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«Le retour progressif des sacs en plastique déçoit la profession»

Après le rush qu’a connu le marché du papier pour emballage entre juillet et novembre 2016 suite à l’application de la loi 77-15 pour l’éradication des sacs plastiques, la Fifage (Fédération des industries forestières, des arts graphiques et de l'emballage) a constaté le retour progressif des sacs plastiques malgré les efforts déployés par les ministères concernés. Une situation qui inquiète la profession et sape son moral.

«Le retour progressif des sacs en plastique déçoit la profession»

Le Matin Éco : Comment se porte le marché du papier et de l’emballage
au Maroc ?
Mounir El Bari : Comme vous le savez, le marché de l’emballage en papier-carton est lié directement à la croissance du PIB d’un pays. La croissance du Maroc, ces deux dernières années, n'a pas dépassé les 2% (PIB non agricole). Résultat : la croissance de la filière papier-carton est restée dans cette proportion. Le secteur a connu plusieurs mouvements. Dans l’industrie du papier impression écriture (IE), nous avons enregistré un changement dans le tour de table de Med Paper et l’annulation de la clause de sauvegarde sur le papier IE importé du Portugal. Dans le papier pour emballage et après le rush qu’a connu le marché entre juillet et novembre 2016 suite à l’application de la loi 77-15 pour l’éradication des sacs plastiques, nous avons constaté le retour progressif de ces sacs malgré le grand effort déployé par les ministères concernés. Pour ce qui est du papier tissus, nous avons au Maroc deux opérateurs qui se partagent le marché de l’importation, mais la croissance n’est pas au rendez-vous du fait du non-décollage du tourisme dans le pays. La consommation du papier tous types confondus ne dépasse pas les 650.000 tonnes par an, soit quelque 18,5 kg/an/habitant, contre 150 kg dans les pays européens ou encore 250 aux États-Unis.

Dans son plan stratégique, la Fifage comptait développer le processus de recyclage pour faire face à la fluctuation des prix des matières premières sur le marché international. Où en êtes-vous dans ce chantier ?
La Fifage a toujours milité pour organiser et développer le secteur de collecte et de ramassage du papier-carton. La Fédération a incité plusieurs groupes à investir dans des centres de ramassage. Nous organisons tous les deux ans «la journée nationale de collecte et de ramassage des vieux papiers et cartons». Aussi, nous avons signé une convention avec 3 ministères en octobre 2015 afin de promouvoir le secteur du ramassage. La Fifage a aussi réalisé un film sur le recyclage du papier-carton au Maroc afin de vulgariser l’activité et de donner des idées aux jeunes entrepreneurs pour investir. Par ailleurs, depuis le début de l’année et suite à une pénurie de papier et de vieux papiers à l’échelle internationale, l’exportation des vieux papiers s'est accentuée et a mis les sociétés du secteur en difficulté. La Fifage a ainsi saisi la tutelle afin de prévoir un décret interdisant l’export des vieux papiers et cartons. Cette décision ratifiée par le ministère de l’Industrie n’a toujours pas vu le jour. Ce retard a ouvert l’appétit aux exportateurs et a mis à mal les sociétés marocaines qui ont ralenti leurs productions par manque de matières ramassées.

Quelles sont les véritables contraintes au développement du secteur ?
Plusieurs facteurs retardent le développement du secteur. D’abord, le marché est étroit à cause de la faible consommation du pays et du faible nombre de touristes. À cela s’ajoutent l’investissement très capitalistique et l’absence de forêt avec une bonne qualité fibreuse, hormis l’eucalyptus qui donne une très bonne fibre courte. Le secteur est également énergivore. Ce qui plombe la compétitivité des sociétés marocaines et profite aux importations, sans oublier l’absence totale d’une formation dédiée à ce métier au Maroc. Je dois signaler en outre l’implication timide des collectivités locales pour la valorisation des déchets collectés. C’est d’ailleurs un grand gisement dans toutes les villes qui pourrait créer beaucoup d’emplois verts grâce à la valorisation. Enfin, il est important de préciser que les délais de paiement défient toute concurrence et les taux de financement des banques marocaines sont toujours trop chers par rapport à ceux des européennes. 

Propos recueillis par S.N.

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