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«Chaque entrepreneur est censé dresser son propre bilan de compétences lequel lui permettra d’identifier des pistes d’amélioration»

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Éco-Emploi : Quels sont les Soft Skills à développer pour devenir un entrepreneur efficace ?
Hassan Charraf : Plusieurs études confirment, aujourd’hui, que les premières compétences à développer sont : la résolution de problèmes complexes, la pensée critique et la créativité. Viennent ensuite des compétences liées au management interne : gestion des équipes, coordination. Enfin, des Soft Skills sont orientés vers les interlocuteurs externes de l'entreprise : le souci du service client, la négociation et la créativité, qui n’est pas obligatoirement artistique, mais qui peut être organisationnelle, décisionnelle ou opérationnelle.
Pour ma part, un entrepreneur efficace est celui qui est capable de relever les défis et dépasser les obstacles (personnels, professionnels, économiques, culturels, technologiques…). Pour cela, il a besoin de développer sa capacité à visualiser le succès, ne pas craindre l’échec, savoir et pouvoir rebondir, croire qu’il peut réussir, être foncièrement engagé dans ce qu’il fait, être optimiste et agissant pour trouver des solutions et non pas commenter les problèmes.

Enfin, un entrepreneur efficace est avant tout «Créatif et Innovant» et fait preuve d’un éternel émerveillement. Cela fait de lui un entrepreneur toujours jeune, capable d’écouter avant de vouloir être écouté, de comprendre avant de vouloir être compris, se posant les questions «pourquoi» et «pourquoi pas», menant le combat juste et pas juste un combat.
Les Soft Skills sont plurielles, chaque entrepreneur est censé dresser son propre bilan de compétences, lequel lui permettra d’identifier des pistes d’amélioration qui peuvent être regroupées comme suit : «Esprit d’entreprendre», «Confiance», «Prise de recul», «Communication» (expression et compréhension orales et écrites), «Gestion du temps», «Intelligence émotionnelle», «Gestion du stress», «Synergie», «Observation et Non-jugement», «Sens de l’écoute», «Intuition», «Souplesse cognitive», «Sens de l’organisation», «Sens de l’humour», «Adaptabilité», «Empathie» et «Diplomatie»…

Pourquoi, à votre avis, ces Soft Skills sont-elles indispensables ?
Le parcours d’un entrepreneur est semé d’embuches, il doit alors avoir les ressources nécessaires pour les surmonter. Ses ressources internes (Soft Skills), ses valeurs et ses convictions sont les bases sur lesquelles il est plus sûr de compter, car elles lui appartiennent (contrairement aux ressources externes telles que le financement, par exemple).
Lorsque la situation d’une entreprise ou d’un projet n’est pas optimale, l’entrepreneur aura besoin de puiser dans toutes ses ressources internes pour apprendre, comprendre et entreprendre. Ce sont des compétences essentielles requises pour résoudre des problèmes ou avancer en situation de crise. Ce sera, par exemple, grâce à la gestion du stress, à la créativité et à la persévérance qu’un startuper pourra surmonter la perte d’un contrat important.
Quand la situation n’est pas problématique, les Soft Skills permettent de venir en support aux Hard Skills, les compétences techniques.
L’intérêt des Soft Skills pour un entrepreneur est de lui permettre de réfléchir et d’agir selon un référentiel basé sur des valeurs. En effet, être chef, c’est commander, mais c’est d’abord servir. C’est aussi faire le pari de la croissance sans lequel il ne peut y avoir de développement de l’activité de l’entreprise dont il a la responsabilité ; et définir par la négociation la règle du partage de l’augmentation de la productivité et la règle de répartition
du profit. Les défis, contraintes, obstacles et enjeux sont pour l’entrepreneur efficace les meilleurs moyens d’aiguiser ses facultés et compétences, de comprendre, d’apprendre et d’entreprendre en étant éveillé et conscient. Il a, aussi et surtout, besoin de faire preuve d’humilité pour s’informer, se former et transformer ses idées en projets, ses projets en réalités économiques.

Que conseillez-vous à un porteur de projet en phase de lancement ?
1. Soigner son organisation : éviter de faire plein de petites tâches «annexes» ce qui pourrait être finalement révélateur d’une fuite de ce qu’il y a de vraiment important. S’organiser repose donc en grande partie sur deux Soft Skills :

• Sens : savoir quel est son objectif et quelles sont les tâches s’y rattachant (les tâches de valeur).
• Décision : savoir prioriser et réaliser les tâches importantes avant celles annexes.

