en 2009. La période voit aussi l'émergence en politique de Patrice Trovoada, fils de l'ancien Président, qui devient par trois fois Premier ministre à partir de 2008. Il mène une politique libérale, souhaitant notamment renforcer le rôle de hub commercial de Sao Tomé en y construisant un grand port à conteneurs.

Dans une pareille situation, les investisseurs n'ont aucune visibilité de l'avenir. Heureusement, le peuple santoméen a compris le coût de l'instabilité politique pour un pays et a donc orienté son choix vers un gouvernement majoritaire, créant ainsi un cadre qui assure plus de visibilité et de lisibilité pour les investisseurs. Le risque pays est un élément déterminant pour une entreprise. Il contribue en effet à rendre un pays plus ou moins attractif pour une entreprise multinationale. Quant à la relation entre le risque pays et la stabilité d’un pays, elle s’explique par le fait qu’un pays en guerre ou en conflit politique, dans lequel les tensions sont perceptibles, est automatiquement classé dans la catégorie des pays ayant des risques pays élevés et donc déconseillés aux entreprises.

Sans stabilité politique et sans stabilité de gouvernance, l’investissement, le commerce et le libre-échange sont compromis. Or le libéralisme est par essence fondé sur la stabilité et sur le respect des normes et des accords. Un pays attractif est, d’une part, un pays qui ratifie et s’engage à respecter tous ses engagements internationaux. C’est aussi un pays qui dispose d’une superstructure assez stable, assez connue, suffisamment lisible avec une grande visibilité et qui protège une législation attrayante. D’autre part, un pays attractif recèle
des potentialités.

Un autre cas assez révélateur, celui du Niger. Ce pays dispose de beaucoup de potentialités, mais il a été handicapé par son histoire, son climat et par son emplacement géographique. Suite à des faits politiques qui ont débouché sur des rebellions armées, les contraintes physiques et naturelles s’étaient aggravées dans les pays du Sahel. L’impact a été plus que palpable sur le tourisme et les échanges au nord du Niger. Ce dernier est pris en tenaille par plusieurs mouvements djihadistes et forces centrifuges qui impactent sa stabilité politique et institutionnelle. C’est un pays continental sans littoral, situé au cœur de l'Afrique, recevant une pluviométrie qui dépasse à peine les 600-700 mm trois mois par an et disposant d’une agriculture de subsistance. Le Niger produit de l’Uranium et, paradoxalement, le prix de l’électricité au Niger est des plus élevés sur le continent. Aujourd’hui, le Niger est en train d'intégrer la composante sécuritaire comme une composante incontournable.
Il n’y aura pas de développement tant qu'il n'y a pas de sécurité, tant que ne seront pas éradiquées les forces centrifuges susceptibles, à un moment ou à un autre, de porter atteinte à la stabilité et à la sécurité régionale. 


Cacao et pétrole : Deux produits rentables

Introduit en 1822, le cacao signe la renaissance de Sao Tomé-et-Principe et sa reconquête par le Portugal. Car depuis la fin du XVIIe, les îles furent successivement pillées par les Hollandais et les Français, anéantissant les cultures de canne à sucre, alors principale production du pays. Sao Tomé-et-Principe devint alors le premier pays d'Afrique à cultiver le célèbre cabosse. Il fut aussi le premier producteur mondial de cacao jusqu'à l'aube de la Première Guerre mondiale. Il perdit progressivement ce rang au profit de la Côte-d'Ivoire et du Ghana. Aujourd'hui, le cacao représente 80% des exportations du pays, dont la moitié de la clientèle est hollandaise. La découverte de gisements de pétrole dans les eaux territoriales au nord de l'île de Principe, dont l'exploitation a été accordée aux États-Unis en 2004, fournit, après le cacao, une nouvelle ressource rentable au pays. Cette zone est gérée conjointement avec le Nigeria qui est, avec l'Angola, un des fidèles alliés africains de Sao Tomé-et-Principe.

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