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Les créations d’emploi concentrées dans les secteurs à faible productivité

Le marché du travail marocain ne parvient pas à en finir avec ses vieilles distorsions. Il reste plombé notamment par une faiblesse de la création d'emplois, une intégration insuffisante des jeunes et des femmes et un faible niveau de qualité des emplois, avec une prépondérance de l’informalité. C’est la quintessence d’une étude sur le marché du travail signée Haut Commissariat au Plan (HCP) et Banque mondiale.

Les créations d’emploi concentrées dans les secteurs à faible productivité

Le marché du travail marocain continue à trainer des déficiences structurelles. Il reste, en effet, marqué notamment par une faiblesse de la création d'emplois, un manque d’inclusion, n’intégrant pas suffisamment les jeunes et les femmes et présente un niveau faible de qualité des emplois, avec la prépondérance de l’informalité. C’est en gros ce que l’on peut retenir d’une étude sur le marché du travail qui vient d’être publiée par le Haut Commissariat au Plan (HCP) et la Banque mondiale (BM).
Il en ressort, en effet, que le taux d’activité au Maroc est en baisse et son niveau est faible, notamment en comparaison avec des pays à revenu intermédiaire de tranche inférieure. Ainsi, entre les années 2000 et 2014, la population en âge de travailler s’est renforcée de 383.000 personnes en moyenne par an, 173.000 de sexe masculin et 210.000 de sexe féminin. Par contre, la population active âgée de 15 ans et plus n’a progressé que de 115.000 personnes, 81.000 de sexe masculin et 34.000 de sexe féminin. Ce qui s’est traduit par une détérioration du taux d’activité sur la période, passant de 54,5% en 1999 à 46,4% en 2016. «Particulièrement rapide et négative», cette évolution ne permet donc pas au Royaume de se rapprocher des pays à revenus similaires ou plus avancés, ont souligné les auteurs de cette étude, notant que les pays de la région ont des taux comparables.
Cette faiblesse relative de la participation au marché du travail est attribuée essentiellement à l’exclusion des femmes. Leur taux d’activité est en effet «très faible», tandis que celui des hommes est comparable aux pays les plus avancés, relève l’étude qui indique que moins d’un quart (23,6%) des femmes sont aujourd’hui actives sur le marché du travail, en repli par rapport à 1999 (30,4%). Ce niveau est encore faible dans les villes, puisque seuls 16,6% des femmes urbaines sont actives en 2016. Ce qui place le Maroc en deçà de la moyenne des pays à revenu intermédiaire de tranche inférieure, dont le taux d’activité des femmes est d’environ 39%, contre 57% dans les pays à revenu intermédiaire de tranche supérieure. 
Le marché du travail est également impacté négativement par le faible niveau d’éducation de la population. En effet, seulement 5% des actifs occupés en 2015 détenaient un diplôme du supérieur, relève l’étude qui note qu’entre 2000 et 2015, la part des actifs de 25 à 34 ans sans diplôme a baissé, passant de 34% à 22,8% globalement et de 39,2% à 13,3% pour les 15-24 ans. Cependant, nuance l’étude, «le point de départ est bas et le rythme d’évolution trop lent, empêchant la réalisation d’un changement structurel d’ampleur».
L’étude signée HCP et BM et intitulée «Marché du travail au Maroc : Défis et opportunités» montre, par ailleurs, que la baisse du taux d’activité est en partie liée au recul de la participation des jeunes de 15 à 24 ans, passée de 45,8% en 2000 à 32,2% en 2014. 
Le reste des jeunes qui ne sont ni en emploi, ni en éducation, ni en formation (NEET), soit 27,9% des 15-24 ans au niveau national, représente 1,73 million de Marocains, indique l’étude. Ce phénomène a reculé d’environ 8 points depuis 1999, année où il représentait 35,7% des 15-24 ans, sous l’effet essentiellement d’une amélioration du taux de scolarisation. À noter que les NEET sont constitués à 45,1% des jeunes femmes et 11,4% des jeunes hommes.

L’étude fait aussi ressortir que la création d’emploi a favorisé les citadins et les adultes âgés. Avec une création annuelle moyenne de 129.000 postes d’emploi, le volume d’emplois au Maroc est passé de 8,845 à 10,646 millions de postes entre les années 2000 et 2014. Ainsi, sur les 1,801 million d’emplois créés au niveau national, 1,283 million l’ont été en milieu urbain (71% du total des emplois créés) contre 518.000 (29%) en milieu rural. Les actifs de sexe masculin ont le plus bénéficié de ces nouvelles créations avec 94.000 emplois annuellement (73%) contre 35.000 pour les femmes (27%). Les bénéficiaires de ces nouvelles créations sont principalement les adultes âgés de 40 à 59 ans avec 100.000 emplois annuellement et ceux âgés de 30 à 39 ans (50.000). Par contre, les jeunes de 15 à 29 ans ont perdu annuellement 25.000 emplois, une perte attribuée essentiellement aux efforts d’élargissement de la scolarisation et au prolongement de la durée de scolarité.  S’agissant de la prépondérance de l’informalité, ce travail conjoint indique qu’en 2015, près de 80% des actifs occupés exerçaient un emploi informel. Certes la situation s’améliore depuis le début des années 2000 (le taux d’informalité était alors de 86,8%), toutefois, l’évolution est lente, indiquent les auteurs qui relèvent que près de huit actifs occupés sur dix (79,4%) ne bénéficient pas de couverture médicale, 94% en milieu rural et 65,2% en milieu urbain. 

En outre, les deux institutions pointent encore du doigt l’inefficacité de l’investissement (qui est de l’ordre de 32% du PIB en 2016), notamment public, avec des gains de productivité faibles. 
Ainsi, expliquent-elles, les créations d’emploi se sont concentrées dans les secteurs à faibles gains de productivité. Ainsi, entre 2000 et 2014, l’économie marocaine a généré environ 1,66 million d’emplois en dehors du secteur de l’agriculture et plus d’un tiers de ces postes (570.000) ont été créés dans deux secteurs seulement : la construction et l’hôtellerie-restauration.  
 

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