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«Le Président de l’Union africaine et Président de la République de Guinée, Alpha Condé, invité de la 10e édition des MEDays»

Les MEDays fêtent cette année leur dixième anniversaire. Organisée sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, du 8 au 11 novembre prochain, l’édition 2017 du Forum international initié par l’Institut Amadeus aura pour thématique «De la défiance aux défis : l’ère des grands bouleversements». Dans un entretien accordé au «Matin», le Fondateur du Forum, Brahim Fassi Fihri, nous parle des particularités et des enjeux de cette édition et évoque avec nous les moments phares de cet événement d’envergure.

«Le Président de l’Union africaine et Président de la République de Guinée, Alpha Condé, invité de la 10e édition des MEDays»

Le Matin : L’Institut Amadeus organise la dixième édition du forum international MEDays. Peut-on dire que ce Forum est arrivé à maturité et qu’on peut le qualifier de «Davos» du continent africain, comme vous aimez à le dire ?

Brahim Fassi Fihri : À quelques semaines de la dixième édition, je peux me réjouir que le projet MEDays arrive à son dixième anniversaire. Ce qui était, au départ, un événement dédié au bassin méditerranéen s’est, de plus en plus, élargi pour devenir un forum global. C’est un rendez-vous qui a désormais sa place dans l’agenda des grandes conférences internationales. Je cite pour preuve la participation marquée de personnalités de premier plan, au fil des éditions. La participation de Chefs d’État, de Chefs de gouvernement, de responsables politiques africains, européens, d’Amérique latine et également d’Asie. Dans notre ADN, lorsque les MEDays ont été créés, nous avons voulu offrir, à partir du Maroc, une plateforme informelle d’échange qui puisse réunir à la fois des décideurs politiques, des acteurs économiques et de la société civile. Lorsque je regarde dans le rétroviseur les neuf précédentes éditions, je ne peux que me réjouir et je suis optimiste pour cette dixième édition.

 

Justement, quel bilan faites-vous de ces dix années d’existence des MEDays et quels enseignements en tirez-vous ?

Comme je l’ai dit, nous sommes arrivés à installer cet événement dans l’agenda international des grandes conférences. Un agenda qui est extrêmement concurrentiel, car chaque pays essaye de mettre en avant un certain nombre de conférences et parfois il s’agit de «one shot», alors que notre rendez-vous est inscrit dans le temps. Dix éditions, c’est une grande satisfaction et cela représente un sentiment de fierté pour nous.

 

Pendant ces dix ans, n’êtes vous pas passés par des moments de difficulté  ?

Bien sûr, car il faut savoir qu’il est extrêmement difficile d’organiser un événement de cette dimension. Il s’agit de mobiliser 150 intervenants, 3.500 participants, 80 pays représentés et près de 200 journalistes pendant quatre jours à Tanger. C’est un défi que l’on s’efforce de relever à chaque fois. Mais on peut se réjouir d’avoir pu apporter, modestement, au Maroc un événement de cette dimension. Un événement crédible, qui attire de plus en plus de personnalités d’envergure internationale et qui nourrit les réflexions de l’Institut Amadeus.

 

«De la défiance aux défis : l’ère des grands bouleversements», c’est le thème choisi pour l’édition 2017 des MEDays. Pourquoi cette thématique ?

Aujourd’hui, nous vivons dans un monde en plein bouleversement. L’avènement de Donald Trump l’a démontré à plus d’un égard. Il y a aussi la crise nord-coréenne, l’enlisement du conflit au Moyen-Orient, la lutte contre l’État islamique qui s’intensifie, ce qui le pousse à exporter ses actions sur d’autres terrains, notamment en Europe et dans l’Amérique du Nord. Il y a également d’autres problématiques qui émergent, tout particulièrement au niveau européen suite au Brexit, avec cette nouvelle donne européenne, mais aussi suite à cette volonté palpable de la part de certains responsables politiques européens de radicaliser leurs discours. Je cite dans ce cadre les dernières élections allemandes où le parti d’extrême droite Alternative pour l'Allemagne a obtenu 13% des voix. Sans oublier la problématique de la Catalogne qui bouleverse un certain nombre de paradigmes. Je crois donc que nous vivons dans un monde de défiance et notre rôle en tant que centre de recherche et d’analyse est de réfléchir et prendre du recul par rapport à cette défiance généralisée pour essayer de répondre, modestement, mais efficacement, aux nombreux défis qui nous entourent.

 

La thématique est-elle en relation avec les préoccupations de la politique étrangère marocaine ?

