Menu
Search
Jeudi 28 Mars 2024
S'abonner
close
Accueil next Fête du Trône 2006

«Les centres de transfusion sanguine disposent de 5.200 poches de sangs couvrant 7 jours seulement»

«Les centres de transfusion sanguine disposent de 5.200 poches  de sangs couvrant 7 jours seulement»
Mohamed Benajiba.

Chacun de nous pourrait avoir besoin du sang des autres. Personne n’est à l’abri. Chaque jour, des situations surviennent et font que seule une transfusion sanguine peut sauver la vie à une personne en détresse. Accidentés de la route, leucémiques, hémophiles… les personnes dont la survie dépend de notre générosité sont nombreuses. Au Maroc, la culture de don du sang n’est pas encore très répandue. Certes, les gens sont conscients de l’importance de ce geste, mais ils ne se bousculent pas au portillon des centres de transfusion sanguine. Au 8 juin dernier, les hôpitaux du Royaume ne disposaient que de 5.260 poches de sang, ce qui correspondait à une consommation théorique de 7 jours, souligne Mohamed Benajiba, directeur du Centre national de transfusion sanguine.
Pour parer à tout déficit éventuel, le ministère de la Santé a élaboré une stratégie 2012-2017 visant la promotion du don du sang. Cette stratégie se fixe comme objectifs l’augmentation annuelle des dons de 4%, l’atteinte de 100% de dons volontaires à partir de 2018 et la fidélisation des donneurs. L’idée est d’atteindre un taux de 80% de donneurs réguliers fin 2021. Pour concrétiser ces objectifs, la stratégie préconise de définir une politique nationale en termes de promotion avec la mise en place d’une nouvelle organisation permettant la déclinaison de cette politique.

Le Matin : Quel est l’état des lieux du stock national de sang ?
Mohamed Benajiba : Le 8 juin, nous disposions de 5.260 poches de sang, ce qui correspondait à une consommation théorique de 7 jours. Mais il est bon de rappeler que l’état des stocks des produits sanguins varie chaque jour en fonction de l’état de consommation de ces produits, d’une part, et de la durée de conservation de ces produits qui pour certains ne dépasse pas 5 jours, d’autre part. C’est pour ces raisons qu’on trouve les niveaux de stock les plus bas au niveau des centres de transfusion des grandes villes et ceux qui disposent des CHU. À titre d’exemple, le centre régional de Casablanca disposait, vendredi dernier, d’un stock de 4 jours et celui de Rabat de 5 jours.

Quels sont les groupes sanguins qui connaissent un déficit ?
Ce sont généralement les groupes négatifs qui sont les plus rares. Mais encore une fois, ceci est très variable en fonction des journées et de l’état de consommation des produits sanguins. Cela veut dire que la gestion des stocks nécessite une vigilance accrue pour pouvoir maintenir un état de stock satisfaisant et répondant aux besoins. Le sang critique qui doit être toujours disponible est celui du groupe O positif. Un malade O positif ne peut être transfusé que par le O positif, alors que pour les autres groupes, nous avons toujours des alternatives.

Les centres de transfusion sanguine se sont-ils préparés pour la période estivale ?
Chaque année, nous préparons un plan de promotion et un autre pour les collectes de sang pour répondre aux demandes en produits sanguins. Car le problème réside dans la disponibilité des donneurs. Pendant les vacances, les donneurs ne sont pas disponibles. Il y a quelques années, nous avons commencé à suivre les donneurs dans leurs lieux de vacances, par exemple en organisant des collectes au niveau des villes côtières et des zones estivales. Ce qui nous a permis de constater une augmentation du nombre des dons de sang au niveau de ces sites. Ainsi, nous réfléchissons à mettre en place la logistique nécessaire pour généraliser cette action au niveau national.

Comment expliquez-vous la croissance des demandes pendant l’été ?
La croissance des demandes de sang en été est due, d’une part, aux accidents de la route, vu les déplacements importants des citoyens durant cette période. Et d’autre part, l’augmentation des actes chirurgicaux dans le secteur privé. Plusieurs malades qui ont des indications d’actes chirurgicaux préfèrent être opérés pendant les vacances.

Les Marocains sont-ils des donneurs de sang ?
Oui, les donneurs de sang constituent un pourcentage non négligeable. D’autant plus qu’un nombre important de citoyens sont convaincus de l’importance de l’acte. C'est là le résultat du grand effort qui a été réalisé dans la promotion du don de sang, depuis la première campagne de dons en 2013. Pour une émission de télé, 40% des citoyens questionnés ont exprimé leur souhait de donner du sang. Le problème est toujours la disponibilité pour passer à l’acte et qui est d’ailleurs un problème mondial. La solution réside, par conséquent, dans l’adaptation des conditions de collecte à celles des donneurs. Dans de nombreux pays développés, les équipes de collecte se déplacent vers les donneurs de sang et préconisent des horaires de prélèvement au-delà de 16 h et pendant les week-ends.

Quelle est la moyenne journalière de donneurs ?
La moyenne nationale des dons de sang est de 950 par jour. Durant la campagne actuelle du mois du Ramadan, et jusqu’au vendredi 8 juin 2017, nous sommes pratiquement à quelque 1.000 dons par jour.

Le Maroc s’est fixé comme ambition de réaliser 100% de dons de sang volontaires à fin 2016. Est-ce qu’il a pu atteindre cet objectif ?
Non, malheureusement. À fin 2016, on était à 96% de dons volontaires. Il reste encore 4% de don de compensation ou encore appelé don de famille des malades transfusés.

Quelle évaluation peut-on faire du système de transfusion sanguine national ?
En tant que directeur du Centre national de transfusion sanguine et d’hématologie et également en tant que personne experte ayant travaillé plus 20 ans dans le système, je peux dire que la transfusion marocaine est actuellement considérée comme un système qui a bien fonctionné et qui nous a permis, en particulier, d’acquérir les compétences nécessaires pour garantir des prestations de qualité. Le centre de transfusion de Rabat a été certifié ISO 9001 en 2015. Nous travaillons actuellement sur un projet de certification de tous les centres d’ici fin 2021. Nous avons déjà 5 centres de transfusion sanguine qui sont accrédités par un organisme international pour la fabrication des médicaments issus du sang. Cependant, j’estime qu’il est temps que notre système se développe et évolue vers le modèle des pays développés, surtout en termes de gestion financière.

Quels sont vos plans d’action et votre ambition pour 2017 ?
Pour résumer, mes ambitions en 2017 portent sur l’auto-insuffisance nationale en produits sanguins labiles et stables, la garantie de la sécurité transfusionnelle, le développement des technologies de qualification des dons de sang et celles relatives à la thérapie cellulaire.

Lisez nos e-Papers