2. Travailler en confiance et pouvoir convaincre :
L’entrepreneur est avant tout une personne de terrain qui cherche à créer de la valeur et de la richesse. Pour que son entreprise puisse avancer, elle devra se connecter avec :
• des clients pour générer du chiffre d’affaires ;
• des partenaires pour créer un effet d’émulation ;
• des prescripteurs pour ramener des prospects et des clients ;
• des investisseurs pour amener des fonds financiers.
Il n’y a pas de secret, il faut travailler, préparer, pitcher, adapter, argumenter, penser gagnant-gagnant, respecter, accepter de se remettre en question, être agile, intégrer la technologie sans être pris au piège…
Pour gagner en confiance et pour inspirer confiance, rien de mieux que de pratiquer : participez régulièrement à des évènements pour faire du networking. C’est un formidable terrain d’entrainement pour progresser à «connecter». Essayez autant que possible lorsque vous êtes dans cette dynamique d’être centré sur la personne avec qui vous échangez avec l’intention de lui apporter quelque chose plutôt que l’inverse : vous verrez que vos échanges seront beaucoup plus sains et efficaces.

3. Travaillez mieux : il ne s’agit pas de travailler plus ou moins, il faut travailler autrement, intelligemment, en étant éveillé et conscient de ce qu’on fait pour y apporter une vraie valeur ajoutée. Il ne faut pas que l’entreprise créée soit une entreprise de plus, il faut qu’elle soit une entreprise avec un plus.
Savoir travailler beaucoup est une chance, mais attention à l’épuisement. Notre énergie peut paraître illimitée quand on est porté par l’enthousiasme et la motivation, par l’amour de ce que l’on fait (Love Can Do) jusqu’au moment où on craque… Mieux vaut éviter cela en écoutant son corps et sa tête et les signes qu’ils nous transmettent.

4. Vous allez stresser, soyez préparé, gardez le sourire :
Le monde de l’entreprise est plein de situations diverses et variées. L’entrepreneur efficace aura à gérer les 5 F : Financement, Foncier, Fonctionnement, Formation, Fiscalité. Chaque sujet apporte son lot de stress, de doutes, d’incertitudes.
Dites-vous bien que cela est normal et que c’est le propre de ce métier. En étant conscient de cette réalité, l’entrepreneur aura besoin de chercher des solutions et non pas de stresser en sur-dimensionnant les obstacles. Cela n’est pas facile certes, mais pas impossible. On finit par y arriver, il faut le croire et travailler pour l’avoir.
5. Un(e) entrepreneur(e) est surtout un(e) champion(ne) des imprévus :
L’entrepreneur se doit avant tout d’être résilient pour être capable de faire face aux échecs et difficultés et ainsi être en mesure de rebondir. Cette résilience est une vraie Soft Skill. Certaines personnes feront du sport pour booster leur résistance et leur mental. D’autres visualiseront et méditeront. D’autres encore feront sûrement les deux à la fois. Chacun a sa manière d’entrainer cette compétence essentielle, mais sachez qu’il existe des réflexes à mettre en place au quotidien pour être plus résilient et plus solide pour avancer malgré les
difficultés :
• Adopter la pensée nuancée qui permet de ne pas porter un jugement tranché et définitif sur telle personne ou telle idée si rien ne nous y oblige.
• Pratiquer la pensée affranchie et s’exercer à aller au-delà du brainstorming habituel en considérant des approches et des solutions vraiment extravagantes.
• Écouter avant de parler et savoir le faire avec sagacité.
• Avoir l’esprit de discernement et le sens critique.
• Avancer en lisant les grands textes et en découvrant les trésors qu’ils recèlent, pendant que d’autres font du sur place en feuilletant la presse professionnelle et autres publications éphémères.
• Apprendre et oublier les échecs et les erreurs passés ; les décisions à prendre ici et maintenant ne peuvent influer que sur l’avenir.
• Travailler pour ceux qui travaillent pour eux et avec eux.
• Se rendre compte qu’un leader ne peut pas vraiment être aux commandes de son organisation, mais seulement diriger des individus, et, ensemble, constituer cette organisation et la faire fonctionner.
• Chercher dans les idées neuves et les approches originales le moyen d’atteindre l’excellence.
• Faire les bonnes choses. (Les managers font bien les choses et les leaders font les bonnes choses).
Un dernier message : Entrepreneurs en lancement, souriez, vous êtes capables du meilleur ! 

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