Menu
Search
Vendredi 19 Avril 2024
S'abonner
close
Vendredi 19 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Fête du Trône 2006

«C’est le moment de l’action entre l’Afrique et L’Europe pour un partenariat gagnant-gagnant»

Brahim Fassi Fihri, président fondateur de l’Institut Amadeus, considère que les travaux de la dixième édition du Forum international MEDays ont constitué un grand succès, dans la mesure où ce rendez-vous a permis la formulation d’importantes recommandations concernant le partenariat euro-africain, qui ont été soumises à la présidence de l’Union africaine. Les MEDays ont également permis de mettre en avant le rôle à jouer par le Maroc dans le cadre de ce partenariat euro-africain.

Le Matin : Les travaux du Forum MEDays organisé par l’Institut Amadeus, dont vous êtes le président fondateur, se sont-ils déroulés selon le programme que vous aviez établi ? D'autant plus qu’il s’agit de la dixième édition, une «édition anniversaire» des MEDays ?
Brahim Fassi Fihri : Hamdoulah, surtout après la première journée de travaux qui a été marquée par la présence du Président de la Guinée, Alpha Condé, qui est en même temps le Président en exercice de l’Union africaine (UA). Je ne peux que me réjouir du bon déroulement de cette édition anniversaire des MEDays qui avait démarré sous de bons auspices. Je crois qu’on ne pouvait pas rêver meilleur cadeau pour un dixième anniversaire que la présence, la même année du retour du Maroc au sein de l’UA, du Président de cette organisation. C’est à la fois symbolique et important. C’est aussi une énorme satisfaction pour nous. Les thématiques des MEDays ont été axées sur des problématiques plutôt africaines, justement avec l’émergence des «nouveaux lions» africains, le risque pays en Afrique, et plusieurs autres thématiques liées au continent qui ont été discutées au cours de ce rendez-vous à Tanger. Ce qui a été aussi marquant, c’est que tous les regards des participants étaient tournés vers le prochain sommet Europe-Afrique qui se déroulera, les 28 et 29 novembre, à Abidjan.

Justement, nous avons remarqué que la majorité des débats ont porté sur l’enjeu et les propositions à développer par rapport à ce sommet. Est-ce que c’était un choix prémédité ?
Je dois effectivement dire que, lorsque nous avons appris la date du sommet Afrique-Europe, nous avons réaménagé le programme pour nous concentrer sur ce sommet, pour plusieurs raisons. D’abord parce que l’Europe et l’Afrique ne sont plus les continents qu’ils étaient au lancement de ce sommet en 2000. L’Europe a connu un ensemble de crises institutionnelles, économiques, l’émergence du nationalisme extrémiste, la velléité d’indépendance en Catalogne, etc. L’Afrique, elle, émerge, avance loin des stéréotypes qui peuvent encore persister. C’est vrai qu’il y a encore des crises dans certains pays, mais elle reste un continent gagnant. Je crois qu’aujourd’hui, l’Afrique regarde l’Europe droit dans les yeux, sans complexe d’infériorité. Il est essentiel de prendre conscience que l'époque de la bienveillance est révolue et qu'aujourd’hui c'est le temps de l’action entre deux partenaires de même niveau, qui veulent construire un partenariat gagnant-gagnant. C’est ce qui ressort des travaux de cette dixième édition des MEDays.

Les travaux des workshops et des autres séances ont permis d’élaborer des idées et des recommandations dont l’objectif annoncé était qu'elles soient soumises au Président de l’UA. De quoi s’agit-il exactement ?
Effectivement, nous avons réuni autour de la même table un ensemble de décideurs africains avec des décideurs européens dont la majorité est issue de pays ayant rejoint l’Union européenne en 2004. Car nous considérons qu’eux aussi ont leur mot à dire. Il y a eu ainsi des workshops sur plusieurs thématiques, juste avant le Forum, pour que les recommandations élaborées puissent être soumises au Président de l’UA. Parmi les sujets évoqués figurent l’immigration, la circularité et la coopération économique, avec l'objectif de ne plus être pris en otage par la logique du développement. Car aujourd’hui, on est dans un schéma de co-développement responsable. La participation à ces workshops d’anciens premiers ministres et d’anciens ministres des Affaires étrangères connaissant parfaitement bien à la fois le fonctionnement de l’UE et de l’Afrique a permis de produire des recommandations pertinentes. Ceci prouve aussi la valeur opérationnelle du Forum MEDays, qui n’est pas seulement un cadre de débat, mais également un Forum d’action. C’est un symbole important mis en avant pour la célébration de la dixième édition.

Quelle a été donc la réaction du Président de l’UA au sujet des recommandations qui lui ont été soumises ?
Il faut savoir que ce travail a été fait avec le Président Alpha Condé et ses équipes. Ce qui permet de démontrer une chose essentielle à mon sens, puisque nous avons parlé du partenariat de l’Afrique et de l’Europe, mais nous n’avons pas parlé du rôle du Maroc. Mais il faut le dire, le Maroc a, à la fois, vis-à-vis des Européens et des Africains, un rôle majeur. Le Royaume est déjà très actif sur le continent africain, mais aussi un partenaire essentiel de l’UE. Il est une courroie de transmission entre l’Europe et l’Afrique. Il construit et propose et fait avancer un certain nombre de process. Tout cela a été souligné par le Président Alpha Condé. Au moment où d’autres, qui n’ont rien à proposer à l’Afrique, se permettent des caricatures ignobles, le Maroc construit. C'est ce qui a aussi été souligné avec force par l’ensemble des participants. D'ailleurs, en amont de ce sommet, plusieurs actions qui ont été menées par le Maroc. J'en veux pour preuve la réunion sur l’immigration qui a eu lieu la semaine dernière à Skhirate. Le Royaume est engagé à faire avancer les choses en partant de la vision de S.M. le Roi. Je crois que cette démarche du Maroc en Afrique ainsi que vis-à-vis de son partenaire l’UE démontre que sans le Royaume, il ne peut y avoir de partenariat euro-africain gagnant. Sans lui, il ne peut y avoir un partenariat s’inscrivant dans la démarche d’une Afrique émergente, forte, qui ne se limite pas à un partenaire donné, mais qui s’intègre dans un mouvement globalisé. Par ailleurs, il est aussi important de dire que nous sommes à quelques semaines de la réunion de la réforme de l’UA. Les présidents Alpha Condé et Paul Kagame, qui ont pour point commun d’avoir tous les deux participé aux MEDays, préparent cette nouvelle réforme de l’UA. Et ce, pour inscrire cette union, qui est très populaire au sein des populations africaines, dans le 21e siècle. Le Président Paul kagame, lorsqu’il prendra en janvier la présidence de l’UA, mettra en œuvre cette réforme. Donc ce qui compte, c’est le pragmatisme, qu'il s'agisse du partenariat euro-africain ou de l’UA et de son avenir. 

Lisez nos e-Papers