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Un nouveau partenaire pour le développement du continent

Les dix dernières années ont vu les relations Chine-Afrique croître de manière exponentielle sous les auspices du Forum Chine-Afrique inauguré en 2000. Ce dernier est devenu le mécanisme institutionnel de dialogue entre les deux entités, ou plutôt entre la Chine et les Afriques, tant les pays africains sont partagés et divergents en matière de négociation avec les puissances.

Un nouveau partenaire pour  le développement du continent

Les relations commerciales Chine-Afrique ont connu une évolution fulgurante ces dernières années dans la mesure où elles sont passées, en l’espace de 13 ans, de 10 milliards en 2000 à 240 milliards de dollars américains en 2013, soit une augmentation de plus de 2.300%. Ce qui a fait passer la part de la Chine dans les échanges commerciaux de l’Afrique de 3,82% en 2000 à 16% actuellement. La Chine a supplanté les États-Unis d’Amérique en 2009 en devenant le premier partenaire commercial d’Afrique. Ainsi, l’Afrique représente 5% dans les échanges commerciaux de la Chine qui représente à son tour 16% dans les échanges commerciaux de l’Afrique.

Il en est de même en ce qui concerne les investissements directs étrangers (IDE) chinois en Afrique qui sont passés de 500 millions de dollars à 3,7 milliards en termes de flux annuels en 2014 avec une évolution annuelle de 20,5% (Yun Sun, 2014). Le stock total des investissements chinois en Afrique est de l’ordre de 32 milliards de dollars. Ces investissements se focalisent essentiellement sur les ressources naturelles, les infrastructures et les télécommunications. Ils se concentrent principalement dans les pays africains richement dotés en ressources énergétiques et minières, malgré le fait que la Chine essaie de se départir de cette image en mettant en valeur l’idée que ses investissements profitent aussi aux pays africains dépourvus de ressources. De même, d’après les institutions officielles chinoises, qui se basent sur les analyses d'Ernest et Young (2015), La Chine est classée septième investisseur en Afrique juste après la France et l’Allemagne. La première position est occupée par les États-Unis d’Amérique, alors que la deuxième revient simultanément au Royaume-Uni et à l’Afrique du Sud.

Par rapport aux forces de maintien de la paix, la Chine fait partie des pays les plus impliqués en contribuant par plus de 2.700 soldats et une présence dans 5 pays, à savoir la Somalie, la Sierra Leone, le Libéria, le Mali et le Sud-Soudan.
Il convient de souligner aussi que la Chine contribue majoritairement au financement et à l’investissement dans les infrastructures en Afrique. Ce qui permet à certains analystes, et pas des moindres, d’en conclure que la Chine, de par cette contribution au financement des infrastructures, a amélioré les perceptions de l’Afrique au niveau mondial : «People now see Africa as a continent full of vitality that plays a critical role in the global and economic landscape» (ambassadeur de la Chine au Kenya).

L’aide publique au développement de la Chine

L’aide publique au développement constitue un des piliers de la politique africaine de la Chine. En effet, l’Afrique a reçu, fin 2014, plus de 51,8% de l’aide publique chinoise, à en croire les statistiques fournies par les institutions chinoises. Quelle est la nature de cette aide et est-elle vraiment dépourvue de conditionnalités ?
Par rapport à la nature de l’aide chinoise apportée à l’Afrique, il s’agit, selon les analystes, de 8 types d’aides, à savoir : les projets complets, les biens, la coopération technique, la coopération au développement des ressources humaines, l’assistance médicale, l’urgence humanitaire, les programmes de bénévolat et l’allégement de la dette (Yun Sun, 2014). Concernant les domaines de coopération, il s’agit principalement de l’agriculture, l’éducation, le transport, l’énergie, la santé. Force est de constater que la Chine donne plus d’importance à la coopération technique dans ses relations avec l’Afrique, dans la mesure où ses engagements financiers sur le continent prennent la forme de prêts remboursables à long terme. Ainsi, entre 2009 et 2012, La Chine a fourni 10 milliards à l’Afrique sous forme de financement à des prêts concessionnels ainsi que des prêts sans intérêts. Ces engagements ont atteint les 20 milliards sur la période allant de 2013 à 2015. Selon les institutions officielles chinoises, la Chine aura accordé à l’Afrique 1.000 milliards de dollars d’ici 2025 de financement sous forme d’IDE, de prêts bonifiés et de prêts commerciaux.