Les MEDays sont un Forum global, mais nous assumons le fait, depuis la première édition, de promouvoir un certain nombre de sujets qui intéressent la politique étrangère marocaine et portés par S.M. le Roi Mohammed VI. C’est pour cela que les MEDays consacrent une place prépondérante au continent africain. D’ailleurs, l’ensemble des régions du continent africain est représenté dans ce rendez-vous avec une ouverture, depuis les trois dernières années, sur les pays anglophones et l’Afrique de l’Est pour essayer de faire en sorte que le Maroc démultiplie ses champs de coopération avec l’ensemble des pays du continent. Ainsi, nous avons vu, sur la période 2016-2017, le retour du Maroc au sein de l’Union africaine, mais aussi la multiplication des tournées du Souverain en Afrique.

 

Justement, dans l’orientation des MEDays depuis son lancement, on peut remarquer qu’il y a une prépondérance de l’Afrique aux dépens de la Méditerranée, qui avait une place de choix lors des premières éditions. Comment expliquez-vous cela ?

C’est l’actualité nationale et régionale qui a imposé cette tendance. Mais cela s’impose également du fait qu’aujourd’hui lorsqu’on observe l’économie mondiale dans son ensemble, on constate un déplacement du centre de gravité de l’économie mondiale vers les pays du Sud. D’un point de vue purement économique, la croissance est en Afrique. Face à cela, il y a une crise en Europe et le vieux continent vit bien d’autres problématiques. Le taux de croissance est autour de 5 à 6 points de croissance par an en Afrique avec de nombreuses opportunités que le Maroc essaie de saisir. L’idée d’Amadeus, à travers cette dimension de plus en plus africaine des MEDays, c’est de pouvoir mettre en place une plateforme de coopération Sud-Sud, Maroc-Afrique, mais aussi intra-africaine via le forum MEDays.

 

Pour revenir à la dixième édition des MEDays, quels en seront les moments forts ?

En fait, nous avons assumé le fait que cette dixième édition soit l’édition anniversaire. Ainsi, nous allons mettre en lumière les principales thématiques abordées tout au long de cette décennie, et ce avec un focus particulier sur les thématiques qui sont d’actualité. Nous allons parler du continent africain, de la stabilité et de la sécurité au Moyen-Orient, de la menace terroriste, de la crise en Europe… 

Nous allons parler également de thématiques de nature purement business axées sur le continent africain, telles que l’investissement, les infrastructures ou la logistique, et bien d’autres sujets comme le développement, l’éducation ou la santé. 

D’ailleurs, nous allons lancer une initiative africaine de la santé lors des MEDays 2017. Nous allons aussi organiser, autour de workshops, des thématiques euro-africaines en vue du sommet Union européenne-Afrique qui aura lieu, en principe, fin novembre prochain.

Pouvez-vous nous citer les noms de quelques d’invités de marque qui vont animer cette dixième édition des MEDays ?

Nous aurons le plaisir d’accueillir pour cette édition anniversaire son excellence le Président de l’Union africaine, qui est le Président de la République de Guinée, Alpha Condé. Puisque cette édition vient juste après le retour du Maroc à l’Union africaine. Pour nous, il est extrêmement symbolique de recevoir le Président en exercice de cette union. Ce qui s'inscrit dans la continuité de notre approche consistant à agir pour le rapprochement du Maroc avec un certain nombre de pays. La Guinée est un pays frère avec lequel nous avons une longue tradition de coopération et de collaboration multidimensionnelle, mais la symbolique de sa présence à cette édition est importante.

 

Dans le cadre des préparatifs de cette édition, vous avez lancé le blog Forum MEDays. Quels sont les enjeux de cette plateforme ?

Puisque le Forum des MEDays est un rendez-vous annuel, nous avons décidé de prolonger «le plaisir» avec cette possibilité pour nos nombreux intervenants, qui sont des décideurs politiques, des experts de renommée internationale, de s’exprimer tout au long de l’année à travers le blog des MEDays sur des thématiques importantes. 

L’objectif est de continuer le débat sur les sujets entamés au cours des MEDays, mais aussi de pouvoir anticiper les problématiques à venir. C’est un blog qui a pour vocation de faire en sorte que les MEDays durent toute l’année et que les problématiques qui y sont abordées puissent être traitées en amont, mais aussi en aval du Forum.

 

On a constaté que les MEDays sont une telle réussite qu'ils font un peu de l’ombre à l’Institut Amadeus. Est-ce que cela ne gêne pas ?

Honnêtement oui ! les MEDays cannibalisent l’ensemble des activités de l’Institut Amadeus, compte tenu de leur importance. Nous avons organisé un certain nombre de conférences les années précédentes, nous avons publié beaucoup de rapports, notamment sur les relations du Maroc avec l’Afrique et travaillons sur un ensemble de thématiques. 

Mais nous avons fait le choix, ces trois dernières années, de donner plus d’importance aux MEDays. C’est ce qui explique leur succès grandissant et la participation de plus en plus remarquée de personnalités éminentes et influentes dans le monde. 

Entretien réalisé par Brahim Mokhliss

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