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Les bons réflexes avant d'annoncer une mauvaise nouvelle

Licenciement, dégradation, sanction… ce n’est jamais évident d’annoncer une mauvaise nouvelle à un collaborateur, mais tôt ou tard vous devez le faire. Pour relever ce défi, il faut préparer son environnement, trouver la meilleure manière de s’exprimer et surtout être capable de décoder les émotions de l’autre et l’aider à les gérer. «C’est dire qu’il faut, dans ce genre de situation, être un manager coach», suggère Meryem Benslimane, consultante en développement des compétences et en ressources humaines.

Les bons réflexes avant d'annoncer  une mauvaise nouvelle
La personne qui reçoit une mauvaise nouvelle responsabilise l’autre, d’où colère et frustration.

Éco-Conseil : Comment annoncer une mauvaise nouvelle à un membre de son équipe ?
Meryem Benslimane :
Une mauvaise nouvelle, c’est toujours stressant aussi bien pour celui qui l’annonce que celui qui la reçoit. C’est stressant aussi pour les personnes qui y sont impliquées. En milieu de travail, on est souvent amené à gérer ce type de situation. La dégradation d’un collègue, la mise à pied ou encore le licenciement sont des informations qui ne peuvent pas être cachées, on doit les annoncer tôt ou tard. Maintenant, il va falloir apprendre à bien les annoncer, non seulement pour gérer le stress de la personne concernée, mais surtout pour éviter les répercussions néfastes que cela peut avoir sur l’ensemble du personnel. Pour répondre à votre question, je dirai qu’il faut avant tout préparer l’environnement et choisir la meilleure manière de le faire. Cela revient, entre autres, à envisager une réunion et un cadre adéquat. Aussi, il va falloir gérer ses propres émotions et les émotions de l’autre, sans pour autant se sentir coupable.
Bien sûr, on ne peut pas ne pas avoir de l’empathie pour la personne qui subit un licenciement, mais c’est une décision qui a été prise par la direction et on ne fait que l’annoncer. C’est dire qu’il faut, dans ce genre de situation, être le manager-coach. 

Que faut-il prendre en considération dans cette démarche ?
Lors de cette démarche, il faut prendre en considération surtout les distorsions cognitives et les biais causés par notre mental, à savoir :
• Premièrement la généralisation : Le cerveau a tendance à généraliser, surtout tout ce qui est négatif. On remarque ainsi que la personne qui reçoit une mauvaise nouvelle, dramatise la situation et risque de s’enfermer dans une bulle négative tout en croyant qu’elle n’a rien réussi dans sa vie. Il faut vraiment prendre ce facteur en considération pour bien gérer la situation.
• Deuxièmement, l’omission. À titre d’exemple, lors d’un licenciement économique, la personne se concentre sur le licenciement en lui-même et oublie que c’est une force majeure. 
• Troisième biais, la distorsion : Un facteur qui fait que la personne qui reçoit une mauvaise nouvelle responsabilise l’autre d’où les émotions de colère et de frustration. 

Y a-t-il des astuces qui peuvent aider le manager à bien gérer cette situation ?
Pour le manager, la meilleure technique c’est de se dissocier émotionnelle. Il doit avant tout travailler sur lui-même pour pouvoir adopter la bonne posture. Comme j’ai déjà expliqué, il ne doit surtout pas se sentir coupable, mais il doit tout de même expliquer cette décision. Il doit la justifier pour ne pas laisser place au doute et aux rumeurs. Lorsque c’est le manager lui-même qui doit prendre cette décision, il peut pratiquer la technique de l’arbre de décision qui consiste à se poser la question «qu’est-ce que je vais gagner à prendre cette décision et qu’est-ce que je perds ?» De plus, avant de prendre une décision radicale comme la dégradation, il est nécessaire de coacher la personne en déterminant ses blocages avant de la sanctionner. Le manager étant un manager-coach doit être au service de ses collaborateurs. 

Par quels moyens peut-on aider le collaborateur à gérer sa colère et à accepter cette nouvelle ?
Pour aider le collaborateur à mieux gérer la colère, je propose une des techniques, la méthode DESC (Décrire, Exprimer, Spécifier et Conséquences) : tout d'abord, l’inviter à décrire la situation comme il la perçoit. La colère et la frustration sont des émotions normales à exprimer pour passer du déni de la situation à l’acceptation. Puis, on peut suggérer des solutions pour qu’il puisse passer à l’action en évitant de commettre la même erreur dans le futur. Toutefois, certaines erreurs doivent être évitées dans le processus de gestion d’une mauvaise nouvelle. Dans ce sens, il ne faut pas s’attarder à annoncer la mauvaise nouvelle pour éviter toute sorte de rumeurs en interne. Il ne faut surtout pas qu’un collaborateur apprenne des autres qu’il va être dégradé ou qu’il va changer d’équipe. Mieux vaut qu’il l’apprenne de vous-même et que vous lui donniez les explications possibles. Il faut aussi éviter d’annoncer la mauvaise nouvelle devant tout le monde. L’idéal c’est que le manager soit en tête-à-tête avec la personne concernée et qu’il prépare son discours à l’avance. 
Rappelons que si du point de vue du manager, la décision est stratégique, pour le collaborateur c’est peut être un accident de parcours. Il faut 
donc l’écouter et le comprendre. Il faut aussi lui rappeler que cet événement peut être l’occasion de changer et de progresser. 

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