La Chine, dont la présence en Afrique est de plus en plus remarquable, aussi bien d’un point de vue qualitatif (couverture diplomatique et médiatique et nombre de visites effectuées par le Président chinois), que quantitatif (commerce, investissements et aides financières), semble résolument déterminée à conforter sa présence dans le continent africain tout en cherchant à se défaire de l’image négative «du pays intéressé exclusivement par les ressources naturelles africaines», associée à sa politique africaine. En effet, les engagements récents en faveur de l’accroissement de l’aide publique au développement et la coopération technique à destination de l’Afrique et l’intérêt grandissant des entreprises chinoises pour des domaines tels que les énergies renouvelables en disent long sur la volonté de ce pays d’améliorer les perceptions mondiales de la Chine en Afrique.

Par ailleurs, de 2000 à 2014, la présence chinoise en Afrique s’est largement matérialisée dans le domaine des infrastructures. Dans les autres domaines, à l’instar de la transformation des ressources et la formation des ressources humaines, les attentes africaines en la matière semblent n’avoir pas été satisfaites.
Le statut de l’Afrique dans la division internationale du travail n’a pas changé dans la mesure où elle continue à exporter des produits de base sans aucune valeur ajoutée. Alors que la question de la diversification devient vitale pour les économies africaines dans un contexte mondial marqué par la crise économique (contraction de la demande adressée aux pays africains) et l’essoufflement des anciennes politiques industrielles. En effet, les pays africains ont besoin de redéfinir leurs politiques industrielles pour s’inscrire dans une logique mondiale de «Made in World».

Autrement dit, l’industrialisation des pays africains devrait se faire par le biais de l’insertion dans la chaîne de valeur mondiale. En la matière, la Chine,
grâce à des investissements stratégiques, peut aider les pays africains à se spécialiser dans certaines niches industrielles.

Coopération Sud-Sud, quelle marge de manœuvre politique ?

Si la coopération Sud-Sud contribue à l’accroissement des flux d’échanges et d’investissement, permet aux entreprises locales d’apprendre à coopérer au niveau international, à absorber le transfert technologique et à obtenir des économies d’échelle par le biais de la mise en complémentarité des potentialités offertes par les pays du Sud, elle a également impulsé une nouvelle dynamique politique, économique et sociale marquée par le relâchement des conditionnalités et la réhabilitation du rôle de l’État dans le développement, l'«État stratège». Ce qui se démarque des conditionnalités des puissances traditionnelles, réduisant le rôle de l’État à la création des infrastructures institutionnelles nécessaires au bon fonctionnement du marché. Chemin faisant, la réussite fulgurante de pays issus du Sud commence à faire des émules de par l’attrait qu’elle exerce sur les pays en développement. Ce qui dénote des mutations profondes de la gouvernance mondiale.
Effectivement, la montée en puissance de la coopération Sud-Sud est synonyme de l’émergence d’un nouveau monde caractérisé par la diversification des partenaires, des modes de financement et des modèles de développement. Une situation historique inédite où un ensemble d’États, réputés pour leur puissance économique et le soutien politique que leur accordent d’autres États, désirent peser davantage dans le processus de prise de décision au niveau international. En définitive, la coopération Sud-Sud véhicule les promesses de développement des pays du Sud et d’une gouvernance mondiale inclusive et plus juste en ce qu’elle est le fruit de l’interaction entre plusieurs États aux intérêts divergents. La coopération Sud-Sud est, somme toute, un catalyseur de développement et d’autonomisation des pays du Sud.

Toutefois, conscients de la portée des divergences d’intérêt entre pays du Sud, les puissances classiques (pays du Nord) renforcent de plus en plus leur capacité de cooptation face aux revendications des pays de Sud. C’est dans cette perspective que la conception et l’élaboration des stratégies de développement régionales consistant à faire converger les intérêts nationaux de chaque pays sont indispensables. 

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