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Sur la voie de l’émergence

Sur la voie de l’émergence
L’Éthiopie a de nombreux atouts tels que sa démographie, et donc sa population jeune, un bon niveau d’éducation et de bonnes infrastructures. C'est un vaste État rassemblant 85 millions d’habitants sur 1,1 million de km2, qui joue un rôle clef dans

L’Afrique de l’Est s’érige depuis 2014, année du classement publié par l’assureur crédit Coface, comme étant la région où se concentre un grand nombre de pays futurs émergents. Et parmi ceux qui devraient atteindre le niveau des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) figurent quatre pays africains : le Kenya, l’Éthiopie, la Zambie et la Tanzanie. Ces quatre pays sont considérés comme les nouveaux relais de croissance en Afrique. Selon la Coface, ces pays justifient d’une croissance potentielle élevée, d’une économie diversifiée et résiliente aux chocs de croissance. Ils ont également des capacités de financement suffisantes pour financer la croissance, un niveau d’épargne minimum notamment, sans risque de bulle de crédit.

De tous ces pays, le cas de l’Éthiopie interpelle. Longtemps assimilée aux images de guerre et de pauvreté, l’Éthiopie fait désormais peau neuve et entre dans le club des futurs émergents. Le pays connaît depuis une dizaine d’années un taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) qui tourne autour des 10%, l’un des plus élevés d’Afrique. Ces trois dernières années et selon les estimations du CIA World Factbook, le taux de croissance du PIB est resté très stable, malgré la crise économique mondiale : 8% en 2010, 7,5% en 2011 et 7% en 2014. L’Éthiopie a de nombreux atouts tels que sa démographie, et donc sa population jeune, un bon niveau d’éducation et de bonnes infrastructures. Vaste État rassemblant 85 millions d’habitants sur 1,1 million de km², il joue un rôle clef dans l’arc de crise de la Corne de l’Afrique. La géopolitique de l'Éthiopie repose sur l'originalité de ce pays chrétien qui occupe de hauts plateaux regroupant l'essentiel des exploitations agricoles et surplombant les plaines et les plateaux habités par des musulmans. L'Empire éthiopien a d'ailleurs soumis une partie de ces territoires périphériques (en particulier l'Ogaden peuplé de Somalis, à l’est) à la fin du XIXe siècle. Après 1945, l'Éthiopie se voit octroyer l'ancienne colonie italienne de l’Érythrée, ce qui lui donne une ouverture sur la mer Rouge, mais à la suite d'un long conflit, elle doit accepter son indépendance en 1993.

Pour développer à grande vitesse son pays qui dépend de l'agriculture et donc des cours mondiaux de certains produits comme le café ou le thé, quand ce n’est pas de l'aide internationale pour nourrir quelque 5,2 millions d'Éthiopiens, Addis Abeba met l'accent sur le développement des transports et de l'électricité par des projets ambitieux de construction de grands barrages comme Gilgel Gibe II et Gilgel Gibe III, avec l'aide financière de la Chine qui gagne de l'influence dans la région au détriment de l'Égypte. L'Éthiopie deviendrait ainsi une puissance hydroélectrique régionale exportatrice d'électricité vers de nombreux pays de cette partie de l'Afrique, ce qui ferait rentrer des devises. Cet engagement dans l'hydroélectricité, alors que l'Éthiopie contrôle 85% du débit du Nil, ne plaît pas à l'Égypte qui menace de détruire tout ouvrage éthiopien qui réduirait le débit du fleuve. Ces projets sont aussi accusés de porter atteinte aux populations locales et à l'environnement, ce qui a motivé le refus de la Banque européenne d'investissement de s'engager dans le financement de Gilgel Gibe III, mais n'ont pas empêché Mélès Zenawi d'être le porte-parole de l'Afrique lors du sommet de Copenhague sur les changements climatiques. 

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