Menu
Search
Mardi 23 Avril 2024
S'abonner
close
Mardi 23 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Naissance de SAR Lalla Khadija

Fluidifier la circulation dans nos centres urbains

No Image

Voilà certainement ce dont rêvent, chaque jour, nombre de nos concitoyens au volant de leurs véhicules, coincés dans des files interminables et pas seulement aux heures de pointe ! Il est vrai que le parc automobile marocain est en pleine progression et les autorités en ont pleinement conscience. Nous ne pouvons que saluer les efforts colossaux entrepris depuis quelques années par les collectivités locales et les conseils régionaux, pour résoudre le problème de la congestion du trafic automobile et plus particulièrement, ceux qui consistent à construire des ponts, des tunnels ou des trémies.

Ces ouvrages d’art sont des infrastructures nécessaires et pérennes qui faciliteront la circulation, comme pour la traversée de Tanger ou de Rabat. L’ouverture de nouvelles voies et leur élargissement, le branchement vers les rocades ou les autoroutes sont autant de solutions heureuses. D’autres efforts ont consisté à réorganiser les flux notamment dans les centres-villes, en imposant un sens unique dans plusieurs boulevards et rues, comme à Casablanca (Bd Lalla Yacout et Bd de Paris, par exemple) et à réserver une voie aux taxis et autobus, même si cette dernière mesure n’est malheureusement pas toujours correctement exploitée.

Cependant, il existe une solution beaucoup moins coûteuse, facile à mettre en place et qui serait valable pour pratiquement tous les croisements des grandes artères de nos villes, dans lesquels la circulation est réglée au moyen de feux de signalisation. Elle consiste à donner l’accès, à tour de rôle, à chaque branche (ou direction) à part et non pas simultanément aux deux branches opposées. Les deux schémas ci-après montrent les phases 1 et 2 de cette organisation et le lecteur devinera aisément, en poursuivant dans le sens des aiguilles d’une montre, le déroulement des phases suivantes 3 et 4, pour cet exemple de croisement de 2 artères.

En effet, n’importe quel observateur des «points noirs» de la circulation à Casablanca par exemple, vous dira qu’une bonne partie de la congestion et de la perte de temps provient du fait que les véhicules venant d’une direction et devant tourner au rond-point pour s’engager dans l’artère perpendiculaire, restent bloqués en attendant le passage des automobiles venant en sens inverse, et vice-versa ! En donnant l’accès à une seule direction à la fois, et très important, le tour de rôle étant accompli dans le sens des aiguilles d’une montre, non seulement on gagnerait un temps considérable dans le trafic automobile, mais en plus, il ne serait plus nécessaire d’interdire aux véhicules de tourner à gauche dans certains croisements. Sans parler de la diminution du stress chez les conducteurs – et les agents de la circulation – de la réduction des klaxons intempestifs…

Bien entendu, cette solution n’irait pas sans quelques aménagements. Ainsi, le changement éventuel des «boîtes» servant au réglage des feux de signalisation serait un investissement nécessaire, mais très peu onéreux. De même, si des tranchées devaient être creusées pour déployer des câbles entre ces boîtes et les feux correspondants, elles ne devraient pas nécessiter plus d’efforts qu’il n’en faut pour faire passer la fibre optique dans les quartiers de nos villes. En outre, une étude plus poussée des flux devrait déterminer le temps optimal à allouer à chaque direction en prenant en considération également les connexions entre deux croisements consécutifs sur la même artère.

Nous comprenons aisément que ce n’est pas là la solution miracle, mais elle offre du moins l’avantage d’être facilement et rapidement réalisable techniquement et à moindre coût. 
Bien sûr, plusieurs mesures d’accompagnement doivent être mises en place pour rendre efficace la gestion du trafic automobile dans nos centres urbains. Il s’agit entre autres de l’utilisation de plus en plus systématique de la surveillance vidéo, de la révision des plans d’aménagement pour inclure plus de parkings, voire d’une incitation fiscale pour les immeubles transformés ou construits en parkings, etc. Dans cette optique, d’ailleurs, nous saluons vivement la réalisation du parking souterrain sur la corniche de Tanger, qui peut être à juste titre, considéré comme un modèle à suivre.

Il n’en reste pas moins que le comportement des usagers de la route demeurera toujours un élément prépondérant dans le succès de cette fluidification de la circulation. Ainsi, on observe trop souvent, par exemple, qu’à l’arrêt devant un feu de signalisation, certains automobilistes placent leur véhicule à cheval sur deux voies alors que trois voies sont tracées sur la route. Ceci a évidemment pour effet d’allonger la file d’attente. Très souvent aussi, des taxis s’arrêtent en plein milieu de la chaussée, pour prendre un passager – ou en faire descendre un – au mépris de toute règle de sécurité et de bonne conduite. 

De même, beaucoup de piétons insistent pour traverser malgré la priorité donnée par le feu de signalisation aux véhicules. Ces comportements fâcheux, et bien d’autres, devraient être répertoriés et dénoncés, dans un effort pédagogique et constructif, par les départements intéressés comme celui en charge de la politique de la ville, ou encore le ministère des Transports, dans le cadre d’une campagne de communication, à l’instar des messages délivrés par le CNPAC (Comité national de Prévention des Accidents de la Circulation) sur le respect des passages piétons. Rappelons ici, comme vous le diront tous les spécialistes de la communication, que la télévision possède un pouvoir de persuasion incalculable et qu’elle doit absolument jouer pleinement son rôle dans l’éducation du citoyen.


*Mounir Abassi Chraibi, docteur ès Sciences de gestion de l'Université des sciences sociales de Grenoble (juin 1981), ancien professeur de Marketing et d’informatique à l'Institut supérieur international du tourisme de Tanger jusqu'en 1988, est co-auteur du premier livre d'informatique écrit par des Marocains (1984). Fondateur de la première business school au nord du Royaume, il y a exercé les fonctions de directeur général et directeur pédagogique et a participé de manière très active au rayonnement du tissu associatif, ayant occupé durant 15 années la fonction de vice-président de l'Union régionale Nord du patronat marocain. Il a rejoint l'ESCA École de Management en juillet 2016 en qualité de directeur académique.

 

Lisez nos e-Papers