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Réussir en entreprise : au-delà des compétences...

La personnalité d’un collaborateur constitue le facteur clé de sa réussite et de son épanouissement en entreprise. Elle détermine sa capacité d’intégrer facilement une équipe, de communiquer avec les autres, de gagner leur confiance et de réagir dans des situations délicates. Conscients de cette réalité, les responsables du recrutement cherchent à embaucher des candidats qui disposent d’un grand savoir-être et de compétences relationnelles pour plus de performance. Le point avec le directeur du Pôle stratégie, organisation et capital humain à Promamec.

Réussir en entreprise : au-delà des compétences...
En entreprise, l’aspect comportemental impacte amplement les perceptions des autres, leur appréciation et les relations.

Éco-Conseil : En quoi la personnalité des collaborateurs est-elle déterminante dans l'évolution de leur carrière ?
Mohammed Benouarrek : La personnalité est une somme de facteurs divers : enseignement, éducation, expériences vécues, pour n’en citer que quelques-uns. Ce facteur complexe constitue la colonne vertébrale de la réussite et de l’épanouissement en entreprise, comme dans la vie sur une échelle plus large. Il s’agit d’un registre comportemental définissant les réactions de l’individu face aux situations rencontrées dans la vie. En entreprise, l’aspect comportemental impacte amplement les perceptions des autres, leur appréciation, les relations, etc. En effet, nombreuses sont les conséquences qui en découlent. J’ai vu à travers mon humble expérience en tant que DRH que certains salariés, qui étaient brillants techniquement, mais qui manquaient de tact relationnel, de communication ou d’intelligence émotionnelle, échouer dans leurs vies professionnelles. Face à un comportement anémique dans le côté relationnel, par exemple, le salarié risque un rejet du groupe, un boycott en termes de coopération ou pire des peaux de bananes de la part de ses collègues. Comment se faire une place parmi les autres, comment réagir dans des situations délicates, comment communiquer avec autrui ? Ce sont là des aspects intimement liés à la personnalité du salarié. Le savoir-être est crucial pour l’épanouissement et, par conséquent, la réussite au sein de l’entreprise. Le mythe de l’intelligence technique déterminant les chances de réussite dans sa carrière est révolu. De nos jours, nous réalisons de plus en plus l’importance du comportemental, d'autant plus que les synergies des équipes comptent énormément et que le mode de management en projet nécessite des interfaces relationnelles fréquentes.

Pourquoi les responsables en recrutement misent-ils sur cette notion ?
C’est simple. Recrutez un collaborateur doué techniquement, mais constipé sur le plan relationnel, et le résultat ne risque guère d’être satisfaisant. En me référant à mon expérience personnelle en gestion des ressources humaines, je constate que nous recrutons à quatre-vingts pour cent sur la base du savoir et savoir-faire, alors que nos licenciements s’expliquent par des défaillances comportementales dans plus de quatre-vingt-dix pour cent des cas vécus. Cela explique le déphasage grave existant entre les motivations des recrutements et celles des licenciements. Conscients de l’impact de la personnalité sur le travail et les chances d’intégration et de réussite, les responsables RH s’efforcent de nos jours de créer cette ré-évolution en approche de recrutement en se basant plus sur le savoir-être. Toutefois, il ne faut pas nier la difficulté qu'il y a à mesurer ou apprécier les traits de personnalité d’un individu.
La fiabilité des tests de personnalité est certaine, mais pas toujours, en tout cas pas à un degré complet d’exactitude. Nous parlons là de sciences sociales et non de sciences exactes. De nouvelles approches en recrutement ont vu le jour depuis les années 1970 en Europe et aux États-Unis, avec un décalage pour le reste des pays.
La méthode STAR par exemple en fait partie. Elle s’appuie sur les comportements passés d’un candidat pour prévoir ceux du futur. Par ailleurs, une appréciation structurée des hauts potentiels et des talents au sein des entreprises peut révéler que la personnalité y est pour beaucoup. On ne réussit pas au sein de l’entreprise grâce aux mêmes facteurs de réussite qu'à l’école. Le pragmatisme à vite donné l’avantage au savoir-faire au détriment du savoir. De nos jours, on constate un autre basculement en faveur du savoir-être cette fois-ci. Votre manière de vous comporter est désormais vitale pour votre réussite ou échec au sein de l’entreprise.

Et si les recruteurs ne tiennent pas compte de la personnalité du candidat ?
C’est possible. Sauf qu’on s’expose beaucoup plus aux risques afférents à la non-adéquation, à l'échec ou encore à de sérieux problèmes à gérer par la suite. Au-delà des masques portés lors des entretiens, le salarié finit par se révéler. Porter un masque est possible, mais pas pour longtemps.
À noter qu’il est plus facile d’enseigner aux collaborateurs de nouvelles compétences que de modifier leurs personnalités. Rien que ça prouve que la personnalité devrait être le premier facteur à observer chez un candidat. Comme on dit bien toujours : nous recrutons des attitudes et nous enseignons des aptitudes.
Pour la métaphore, recruter sur la base du savoir et savoir-faire est similaire à se marier sur la base de traits physiques apparents, alors que nous savons pertinemment que les deux projets, mariage ou recrutement, reposent plus sur le comportemental, qui n’est autre que le reflet de la personnalité.

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