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«Le mouvement ne va jamais se transformer en parti politique»

Anouar Zyne, initiateur du mouvement #changer.ma, a organisé mardi dernier une rencontre-signature à l’occasion de la parution de son premier livre «#changer, debout le Maroc des justes». L’occasion de revenir sur le lancement de son initiative qui appelle les citoyens à s'engager dans le changement de leur quotidien.

«Le mouvement ne va jamais se transformer  en parti politique»
Anouar Zyne. Ph. Seddik

Le Matin : Vous avez lancé récemment le mouvement #changer.ma. Parlez-nous de cette initiative et quels sont les objectifs que vous vous êtes fixés ?
Anouar Zyne : #changer.ma est un mouvement d’actions et de résistance citoyenne. Nous organisons régulièrement des meetings durant lesquels nous recevons des gens qui ont pu parvenir à faire un changement à travers l’un des quatre outils dont nous faisons la promotion. Le premier outil, c’est le plaidoyer public. Dans ce cadre, nous avons reçu l’association Insaf qui a fait changer la loi sur les petites bonnes, et nous allons recevoir aussi l’association Reins qui a contribué à changer la loi sur le don d’organes. Le deuxième moyen, c’est celui du recours à la justice. À ce titre, nous avons reçu des citoyens qui ont porté plainte contre des communes, des sociétés publiques ou des administrations et qui ont obtenu gain de cause et donc ont changé des choses grâce à la justice. Le troisième outil c’est la coopération avec les élus. Nous avons reçu une association qui a réalisé un parc de jeux en travaillant avec les élus et nous allons recevoir d’autres citoyens qui sont en contact avec les élus de manière amicale, et qui grâce à ce contact arrivent à changer les choses dans leurs circonscriptions. Enfin, le quatrième outil de changement, c’est la pétition et la motion. À travers le mouvement, nous accompagnons, par exemple, la pétition de l’association Racines pour changer la loi sur l’utilisation de l’espace public par les artistes et obtenir ainsi des rues et des places animées par des artistes.

Est-ce que vous pensez réellement que les citoyens peuvent participer au changement ?
Je suis convaincu qu’on peut réellement changer les choses par le biais des quatre outils que j’ai cités précédemment, et ce de manière pacifique. Par exemple, une personne qui remarque un problème d’éclairage public dans une commune va poster une photo sur Facebook et récolter des «like». C’est une manière de manifester son indignation. Ceci est une étape importante, mais insuffisante. L’idée que nous préconisons via le mouvement est de prendre la même photo, faire une pétition avec les voisins, la déposer au niveau de l’arrondissement ou la commune afin que les élus soient obligés de traiter le sujet lors de la session de la commune. La même chose pour la sécurité sur une place publique, l’installation d’une crèche communale, la création d’un terrain de football pour les jeunes ou un espace culturel… Ce sont les citoyens qui doivent dicter aux élus ce qu’ils veulent et les élus doivent s’exécuter, soit de façon amiable, soit par la pétition ou la motion, soit par la justice ou via le plaidoyer. Les élus n’ont pas le monopole des bonnes idées, celles-ci peuvent venir des citoyens et c’est pour cette raison qu’il est important de les mettre en contact. C’est aussi une manière d’éviter la naissance de conflits ou l’organisation de manifestations, parce que je pense que ce sont des moyens qui ne servent pas à grand-chose.

Vous avez organisé un premier meeting en janvier dernier. Quelle est l’étape à venir ?
D’abord, on organise les meetings à travers les écoles supérieures des secteurs public et privé, pour sensibiliser les jeunes. Parce que les jeunes ont la plus grande aspiration au changement. Donc l’objectif est de leur faire comprendre qu’un changement est possible et qu’ils peuvent changer les choses. Ces meetings vont se poursuivre pendant un an ou deux, le temps de sensibiliser le plus grand nombre de personnes et réunir des gens qui veulent devenir fondateurs de ce mouvement. Ensuite, l’idée est de créer des clubs de changement dans différentes villes et divers quartiers. Par ailleurs, nous ne nous fixons aucune échéance.
L’essentiel pour nous est d’initier une nouvelle culture, à savoir que la participation citoyenne est possible en dehors des périodes électorales. Il faut répondre au quotidien à la question : qu’est-ce que tu peux faire pour ta rue ou pour ton secteur ? Notre objectif n’est pas non plus de créer une instance où on va assister les gens qui veulent le changement, mais leur expliquer les moyens de changer les choses par eux-mêmes, pour qu’ils puissent vivre amplement leur citoyenneté.

Justement, comment devenir une force de changement dans la société ?
Il faut prendre conscience d’un fait : si on ne bouge pas, si on n’agit pas, si on ne signe même pas une pétition, les choses ne vont pas changer. Il faut vivre sa citoyenneté comme un acte de consommation. C’est la loi de l’offre et de la demande. Si on n’a pas de citoyens pour mettre la pression sur les élus, on continuera toujours à avoir des problèmes au quotidien de transport, d’eau, de sécurité… Vous ne pouvez pas rester à l’écart et laisser faire. Il faut pousser les élus à travailler. D’ailleurs, beaucoup d’entre eux veulent coopérer avec les citoyens, c’est pour cela qu’on préconise le contact avec les élus.

Quel avenir prévoyez-vous pour le mouvement ? Est-ce qu’il va se transformer un jour en parti politique ?
Le Mouvement ne sera jamais un parti politique. Je veux juste que les citoyens deviennent citoyens. Il est très facile de créer un parti politique, mais ce à quoi je m’attaque est le plus dur. D’ailleurs, un nouveau parti politique ne serait pas la réponse aux besoins de changement, la solution est de qualifier et travailler la demande, l’offre s’améliore automatiquement.

Quels sont vos projets pour l’avenir ?
J’ai envie d’écrire un roman. J’ai trouvé l’exercice sympathique et j’ai envie de renouveler l’expérience.

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