Menu
Search
Mardi 23 Avril 2024
S'abonner
close
Mardi 23 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next

Un riche héritage qui fait la fierté du Royaume

Nombreux sont ceux qui croient que le Sahara est synonyme de dunes de sable fin, de chameaux, de bivouacs touristiques et de soleil brûlant. Ils oublient que le Sahara c'est aussi une culture hassanie, une composante essentielle un symbole fort de la diversité culturelle du Royaume du Maroc.

Un riche héritage qui fait la fierté du Royaume
La culture hassanie, partie intégrante de la civilisation marocaine, a réussi le pari de préserver son essence qui transparaît dans son héritage linguistique, patrimonial et littéraire.

C’est une fierté que d’avoir cette richesse sahraouie qui fut acquise grâce à une fusion arabo-amazighe dans une belle mixité qu’on peut déceler dans toutes les composantes de ce legs ancestral. Telle est la culture hassanie comme la voient les chercheurs et les experts qui s’y intéressent de très près, car ils découvrent sa force dans la capacité qu'ont les Sahraouis à la faire diffuser et la sauvegarder, à travers leur passion de communication et d’échange avec l’autre.

«C’est une culture qui bouge et qui est pleine de messages. Cette mobilité est très apparente dans ses différentes composantes, notamment sa danse “guedra”, dont les expressions du corps ne manquent pas de sens et de messages. Sa poésie, également, est d’une grande valeur littéraire, utilisant aussi bien la langue hassanie que l'amazigh», souligne le chercheur Ibrahim Al Hayssen. Cette culture hassanie, partie intégrante de la civilisation marocaine, a en effet réussi le pari de préserver son essence qui transparaît dans sonhéritage linguistique, patrimonial et littéraire. Plusieurs des manifestations de cette culture en témoignent, à travers les nombreuses coutumes, traditions et festivités particulières se rapportant aux différents aspects de la vie – comme la naissance, la circoncision, les fiançailles, le mariage, le divorce, entre autres cérémonies religieuses –, puis l’art culinaire traditionnel ou encore l’habit traditionnel très réputé, notamment «Al malhfa» chez les femmes et «darâa» chez les hommes.

Par ailleurs, l’espace sahraoui, à travers sa population, se distingue par le sens de la tribu, dont la générosité, l’hospitalité, le divertissement et le mode de vie ont voyagé à travers le temps sans perdre de leurs principes ancestraux, que les femmes et hommes du Sahara ont protégés et fait revivre de génération en génération. Quant à la langue de communication hassanie, le chercheur en culture hassanie, Taleb Bouya Laatig, témoigne que celle-ci met en exergue sa force symbolique, son côté esthétique et sa précision. Et d’ajouter en ce qui concerne le volet créatif que «la musique hassanie est une autre preuve de l'ouverture de cette culture sur d'autres du monde, car elle rappelle la dimension africaine et amazighe. C'est une musique où on trouve le “hijaz”, “srouji”, “taghjouta”, avec un recours au “Tadinit”, un instrument musical dont l'appellation est amazighe, outre l'intégration des Jawanib (janba al bayda et janba sawda)». Le chercheur Ibrahim Al Hayssen en témoigne également en insistant sur l’ouverture de cette culture sur d’autres horizons et en précisant que «la culture hassanie brise le silence et incite à la parole. Il existe plusieurs proverbes qui le confirment. Car ils ont une valeur symbolique et se caractérisent par leur musicalité, leur niveau linguistique, puis la facilité d'image traduisant la perspicacité de l'homme sahraoui».


Questions à Alia Mae El Ainain, professeur universitaire à l’Université Mohammed V à Rabat

«La culture hassanie se distingue par un riche patrimoine matériel et immatériel»

Comment peut-on définir la culture hassanie et qu'est-ce qui la distingue ?
En définition générale, la culture est tout ce que laisse et transmet l’homme, à travers le temps et l’espace, en termes de patrimoine matériel et immatériel. Il y a, bien sûr, un volet scientifique et littéraire faisant partie de la culture générale du Royaume. Mais ce qui est spécial pour la région hassanie populaire, c’est tout un patrimoine matériel et immatériel qui, auparavant, n’était pas mis en valeur, tout comme les cultures populaires du Maroc entier. Ce n’est plus le cas ces dernières années où cette culture a commencé à être connue et reconnue, notamment la poésie de la femme hassanie qui donne de la valeur à celle-ci et la distingue des autres femmes. En étudiant ces poésies de femmes hassanies, on peut y déceler leurs sentiments, leurs joies et leurs souffrances, cela révèle aussi leur forte présence dans la société. Ce qui prouve l’ouverture de la culture hassanie aussi bien chez la femme que chez l'homme.

Pensez-vous que cette culture hassanie a pu être sauvegardée et de quelle manière ?
Elle est restée protégée grâce à ceux qui l’ont portée et transmise de génération en génération. Mais il faut dire que l’ouverture du Centre des études sahraouies a permis plusieurs recherches dans ce sens, avec l’édition de livres et de recueils de poésies de femmes hassanies, avec un intérêt très intense pour toutes les composantes de cette culture.

Quelle est, selon vous la position et le rôle de la culture hassanie au sein de la diversité culturelle marocaine ?
La culture hassanie ne peut être qu’un plus pour la culture marocaine dans toute sa diversité. C’est ce qui fait la force du Maroc. La richesse de cette mosaïque culturelle nous pousse à chercher à mieux nous connaître entre nous et à profiter de ce legs ancestral qui nous aidera à mieux communiquer avec les autres. On trouve des livres historiques qui mettent en valeur les échanges poétiques au Sahara, en citant des poèmes d'une grande valeur littéraire qui démontrent à quel point les Sahraouis sont ouverts sur les autres langues et sur leur environnement extérieur.

Lisez nos e-Papers