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Time Warner/AT&T, une réponse aux bouleversements du secteur de la télévision

Time Warner/AT&T, une réponse aux bouleversements du secteur de la télévision

Le méga-projet de mariage entre les groupes américains AT&T et Time Warner est une nouvelle illustration des efforts des grands acteurs traditionnels de la télévision pour demeurer pertinents à l'heure où les spectateurs se tournent de plus en plus vers internet.
«L'intention est de rassembler AT&T et Time Warner pour constituer un type de concurrent différent dans l'écosystème» de la vidéo télévisée ou en ligne, a encore fait valoir mardi le patron d'AT&T, Randall Stephenson, lors d'une conférence organisée par le Wall Street Journal en Californie où il partageait la scène avec son homologue de Time Warner, Jeff Bewkes.
Il a défendu son rachat à 108,7 milliards de dollars du groupe de médias en disant vouloir créer un nouvel acteur capable de rivaliser sur les prix avec les câblo-opérateurs du pays, dépeignant un avenir pas si éloigné où les décodeurs deviendraient obsolètes, car les téléspectateurs iraient directement chercher leurs contenus en ligne.
Et il a enfoncé le clou en annonçant qu'AT&T allait prochainement lancer aux États-Unis un service de vidéo en ligne en streaming (DirecTV Now) offrant un accès illimité depuis un appareil mobile à plus de 100 chaînes pour seulement 35 dollars par mois, soit bien moins cher que les habituels forfaits des opérateurs du câble et du satellite.

Depuis l'annonce du mariage le week-end dernier, de nombreux groupes de protection des consommateurs, hommes politiques et régulateurs ont appelé à un examen approfondi de l'opération par les autorités. Randall Stephenson a toutefois affirmé que les critiques étaient basées sur «des commentaires mal informés».
Des poids lourds de la vidéo en ligne comme Netflix et YouTube, également représentés à la conférence WSJD Live, n'ont pour leur part pas semblé particulièrement inquiets.
Le patron de Netflix, Reed Hastings, a ainsi indiqué n'être pas opposé à la fusion tant que les contenus de son groupe et ceux des chaînes de Time Warner comme HBO («Game of Thrones») continuaient d'être traités de la même manière par AT&T.
«Nous voudrions vraiment être sûrs que ça ne donne pas un avantage injuste à HBO comparé à Netflix», a-t-il dit.
En clair, qu'AT&T respecte le principe dit de la «neutralité d'internet», et ne favorise pas par exemple la diffusion des contenus de Time Warner en ne les comptabilisant pas dans les limites de données que peuvent consommer chaque mois ses abonnés.

Également interrogée sur le projet de mariage, la patronne de YouTube, Susan Wojciki, l'a replacé dans le contexte des changements du paysage de la télévision auquel doivent s'adapter les acteurs traditionnels. La consommation de télévision classique des personnes âgées de 18 à 24 ans a chuté de 40% sur les cinq dernières années, selon des données de YouTube, qui revendique lui-même plus d'un milliard de visiteurs chaque mois pour ses vidéos, qu'il s'agisse de tutoriels de bricolage ou de maquillage, de musique ou de retransmission de jeux vidéo. «La distribution de vidéo est si largement disponible, et tellement de gens peuvent créer des contenus», a souligné Susan Wojcicki, ajoutant que YouTube ambitionnait d'être une plateforme pour cette «nouvelle génération de contenus».
En plus de ses vidéos en accès gratuit, le site de vidéos en ligne de Google propose aussi un service payant (YouTube Red) sans publicité à 10 dollars par mois. Susan Wojcicki n'a pas dévoilé de chiffre sur les abonnés, mais assuré qu'ils étaient «bons».

Les groupes de télévision ont expérimenté ces dernières années de nouvelles formes de distribution numérique pour leurs programmes, mais plus que jamais à l'heure de la vidéo en ligne, c'est la qualité des contenus qui fait la différence.Et le coût de production des contenus professionnels est en forte hausse, selon des experts du secteur présents à la conférence. Netflix et Amazon notamment investissent des milliards dans des productions originales.
De manière générale, les contenus «demandent beaucoup de capital» et dans ce contexte, «c'était très intelligent de la part de Time Warner de faire ce qu'ils ont fait» en s'alliant à AT&T, qui peut leur apporter des financements, a jugé l'investisseur activiste Nelson Peltz.
«Tout le secteur des contenus est en train de changer ; fondamentalement, les fossés (entre les contenus et les tuyaux NDLR) ont été détruits», a-t-il ajouté, prédisant d'autres rapprochements
du même type. 

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