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Comment concilier le stratégique et l'opérationnel

La pérennité est l’un des défis partagés par toutes les entreprises, quels que soient leurs tailles, leurs métiers ou leurs secteurs d’activités. Pour répondre à cette préoccupation constante, les entreprises gagneraient à cultiver un système de management ambidextre, pour gérer simultanément le quotidien et l’avenir, et résilient, pour renforcer leur capacité à revenir, suite à une contre-performance, à un profil de plénitude et de progrès. Hassan Chagar, docteur en sciences de gestion et actif dans le domaine de la recherche et de l’enseignement en management, nous expose son point de vue sur la question.

Comment concilier le stratégique et l'opérationnel
Le management de la connaissance est un support indéfectible du style ambidextre et renforce la complémentarité recherchée entre la gestion performante du quotidien et la préparation intelligente de l’avenir.

Éco-Conseil : Comment définir l’ambidextrie en management ?
Hassan Chagar : L’ambidextrie représente, chez une personne, la faculté d’utiliser avec la même aisance et maitrise ses deux mains. Cette qualité renvoie aux spécificités des rôles de nos hémisphères gauche et droit qui, du point de vue neurologique, traduisent respectivement le souci de l’avenir et la préoccupation de l’instant présent. Par analogie, pour les entreprises, les organisations ambidextres sont celles qui sont structurées autour d’un système de management capable de gérer le quotidien, pour assurer l’efficacité opérationnelle, et aussi tourné vers l’avenir, pour définir un cap et décliner les ambitions stratégiques.
Un système de management ambidextre est constamment dans ces deux postures antagonistes, mais complémentaires, qui cherchent d’une part à être productives et honorer les engagements à l’égard des différentes parties prenantes, et d’autre part à cerner les évolutions de l’environnement et les tendances de ses facteurs sur les plans politique, économique, social, technologique, écologique et légal. Cette double conscience permet de donner un sens aux activités opérationnelles et à leurs finalités et de leur donner ipso facto la portée stratégique idoine. Le grand défi est d’assurer un équilibre entre ces deux temps : l’instant présent et le moment futur.

Un focus exagéré sur le futur peut engendrer un sentiment d’attente au sein de l’organisation et parfois une démotivation chez les collaborateurs, et ce à cause de la peur du devenir de leurs postes. C’est ce que nous constatons au niveau des entreprises quand le projet de redéfinition d’une stratégie prend plus de temps ou quand les choix stratégiques ne sont pas clairement tranchés par la gouvernance. Un focus limité au volet opérationnel ne met pas à l’abri l’entreprise des influences d’un environnement de plus en plus VICA (volatil, incertain, complexe et ambigu). Des influences qui peuvent compromettre sa performance et lui soustraire de la valeur. Les managers qui opèrent selon une logique de «live from hand to mouth» et qui ne se donnent pas le temps pour apprécier le niveau de performance réalisé et le potentiel de développement de leurs entreprises risquent d’investir les équipes dans des efforts inutiles et une utilisation inappropriée des ressources. Il est alors judicieux pour toutes les organisations de trouver l’équilibre adapté pour répartir leurs temps de management entre le processus de décision stratégique et les processus de gestion opérationnelle.

Selon des experts en management, l'ambidextrie dépend aussi de la capacité de l'organisation à synthétiser les connaissances internes et externes, êtes-vous du même avis ?
Effectivement, la connaissance est à la fois le reflet du retour d’expérience de l’entreprise et du capital stratégique qui peut proposer de nouvelles perspectives stratégiques. La connaissance, qu’elle soit tacite ou explicite, naturelle ou codifiée, interne ou externe est la véritable ressource des organisations pérennes. Des connaissances bien identifiées et bien qualifiées permettent d’optimiser la mise en œuvre des stratégies décidées et le déploiement des processus. Un bon management des connaissances (knowledge management) favorise le partage des bonnes et des mauvaises pratiques pour faire des expériences réussies une source de motivation et des expériences qui ont échoué de vraies occasions d’apprentissage. Il permet de facto de niveler les compétences des acteurs de l’organisation et l’amélioration de leur productivité.

Le management de la connaissance serait, in fine, un support indéfectible
du style ambidextre...
Une fois les connaissances cartographiées, le knowledge management permet aussi de repérer les connaissances stratégiques qui représentent les compétences distinctives de l’entreprise par rapport à ses concurrents.

Le développement des stratégies novatrices capitalise souvent sur les compétences distinctives pour créer de nouvelles opportunités et transformer dans le marché la structure de l’offre et même de la demande.

Le management de la connaissance est, in fine, un support indéfectible du style ambidextre et renforce la complémentarité recherchée entre la gestion performante du quotidien et la préparation intelligente de l’avenir. 

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